Interview de légende - Walter Spanghero : "Un souvenir mitigé"

  • Walter Spanghéro : “Un souvenir mitigé”
    Walter Spanghéro : “Un souvenir mitigé”
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TOURNOI DES 6 NATIONS 2022 - Le numéro 8 légendaire des années 60-70 a vécu le premier Grand Chelem du XV de France. Mais le souvenir ne fut pas aussi magnifique qu’on pourrait le croire. Explications.

Le Grand Chelem 1968, quel souvenir vous a-t-il laissé ?

Ce fut un tournoi mitigé. Il y a eu beaucoup de changements, des joueurs arrivaient, d’autres sortaient. Vous savez, ce n’était pas comme maintenant…. Aujourd’hui, les joueurs du XV de France se connaissent car ils ont souvent joué ensemble, ils s’entraînent tous les jours les uns avec les autres. Il y a une vraie notion de collectif…

N’était ce pas le cas à votre époque ?

Non, nous étions souvent obligés de tout recommencer à zéro. D’un match à l'autre, il fallait intégrer des joueurs qui n’avaient jamais évolué en équipe de France auparavant.

On comprend. En fait, ce Grand Chelem 1968, il semblait un peu tomber du ciel, non avec tous ces matchs serrés et ces coups du sort ?

Attention, nous avions de très bons joueurs mais je vais vous dire, dans la compétition, il faut toujours un peu de chance. Un coup de pied qui passe ou qui ne passe pas, un essai accordé ou pas. Selon le verdict, on dit que vous êtes passés à côté du match. Regardez ce qu’ont vécu les Bleus de 2022 au pays de Galles, si les Gallois avaient converti leur occasion par Jonathan Davies. Ca aurait tout changé.

Quel fut le moment de ce Grand Chelem qui vous a le plus marqué ?

Il n’y a pas de moment particulier. En fait ce qui m’a le plus marqué, c’est l’après match. La soirée à Cardiff et le retour à Paris pour trois jours fabuleux. Après le tournoi lui-même, finalement, il n’était pas très bon. Il y avait trop de changements. Je me souviens de certains moments vécus avec Christian Carrère et Benoit Dauga, nous faisions figure d’anciens… A chaque match ou presque, il fallait s’occuper des nouveaux, les motiver, leur enseigner le placement sur le terrain que nous voulions.

Ce qu’il faut retenir, c’est que les sélectionneurs étaient très lunatiques à cette époque-là ?

Oui, vous pouvez le dire et c’était très énervant. Pour un oui ou pour un non, on était virés. De nos jours les groupes sont plus stables. Et en plus, il y a les remplaçants qui entrent en jeu et qui sont de la valeur des titulaires, ils entrent n’importe quand et l’équipe continue de tourner normalement. Et ça, c’est un plus par rapport à ce que j’ai vécu.

Quel est le message que vous avez envie de donner aux Bleus de 2022 ?

Mon message est simple. Vous faites de très belles choses depuis un moment, continuez. J’ai bien suivi vos derniers matchs. Vous faites honneur au maillot que vous portez et vous êtes portés par un élan collectif. Je pense que les trois quarts du boulot a été fait et qu’il faut aller jouer ce match décontracté. Il faut y croire, mais ne pas se mettre martel en tête. C’est un match de rugby, il faut y aller relativement tranquille, c’est là qu’on réussit de belles performances.

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