Clerc, Heymans à toute allure

Le Stade toulousain a failli entrer dans la légende du XV de France. Emblème du Stade français et légende du Mondial 1999, Christophe Dominici, l'ailier parisien l'en a empêché. Sa titularisation face à l'Italie pour ouvrir le Tournoi des 6 Nations au détriment de Vincent Clerc avec qui il fut en balance, a privé le Stade toulousain d'une performance jamais réalisée : fournir à l'équipe de France, la totalité des trois-quarts titularisés. Alors derrière Poitrenaud, Fritz et Jauzion, Cédric Heymans fera la paire avec Dominici pour défier la Squadra Azzura. Reste que malgré le retour de suspension de Rougerie prévu pour le deuxième match du Tournoi et le déplacement en Irlande, la performance pourrait être réalisée d'ici la fin du Tournoi 2007. Une donne qui symboliserait avec justesse la nouvelle dimension d'Heymans et Clerc.

Heymans s'impose titulaire chez les Bleus, Clerc retrouve le XV tricolore. La suite logique de la saison toulousaine où ils évoluent un ton au-dessus.

Au Stade toulousain, la formule est martelée sans cesse : "Personne n'est titulaire, la remise en question est permanente." Pourtant, si l'on considère que les statistiques fixent le statut, la saison dernière comme cette saison, Vincent Clerc et Cédric Heymans sont les ailiers titulaires. Et les plus efficaces : en 2005-2006, avec onze essais chacun, ils étaient les meilleurs réalisateurs. Cette saison, Clerc reste au sommet avec 6 essais et record tout proche : celui du plus grand nombre d'essais inscrits en Coupe d'Europe (22 essais contre 27 pour le Gallois Daffyd James). Heymans, lui s'impose passeur décisif et défenseur hors-pair.

Titulaires en équipe de France en juin 2006 face à l'Afrique du Sud pour la victoire au Cap (36-26), les deux ailiers peuvent s'en défendre, mais ils ont pris une nouvelle dimension.

Force de frappe

Des retours d'enfer après avoir connu le doute : une non-sélection au Mondial 2003 pour Clerc, une adaptation délicate à Toulouse pour Heymans. Leur nouvelle régularité est mise en exergue mais classiquement, ils font profil bas. Heymans grince : "Je suis conscient d'avoir franchi un palier, je veux en franchir un autre. C'est pour cela que je m'entraîne tous les jours. Mais je fonctionne par étape." Clerc reste tout autant stoïque : "Je ne me sens pas titulaire mais je sens qu'on me fait confiance."

Qu'importe la concurrence, Heymans-Clerc, tous deux candidats à une place de titulaire pour le Mondial 2007 ne gambergent plus. Guy Novès explique : "Leur potentiel en équipe de France est une réelle motivation pour eux et elle se conjugue avec la remise en question de Toulouse. Aujourd'hui, ils sont performants sur le peu de ballons qu'ils touchent et ont moins de déchets dans leur jeu."

Cédric Heymans et Vincent Clerc version 2007 sont aussi deux joueurs métamorphosés : Heymans, régulier à l"extrême, Clerc plus lucide dans sa vision du jeu et débarassé de sa facette prévisible dans sa technique individuelle avec un jeu au pied moins criticable. Pour Toulouse et l'équipe de France, leur association ne se néglige pas parce qu'elle oppose deux registres : celui de l'évitement et du cadrage-débordement pour Heymans, celui du punch et de la nervosité pour Clerc. "Ils sont parfaitement complémentaires explique Novès Leur point commun ? Deux joueurs qui ne se contentent pas d"attendre le ballon à l"aile." Quand à la concurrence de Dominici, l'éternel génie, et de Rougerie, ailier surpuissant, elle ne pourra qu'accroître la force de frappe de ce XV de France

Le Mondial se profile, le scénario est judicieux. Heymans refuse l'euphorie. "Nous devons aller plus loin dans l'exigence. Nous devons mettre des gestes et des actes sur les mots." Ainsi les promesses seront confirmées dans ce Tournoi des 6 Nations et davantage sur la route du Mondial. A Marcoussis, Clerc et Heymans s'y préparent.