Interview de légendes - Blanco : en 1987, "Champ-Erbani-Rodriguez, c'était du feu"

  • Spécial Grand Chelem - Serge Blanco dans Interview de légendes
    Spécial Grand Chelem - Serge Blanco dans Interview de légendes
  • 6 Nations - Le France - Angleterre lors du grand chelem des Bleus en 1987
    6 Nations - Le France - Angleterre lors du grand chelem des Bleus en 1987
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TOURNOI DES 6 NATIONS 2022 - En 1987, Serge Blanco était le plus grand arrière du monde et le dernier rempart des Bleus. Pour nous, il exhume ses plus beaux souvenirs du grand chelem 1987 et parle de l'interception de Sella, d'un paquet d'avants terrifiant et des discours de Ferrasse. C'est à vous, Serge...

Quelles étaient les grandes forces de l'équipe de France de 1987, qui remporta le quatrième grand chelem de l'histoire des Bleus ?

Ses avants, sans discussion possible ! On avait une première ligne infernale avec Garuet, Ondarts et Dubroca. Une deuxième ligne Lorieux-Condom qui était complémentaire. Quant à la troisième-ligne Champ-Erbani-Rodriguez, c'était du feu. Il y avait de la force et de la taille, dans ce paquet d'avants. Ça nous permettait d'avoir à la fois des ballons en touche et en mêlée. Derrière un pack pareil, on se régalait...

Avec qui jouiez-vous, dans la ligne de trois-quarts ?

Charvet, Sella, Mesnel, Berbizier, Lagisquet, Bonneval, Camberabero, Lafond... Ça avait de la gueule, hein ? Mais en réalité, on ne faisait que récolter les fruits de cette extraordinaire conquête. En touche, les gros devaient ruser pour attraper les ballons. Il n'y avait pas les lifteurs à l'époque et quand tu ne te faisais pas tirer le maillot au moment du saut, tu prenais une mandale...

Dans cette campagne de 1987, quel match fut-il le plus dur des quatre ?

Le voyage à Twickenham, pour le deuxième match de la compétition (12-19). Les Anglais étaient extrêmement costauds à l'époque. Ils avaient le grand Wade Dolley, le terrible Peter Winterbottom et étaient je pense favoris de la compétition. Là-bas, on a pourtant fait un match magnifique après avoir été menés 9-0 en début de rencontre. Je me souviens d'un essai marqué par Erik Bonneval après une double croisée et une percée plein axe d'Eric Champ ; c'était sublime. Pour l'anecdote, Erik Bonneval avait d'ailleurs marqué contre chacun de nos trois adversaires, cette année-là !

Et quel fut l'essai le plus marquant de la compétition, selon vous ?

Je pense souvent à l'interception de Philippe Sella, justement réalisée face aux Anglais. Il allait à une telle vitesse... Les Anglais avaient beau essayer de lui courir après, ils étaient paumés... Puis quand il est arrivé face à l'arrière (Marcus Rose), il lui a fait un cadrage-débordement magnifique.

6 Nations - Le France - Angleterre lors du grand chelem des Bleus en 1987
6 Nations - Le France - Angleterre lors du grand chelem des Bleus en 1987

Vous avait-on mis la pression d'une manière ou d'une autre avant le début de la compétition ?

(il éclate de rire) La pression ? En ce temps-là, Albert Ferrasse (alors président de la FFR) débarquait au château Ricard et disait : "Les petits, il faut gagner les deux matchs à Paris ! Il faut qu'on fasse de belles recettes !" Le reste, bon... Voilà quoi... On voyait comme ça se présentait, le jour J...

Aviez-vous fait une fête particulière après avoir acquis le grand chelem ?

La bringue, on n'avait pas besoin de faire un grand chelem pour la faire... On se voyait tout le temps, entre nous. Il y avait une part d'amour. Même si on avait la pudeur des mots, les regards ne trahissaient pas. On s'aimait vraiment, oui. C'était même notre moteur.

Vous n'avez pas été reçus par le président de la République ou le premier ministre après ce succès ?

Heu.. Non... On a retrouvé nos clubs et le dimanche d'après, on allait galérer à Montchanin, à Tulle, à Tyrosse ou que sais-je encore. On ne prenait pas de congés, à l'époque.

Et les retombées médiatiques, alors ?

On est passé sur Stade 2, je crois. Mais c'est à peu près tout. Il n'y avait pas trois millions de journalistes comme aujourd'hui... On n'avait même pas reçu de coupe, pour tout vous dire.

La génération tricolore actuelle vous plaît-elle ?

Beaucoup, oui. J'ai l'impression que ces garçons partagent beaucoup de choses, en dehors du rugby. Il y a de l'amitié, entre eux. Et cette amitié se transforme en solidarité sur le terrain. Ces choses-là ne mentent pas. Il y a une partie sentimentale dans cette équipe de France où les mecs ne se laissent jamais tomber, en attaque comme en défense.

Et techniquement, alors ?

Cette équipe de France est complète. Elle sait relancer et marquer des essais formidables, gagner en montant des quilles ou en dressant une grosse défense... Elle est tout terrain et elle ira très loin, j'en suis convaincu.

Avez-vous un message à faire passer aux Bleus avant ce Crunch ?

Non. Ils sont libres de faire ce qu'ils veulent. Moi, je détestais que les vieux me disent quoi que ce soit avant les matchs importants...

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