Wilkinson: "C'est si bon"

Par Rugbyrama
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Après plus de trois années de galère, Jonny Wilkinson a peut-être entamé une deuxième carrière samedi à Twickenham. Auteur de 27 points face à l'Ecosse, la star de la Coupe du monde 2003 a repris place au sein du XV d'Angleterre, comme s'il ne s'était jam

L'Angleterre ne parlait que de lui. Lui ne parlait pas. Entre fol espoir et scepticisme légitime, tout ce que le royaume compte d'amoureux du rugby s'est demandé pendant une semaine si Brian Ashton était génial ou fou de titulariser Jonny Wilkinson face à l'Ecosse. Lancer un joueur, si formidable fut-il, alors qu'il n'a disputé que quatre bouts de match de toute la saison, qu'une seule mi-temps depuis le mois de novembre, et pas une seule rencontre internationale depuis novembre 2003, il fallait y penser. Ashton peut savourer. Wilkinson ne l'a pas déçu, lui justifiant au centuple sa confiance.

Le nouvel entraîneur des champions du monde n'est toutefois pas si dingue. "Jonny se sentait prêt. C'était sa décision de jouer ", a-t-il rappelé après la victoire face aux Ecossais. N'empêche. De l'inquiétude, il y en avait forcément. Elle fut même palpable au premier contact sérieux. Wilko a tant galéré pendant 40 mois que la foule craignait une nouvelle blessure. Alors sur ce premier plaquage, Twickenham a retenu son souffle. La star s'est relevée, la lèvre tuméfiée, mais le corps toujours robuste. La peur n'aura donc fait que passer. Le reste ne se résuma qu'à un intense moment de bonheur, surpassant toutes les espérances, mêmes les plus folles.

Le perfectionniste toujours là

Pendant ses 70 minutes de présence sur le terrain, Wilkinson est redevenu ce magnifique maître à jouer et cet implacable buteur qui avait conduit l'Angleterre sur le toit de la planète rugby. Lors du premier acte, il s'est d'abord appliqué à convertir les temps forts de son équipe, à coups de pénalités et de drops, avant de servir sur un pas l'autre revenant, Jason Robinson, pour le premier essai. En seconde période, c'est lui, en personne, qui ira à dame. Un essai non valable, puisque l'ouvreur de Newcastle avait le pied droit en touche. "Mon pessimisme visible en attendant la décision suggère qu'il y avait touche", avoue-t-il. Comme s'ils culpabilisaient de s'être tant acharnés sur lui, les dieux du rugby avaient décidé de tout lui passer samedi. lls lui devaient bien ça après tout...

Auteur au final de 27 des 42 points anglais (cinq pénalités, deux transformations, un essai et un drop), Wilkinson est entré par la grande porte dans sa nouvelle vie de rugbyman. Difficile de ne pas s'en réjouir, même de notre côté de la Manche. Pour un peu, il aurait fallu le pincer pour qu'il mesure vraiment la portée de sa performance. "27 points? Je ne le savais même pas. Franchement, j'en aurais pris moins que ça", sourit Wilko. La joie est immense. Mais le perfectionniste prend aussitôt le dessus: "Je m'accorde une performance acceptable, suffisante pour ne pas être dans la zone des regrets. Je déteste avoir des "et si..." dans la tête. J'aime aller au lit en sachant que je n'aurai rien en tête pour me garder éveillé jusqu'à 5h du matin".

Corry: "Comme s'il n'était jamais parti"

A l'évidence, il a pris son panard comme jamais à donner du plaisir à Twickenham. "Cette atmosphère... C'est pour ça que j'ai vécu une grande partie de ma vie. Twickenham est un tel endroit, les supporters sont si bruyants, ils vous soutiennent tellement... Rentrer dans un stade plein comme celui-là, ça vous fait courir des frissons sur l'échine, surtout quand vous n'avez pas entendu ça depuis longtemps... C'est si bon d'être de retour ". Il avait envie de prendre, mais plus encore de donner. "J'ai tellement à rendre aux gens après de ce qu'ils ont fait pour moi , poursuit-il. Quand je ne joue pas à ce niveau, j'ai l'impression que ma vie est sans objet".

En dépit de son jeune âge, Jonny Wilkinson était devenu trois années durant, bien malgré lui, une icône du passé. En une après-midi, il s'est réinventé un avenir. Celui qui n'aurait rien suivi de cette interminable nuit que fut cette longue parenthèse dans sa carrière, pourrait croire que ce duel face à l'Ecosse s'est tenu au lendemain de la triomphale finale mondiale face à l'Australie. Martin Corry l'a bien ressenti ainsi. "Toute la semaine, confesse le troisième ligne de Leicester, je le sentais dans le dos, derrière la mêlée. Et c'est comme s'il n'était jamais parti" . Comme si ce long tunnel n'avait pas existé. Et le martyr est redevenu héros.

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