Ils sont fous ces Gallois !

Par Rugbyrama
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Déroutant sur les pelouses par les crochets de ses trois-quarts, le rugby gallois se fait régulièrement aussi imprévisible en coulisses, la démission récente de son entraîneur Mike Ruddock offrant un bel exemple de sa tendance à l'autodestruction. Où en e

L'épisode a pris par surprise même les plus fins connaisseurs des arcanes galloises. Il contient tous les éléments d'un drame shakespearien: mystères, mensonges, jalousies, trahisons. Quand le 14 février, jour de la Saint-Valentin, Ruddock a annoncé qu'il ne prolongerait pas son contrat pour des "raisons familiales" et quittait son poste au beau milieu du Tournoi des six nations, le pays a été ébranlé.

Dans la principauté, le rugby est une religion. Le départ de l'entraîneur qui avait ramené la fierté sur les visages, la conscience de son identité ("Welshness") en conquérant en 2005 le premier Grand Chelem en 27 ans, est un choc. Habitués aux turpitudes des instances sportives, les gens de la rue ont exprimé un franc soutien au partant. Car ils ont compris que sous la surface des choses, se ramifiaient les racines de luttes intestines.

Porte-à-faux

Les doutes sont nés des premières informations de presse démontrant que l'explication "familiale" n'était qu'un couvert. Il est d'abord apparu que Ruddock était parti parce que la Fédération galloise (WRU) avait décidé de reporter les discussions sur le renouvellement de son contrat.

La WRU s'est ensuite retrouvée en porte-à-faux quand il a souligné n'avoir pas eu l'intention de démissionner avant la fin du Tournoi. La Fédération avait expliqué la veille que cette décision avait été prise en commun. La meilleure preuve que Ruddock n'était plus désiré tient sans doute au fait que ni David Pickering, le président de la WRU, ni Steve Lewis, son directeur général, ni Gareth Thomas, le capitaine du XV du Poireau, n'ont essayé de le retenir.

Au-delà des questions contractuelles, Ruddock aurait cédé sous la pression des joueurs, en rupture avec ses méthodes. Or, la part de l'entraîneur gallois dans les succès de son équipe ne peut être déniée. Son choix de confier le capitanat à Gareth Thomas, la découverte de Ryan Jones, la confiance accordée à Gavin Henson et les ajustements techniques -avec un intérêt accru pour les phases de conquête- sont autant d'éléments à son crédit.

Contradiction

Malgré les dénégations de Gareth Thomas, Ruddock pourrait bien avoir été trahi par ceux-là même à qui il avait accordé sa confiance. "Peut-être, certains des gars ont eu l'impression que Mike avait reçu tout le crédit du Grand Chelem", a reconnu un joueur anonyme cité par le Sunday Times.

La presse s'est faite aussi fait le relais d'une blague sur son compte: "Pourquoi son surnom est-il bus? Parce qu'il n'est pas "coach" (jouant sur le double sens en anglais du mot coach, signifiant entraîneur et voiture). Toujours selon la presse britannique, la position de Ruddock aurait aussi été sapée par son adjoint australien Scott Johnson, très apprécié des joueurs, et qui a accepté de prendre en mains l'équipe pour les trois derniers matches du Tournoi.

David Pickering avait estimé l'an passé au sujet du Grand Chelem: "C'est largement dû au fait que nous avions un entraîneur gallois" . Mais la WRU ne semble plus outrée à l'idée de repasser sous influence étrangère. Une contradiction accentuée par le fait que Johnson souhaiterait rentrer auprès de sa famille en Australie dès la fin du Tournoi. Laissant le pays de Galles bien dépourvu.

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