Interview de légendes - Betsen : "L’impression que le toit de Cardiff allait nous tomber dessus"

  • Serge Betsen - Interview de légende
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TOURNOI DES 6 NATIONS 2022 - Serge Betsen a pris un peu de son temps pour revenir sur le grand chelem 2002, le premier de l’ère à 6 Nations. "La faucheuse", comme on le surnommait pour son goût prononcé pour le plaquage, ouvre la boîte à souvenirs, et distille un dernier conseil aux Bleus.

On imagine que ce grand chelem 2002, le premier de votre carrière qui en comptera deux avec celui de 2004, revêt une saveur particulière pour vous…

C’est vrai que c’est un souvenir marquant pour moi. Le grand chelem, c’est un des plus beaux trophées sur la scène internationale, le remporter est toujours quelque chose de particulier, d’autant plus lorsque c’est la première fois que cela vous arrive. Celui-ci est d’autant plus exceptionnel à mes yeux qu’il est le premier de l’histoire à avoir été remporté dans la nouvelle formule du Tournoi (la compétition se joue à 6 depuis 2000, N.D.L.R.).

En quoi était-il particulier ?

C’était un peu l’avènement d’une nouvelle génération. C’était le crépuscule de la génération de 99, qui avait réalisé une immense Coupe du monde dont le paroxysme fut la demi-finale de légende face aux All-Blacks (victoire de la France, 43-31, N.D.L.R.). J’avais été aspiré par cette génération-là et Bernard Laporte m’a sélectionné dès sa prise de fonction en tant que sélectionneur. Bernard m’a donné l’occasion d’accomplir un de mes rêves en devenant un joueur de l’équipe de France. J’ai eu la chance d’évoluer ensuite au cœur d’une flopée de joueurs exceptionnels qui pointaient le bout de leur nez.

Lors de ce Tournoi, vos qualités exceptionnelles de défenseur ont sauté aux yeux du monde. D’où vous vient votre appétence pour le plaquage ?

Je me plais à le répéter à qui veut bien l’entendre : j’ai commencé le rugby à Clichy-la-Garenne et là-bas, à l’époque, savoir plaquer était un pré-requis. D’ailleurs, pour l’anecdote, lors de mon premier entraînement, c’est une fille qui m’a appris à plaquer ! J’ai immédiatement aimé ce geste et j’ai compris qu’il allait devenir fondamental pour la suite. Aujourd’hui le plaquage n’est pas suffisamment cultivé chez nos jeunes. Il est pourtant la base de tout. D’ailleurs, l’efficience au plaquage est un des grands marqueurs de notre équipe de France. On ne peut pas jouer si on n’a pas le ballon, pas vrai ? Nos Bleus actuels en font un très bon usage. Sans lui, ils ne récupéreraient pas les bons ballons qui leur permettent de marquer de si beaux essais…

On se souvient aussi, qu’avec trois réalisations, vous étiez un redoutable marqueur d’essais sur ce Tournoi, presqu’au niveau de Tony Marsh (4) !

C’est vrai, mais je n’ai pas un grand mérite. La stratégie de jeu en blocs mise en place par Bernard Laporte et son staff faisait en sorte que des troisième ligne se retrouvent au poste d’ailier, ce qui nous permettait de finir les coups. Honnêtement, marquer n’est pas ce que j’appréciais le plus mais j’étais heureux de conclure tout le travail collectif de mes amis. C’est un acte gratifiant.

Quels sont vos plus beaux souvenirs de cette édition ?

J’ai trop de souvenirs de chaque match pour n’en citer qu’un. Il y a bien sûr l’incroyable remontée de bretelles que nous met Bernard Laporte à la mi-temps du match contre l’Italie ; l’impression que le toit de Cardiff allait nous tomber sur la tête à chaque fois que l’un des frères Quinnell touchait le ballon… Enfin, il y a ce final en apothéose contre l’Irlande au stade de France. Il a fallu sacrément se retrousser les manches, quand on y repense ! (rires).

Que pouvez-vous nous dire de Fabien Galthié, actuel sélectionneur des Bleus et demi de mêlée de la campagne de 2002 ?

D’abord, Fabien est quelqu’un que je connaissais avant de le retrouver en équipe de France. C’est une personnalité atypique avec sa propre façon de faire et de voir les choses. C’est aussi un vrai perfectionniste. Il l’était déjà en tant que joueur et je crois que cela transpire dans son travail d’entraîneur-sélectionneur. Il cherche le détail dans le détail. Aujourd’hui, tout ce que l’équipe de France fait est maîtrisé, calculé. Par delà les beaux essais et l’impression de "French flair" retrouvé qui se dégage de cette équipe, tout est très préparé. C’est une des forces de notre équipe de France de 2022.

Quel conseil pourriez-vous donner aux Bleus avant le grand match de samedi ?

Je leur dirai de continuer dans la voie de leur stratégie défensive très en place élaborée par le staff et notamment par Shaun Edwards. L’équipe de France actuelle est exceptionnelle dans ce secteur et construit son rugby offensif sur ce socle très fort. Je voudrais enfin leur dire que nous sommes fiers d’eux et que nous les soutenons de manière inconditionnelle. Continuez à nous faire rêver !

Propos recueillis par David BOURNIQUEL

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