La marque d'Arcy

Par Rugbyrama
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Parce qu'il évolue dans l'ombre si imposante de Brian O'Driscoll, au Leinster comme en équipe d'Irlande, Gordon d'Arcy ne jouit sans doute pas tout à fait de la reconnaissance que son talent mérite. A 26 ans, il donne pourtant la pleine mesure de celui-ci

Rugby. Irlande. Leinster. Trois-quarts centre. Si on vous glisse ces quatre indices, pas de doutes, une seule réponse peut surgir: Brian O'Driscoll. Perdu. Le génial blondinet demeure certes la star incontestée du XV au Trèfle, mais il n'est pas le seul à répondre à ces divers critères, qui s'appliquent tout aussi bien à Gordon d'Arcy. Même s'il semble condamné à vivre dans l'ombre de son glorieux aîné, le natif de Wexford s'est fait une place au soleil dans le rugby irlandais. Au Leinster, comme en sélection, dont il est devenu un des piliers.

A 26 ans, à l'issue d'une trajectoire plus chaotique que limpide, d'Arcy semble atteindre une certaine maturité, dans son jeu comme dans sa tête. Sur le terrain, il est devenu le complément idéal d'O'Driscoll au centre de la ligne d'attaque, avec une faculté à faire briller son capitaine comme ce fut encore le cas à Cardiff la semaine dernière. En dehors, il a pris la mesure des exigences du professionnalisme, ce qui ne fut pas toujours le cas au début de sa carrière. "Le professionnalisme m'a choisi davantage que je ne l'ai choisi, expliquait-t-il récemment dans le Sunday Times. Il m'a fallu du temps pour tout assimiler. J'ai compris aujourd'hui que les grands joueurs sont toujours focalisés sur ce qu'ils font, même en dehors des matchs."

"J'aime le jeu"

Tout est d'abord allé très vite pour ce jeune prodige aux aptitudes naturelles évidentes, et d'une polyvalence étonnante. S'il s'est fixé aujourd'hui au centre, c'est longtemps comme arrière qu'il fut le plus utilisé. "Jusqu'à la fin de mon adolescence, j'ai joué à peu près à tous les postes: arrière, ailier, centre, ouvreur, mais aussi à la mêlée et même flanker une saison! J'aime le jeu, c'est tout et je ne veux pas me laisser enfermer dans un cadre trop précis." Ce désir de liberté explique peut-être l'instabilité chronique qui a marqué ses premières saisons pros.

Repéré très tôt par le Leinster alors qu'il évoluait au Clongowes Wood College, d'Arcy connaît des débuts fulgurants. Il n'a que 19 ans lorsqu'il honore sa première cape en équipe d'Irlande, lors de la Coupe du monde 1999, face à la Roumanie. Entre problèmes de discipline et quelques blessures, il lui faudra trois ans pour remettre les pieds en sélection et deux de plus pour s'y imposer définitivement. Privé du Mondial 2003, il explose littéralement lors du Tournoi 2004, dont il est sacré meilleur joueur. A nouveau freiné par des pépins de santé, il semble revenir encore plus fort cette année. Cette faculté à se montrer plus costaud que les épreuves qui le frappent le caractérise plus que tout autre. "Les blessures m'ont endurci. Les critiques m'ont forgé. Il faut savoir accepter tout ça, cela fait partie de la vie d'un sportif de haut niveau."

Dans un semestre, la Coupe du monde pourrait lui offrir l'opportunité de s'installer définitivement dans la cour des très grands. Aux yeux de tous, il serait alors ce qu'il est déjà aux yeux de certains, à savoir l'égal d'O'Driscoll, et non son faire-valoir, fut-il de luxe. Mais il ne veut pas voir si loin. "Je ne veux pas y penser, assure-t-il. Au Leinster ou avec l'Irlande, je suis avec des joueurs et des entraîneurs que je respecte. Ça me suffit. Je prends match après match. C'est un cliché de dire ça, mais si vous regardez trop loin devant vous, vous perdez de vue vos objectifs immédiats." Décidément, D'Arcy a appris la sagesse.

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