Histoire de grand chelem - 1998, les débuts d'un capitaine

  • Tournoi des 6 Nations - 1998, les débuts d'un capitaine (Raphaël Ibanez)
    Tournoi des 6 Nations - 1998, les débuts d'un capitaine (Raphaël Ibanez)
  • Tournoi des 6 Nations - Thomas Lièvremont (France) lors du match face au pays de Galles
    Tournoi des 6 Nations - Thomas Lièvremont (France) lors du match face au pays de Galles
Publié le Mis à jour
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TOURNOI DES 6 NATIONS - Le sixième Grand Chelem fut l’un des plus impériaux. On pensait alors que le Tournoi serait dominé largement par le couple franco-anglais. Chez les Bleus débutait un capitaine sans grande expérience : un certain Raphaël Ibanez.

De ce grand chelem on garde bien sûr l’image du capitaine, un nouveau, Raphaël Ibanez. Il n’avait que très peu de sélections quand il fut intronisé juste après que la France eut été écrasée par les Springboks au parc des Princes. Le duo Skréla et Villepreux prenait un risque avec un pilote aussi novice. Personne ne pouvait prévoir qu'il était à l’aube d’un destin exceptionnel.

Pour son coup d’essai, ce fut un coup de maître. La France s’imposa d’entrée face à l’Angleterre dans un match historique puisqu’il se déroula au Stade de France, nouvelle enceinte de l’équipe nationale. Les rugbymens y triomphèrent donc avant leurs cousins du football. De ce match inaugural subsiste aussi une autre figure, celle du petit ailier Christophe Dominici auteur d’un essai pour sa toute première sélection.

Pour la première fois, le XV de France réussit deux grands chelems consécutifs. Une performance qui semblait impossible trente ans auparavant. On se souvient aussi que tout le monde pensait que le Tournoi était en perte de vitesse et qu’il se résumerait à un mano a mano entre la France et l’Angleterre et que les pays celtes seraient cantonnés à des rôles secondaires.

C’est vrai que la France se promena face aux Irlandais, aux Ecossais et surtout aux Gallois dans un match colossal. En fait, colossal pour les Bleus, vainqueurs 51 à 0 sur la pelouse de Wembley car le stade de Cardiff était en travaux. Jamais les français ne s’étaient imposés aussi largement dans le Tournoi. Cet après midi euphorique fut l’apogée de la carrière de Thomas Castaignède, joyau du french flair, mais aussi un moment de grâce de l’arrière Jean-Luc Sadourny et pour Olivier Magne, troisième ligne voltigeur. La presse britannique rivalisa de superlatif à son endroit.

À Wembley, l’apothéose

Fabien Pelous confiait récemment à Rugbyrama : "C'était l'apothéose, contre une équipe galloise un peu moribonde. C'était vraiment marquant, en termes d'émotion bien sûr car c'était un deuxième grand chelem dans ce contexte d'une génération qui construisait son histoire. Et ça l'était en termes de jeu et de création sur le terrain parce qu'on avait marqué plus de cinquante points, que notre rugby avait été très abouti. Oui, c'était vraiment une apothéose". Thomas Castaignède se confia aussi plus tard, dans Sud Ouest, sur cet après-midi qui serait le sommet d’une carrière ravagée par des blessures puis par les choix du futur sélectionneur : "J’avais failli ne pas jouer le match. La veille, je souffrais d’une petite contracture à un mollet, je n’étais pas bien. C’était peut-être psychologique. C’est souvent le cas quand le stress monte. Mais franchement, j’ai surtout ressenti cette victoire comme une performance de groupe. Moi, j’ai fini avec la frustration de ne pas avoir marqué d’essai. J’ai toujours été obnubilé par la ligne. C’est collectivement que nous avions été très bons. Ce jour-là, on a pris des risques qui ont payé, on a contre-attaqué de loin, tout s’est enchaîné. Ce qui était incroyable, c’est qu’à la fin, le public gallois nous soutenait, sous un soleil magnifique. C’était un moment magique."

Tournoi des 6 Nations - Thomas Lièvremont (France) lors du match face au pays de Galles
Tournoi des 6 Nations - Thomas Lièvremont (France) lors du match face au pays de Galles

Le Grand Chelem couronna aussi une fratrie, les Lièvremont, Marc et Thomas, trente ans après les Cambérabéro. Il permit aussi aux deux entraîneurs Jean-Claude Skréla et Pierre Villepreux de vivre leur troisième grand chelem, le deuxième comme technicien après en avoir vécu chacun un comme joueur.

Ce tournoi 1998 fut vécu comme un triomphe et une renaissance après l’humiliation de l’automne, on a tendance à penser qu’il préfigura le parcours qui aboutit à la finale de la coupe du Monde 1999. Pas vraiment, en fait car il fut suivi par une édition 99 très médiocre. Non, mieux vaut le prendr epour ce qu’il était, un moment béni du rugby français qui ne se suffisait finalement qu’à lui-même.

Jean-Marc Aué, six minutes pour l'éternité

Au delà des têtes d'affiche et des totems, dans un événement comme ça, on ressent une tendresse pour ceux qui se retrouvent sur le devant de la scène par surprise, presque par effraction (le mot est un peu sévère, c'est vrai). Pour nous ce Grand Chelem, c'est aussi celui de Jean-Marc Aué, une seule sélection comme remplaçant pour le dernier match face aux Gallois. Il était entré en théorie pour les arrêts de jeu, mais ils ont duré six minutes, peut-être plus...

Il déclara ensuite sur le site de la LNR : "La première chose qui m'a frappée, c'était le stade. Oui, on a eu la chance de jouer à Wembley car le stade de Cardiff était en travaux. Alors même si le stade est connu pour impressionner tous les footballeurs, j'étais émerveillé. Les vestiaires étaient très vieux, rustres, mais la pelouse et les tribunes étaient magnifiques. J'étais remplaçant. Je suis rentré dix minutes avant la fin du match (à la place de Christophe Lamaison, NDLR). A ce moment-là, quand l'arbitre s'approche de toi pour te dire que tu vas rentrer, tu penses à ta famille et tes amis. Tu es fier d'être là pour eux . J'étais plutôt satisfait de ce que j'avais réalisé. Ce n'est jamais facile de rentrer en fin de match, il faut immédiatement s'imprégner de ce qu'on a vu à l'échauffement. Mais j'ai eu le temps de plaquer à plusieurs reprises. Puis sur l'essai final de Xavier Garbajosa, j'ai quand même réussi à toucher trois fois le ballon. J'avais donc rempli ma mission. Sans compter qu'au moment où je fais une faute au sol sur un Gallois, une erreur que l'on peut justifier par un excès d'envie, je me fais marcher dessus. Stéphane Glas, en bon coéquipier vient me défendre, et prend un carton jaune à ma place. J'ai donc peu joué mais j'ai été très réactif."

Le groupe

Avants

Christian Califano, Franck Tournaire, Cédric Soulette, Marc Dal Maso, Raphaël Ibanez (cap).

Olivier Brouzet, Fabien Pelous, Thierry Cléda

Philippe Benetton, Olivier Magne, Thomas Lièvremont, Marc Lièvremont

Demis

Fabien Galthié, Philippe Carbonneau ; Thomas Castaignède, David Aucagne

Trois quarts

Stéphane Glas, Christophe Lamaison, Jean-Marc Aué, Christophe Dominici, Philippe Berant-Salles, Xavier Garbajosa, Jean-Luc Sadourny.

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