Histoire de grand chelem - 1981, la renaissance d’une grande nation de rugby

  • Tournoi des 6 Nations 1981 - Jean-Pierre Rives (XV de France)
    Tournoi des 6 Nations 1981 - Jean-Pierre Rives (XV de France)
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TOURNOI DES 6 NATIONS - En 1981, c’est une équipe de France en proie au doute qui se lance à la conquête du troisième grand chelem de son histoire.

Quelques éléments de contexte, d’abord. En ce 17 janvier 1981, au moment d’entrer sur la pelouse du Parc des Princes pour y affronter l'Écosse et lancer son Tournoi des 5 Nations, l’équipe de France n’est plus la machine implacable, froide et sûre d’elle de 1977. Les Français sortent d’un Tournoi 1980 d’une tristesse infinie (une seule victoire face à l’Irlande), ont été écrasés par les Boks et viennent d’être battus par la modeste Roumanie au mois de novembre précédent (15-0).

[SPÉCIAL GRAND CHELEM] 1️⃣9️⃣7⃣7️⃣ - Ce matin, on vous conte l'histoire d'une compétition où les Bleus n'ont fait aucun changement et n'ont pas encaissé le moindre essai ! https://t.co/0wNg4LGzmd

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A l’époque, il n’en faut pas plus pour que les Bleus perdent de leur superbe et soient catalogués comme une équipe de "seconde zone". En coulisse, tout part aussi à vau-l’eau. Les guerres intestines à la FFR font rage, Elie Pebeyre est écarté fin 1980 et Jacques Fouroux, qui a abandonné ses galons de demi de mêlée enfile la première casquette d’entraîneur-sélectionneur de l’histoire du rugby français Il se donne alors pour mission de replacer la France sur l’échiquier du rugby européen.

Pour y parvenir, le "petit Caporal" bâtit une équipe de soldats. Fait fi des clivages et de la bienséance qui sclérosent alors le rugby français. Il rappelle certains héros du grand chelem de 1977 (Imbernon, Rives, Paparamborde), fait confiance à deux "sans grade" qui jouent le maintien en championnat avec Graulhet (Laporte et Revallier), jette Berbizier et Blanco dans le grand bain du vieux Tournoi.

Le chef d’œuvre de Pardo à Twickenham

Cette épopée de 1981 bascule dans l’irrationnel après la victoire inaugurale contre l'Écosse, acquise dans la douleur mais de manière somme toute assez logique au vu de la physionomie du match, après deux essais de Gabernet et Blanco (son premier dans le Tournoi). Avant le déplacement en Irlande, l’ouvreur Bernard Viviès se blesse et c’est Guy Laporte, ouvreur de Graulhet qui est appelé au chevet des Bleus pour le remplacer au pied levé.

Touché au genou, Yoram Moefana doit déclarer forfait dans la dernière ligne droite. Un coup dur pour le staff tricolore qui perd son couteau suisse.https://t.co/1mw9OI7mp0

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Il ne lui faudra pas plus d’une poignée de secondes pour entrer dans la légende, en inscrivant un drop-goal venu de nulle part pour lancer idéalement les Bleus dans l’enfer de Lansdowne Road. Guy Laporte, tragiquement décédé en janvier dernier, aimait parler de la motivation instillée par Fouroux et de l’importance de ce premier "coup de pied tombé" : "Jacques Fouroux a su me remonter avant le match, par des mots simples. Après une causerie de Jacques, nous aurions pu nous jeter dans un ravin ! Ce drop-goal tenté et réussi après moins d’une minute de jeu m’a permis d’entrer dans mon match. Il m’a donné l’assurance nécessaire pour affronter le vent tourbillonnant et la furia irlandaise."

Laporte, sûr de lui, porte les Bleus en inscrivant au total deux drops-goals et deux pénalités. Pardo et Gabernet aplatissant chacun un essai, le XV de France l’emporte en Irlande, 19-13.

En suivant, les Bleus maîtrisent le pays de Galles à Paris, dans un match haché, où Serge Gabernet et Guy Laporte, encore eux, brillent particulièrement, inscrivant à eux deux les 19 points de la victoire bleue (un essai, deux pénalités pour Gabernet ; trois pénalités pour Laporte). Grâce à ce succès, les hommes de Fouroux s’offrent le droit de rêver à un troisième grand chelem, qui serait le premier de l’histoire des Bleus à être conquis en terres anglaises.

Premier épisode de nos Interviews de Légendes ! ?
Serge Blanco assure qu'"il y avait une part d'amour" nécéssaire pour faire le grand chelem en 1987 !

Pour lire l'entretien > https://t.co/gXePWpO6dB pic.twitter.com/Bs80FwDR1Q

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) March 15, 2022

Ce match final face à l’Angleterre restera comme un condensé de ce qu’était cette génération de 1981. Un juste mélange de vice, de talent et de finesse. Au cours d’une première mi-temps de rêve, conclue sur le score sans appel de 16 à 0, les coéquipiers de Jean-Pierre Rives inscrivent l’un des plus beaux essais de l’histoire du rugby français : percée de Rives, relais de Berbizier, deux feintes de corps, service parfait vers Laporte, passe sur un pas vers Bertranne qui transmet à Pardo.

La suite de l’action confine au sublime : Pardo trouve Codorniou, demi-tour contact et offrande à Pardo qui avait eu la lucidité de croiser sa course. Une certaine idée du rugby, un pur morceau de "french flair". Un essai splendide qui tranche avec la deuxième réalisation, du regretté Pierre Lacans, qui marque sans opposition après un coup de filou de Pierre Berbizier, qui joue vite une pénalité, beaucoup trop vite pour les Anglais. Malgré une pluie de pénalités en deuxième période permettant aux Anglais de recoller au score, les Bleus l’emportent 16-12. La bande à Fouroux a réussi sa mission. La France, au moins temporairement, fait à nouveau peur.

Les vingts Chelemards :

Avants : Dospital, Dintrans, Paparemborde ; Revallier, Imbernon ; Rives (cap.), Joinel, Carpentier, Lacans .

Arrières : Berbizier, Lafarge ; Viviès, Laporte ; Codorniou, Bertranne, Mesny ; Pardo, Blanco, Caussade ; Garbernet.

Les résultats :

France – Écosse : 16-9

Irlande – France : 13-19

France – pays de Galles : 19-15

Angleterre – France : 12-16

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