"Probablement ma dernière sortie" : Bouhraoua se confie avant la finale de l’InExtenso Supersevens

Par Paul Arnould
  • Sevens - Terry Bouhraoua (France)
    Sevens - Terry Bouhraoua (France)
Publié le Mis à jour
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SEVENS - C’est une légende du rugby à 7 français, le meilleur marqueur de la sélection, qui jouera samedi la 3e édition de l’In Extenso Supersevens avec le Stade français.

Au crépuscule de sa carrière, Terry Bouhraoua fait le point, revient sur ses années professionnelles, ce dernier tournoi au côté de son frère Boris entraîneur du Stade français, et donne son regard sur l'équipe de France à 7 à deux ans des Jeux Olympiques.

Terry, le tournoi de demain sera-t-il votre dernière compétition officielle comme joueur de rugby ?

Je n’aime pas être catégorique mais ça ressemble à un jubilé, je vais le prendre comme ça. On ne va pas se mentir, les années sont là, le corps ne répond plus comme avant et effectivement ça va être un moment spécial, probablement ma dernière sortie. Je suis en train d’assimiler que ça se termine même si ce n’est pas facile de s'en rendre compte. Je vais profiter du moment.

Expliquez-nous comment vous avez pris la décision de participer à ces finales du championnat de France de rugby à 7 ?

J’ai pris la décision par amour du rugby, j’aime ça, je me sens en forme pour le faire. Comme Boris (Bouhraoua, entraîneur du Stade Français Paris Sevens, Ndlr) est mon frère et qu’il y a forcément de l’affect, j’ai beaucoup échangé avec les préparateurs et si je suis là, c’est qu’ils ont jugé que j’étais au niveau. Après, j’ai envie de prendre mon shoot d'adrénaline. Il y a des sensations dans le sport de haut niveau qu’on ne retrouve que dans un couloir avant de rentrer sur le terrain et elles me manquaient.

Justement cette (dernière ?) expérience avec votre frère, qu’est-ce-qu'elle représente pour vous ?

Pour nous, le rugby est une histoire de famille. Notre père jouait en amateur, on est trois frères animés par le rugby et les choses ont fait que Boris est au Stade français, le club qui m’a permis de devenir professionnel. Je suis chanceux de pouvoir porter ce maillot. Demain sera spécial, on va tout faire pour que le Stade brille et gagne.

Que pouvez-vous nous dire sur votre équipe du Stade français qui jouera sa première finale du Supersevens avec un premier match contre les Barbarians, champions de France en titre ?

Cette équipe je l’aime, elle est performante. C’est une équipe homogène avec un niveau assez élevé pour des joueurs qui ne sont pas à la base des spécialistes du rugby à 7.

Le rugby à 7 a fait enfin un pas en avant

Et sur le tournoi en général ? Permet-il vraiment à des joueurs de se montrer pour l'équipe de France ?

Oui et puis on le voit, les joueurs de l’équipe de France ont tous joué ce tournoi. Ça montre que c’est sur la bonne voie. Après, on ne peut pas comparer ce tournoi aux World Series où il y a des spécialistes qui s’entraînent à l’année. Mais avec la notoriété et le niveau qui augmente chaque année, il va devenir un passage obligé pour les prochains joueurs de l’équipe de France.

A vos débuts, vous imaginiez qu’il y aurait un championnat de France de rugby à 7, un engouement aussi important (on attend jusqu’à 20 000 personnes demain à Nanterre, les trois étapes de l’In Extanso Supersevens ont accueilli le double de spectateurs cette année) ?

Quand j’ai commencé l’aventure avec le 7 en 2011, j’étais loin d’imaginer qu’il allait évoluer à ce point-là. Le rugby à 7 a fait enfin un pas en avant. Je suis heureux de voir l’engouement que ça provoque, les chaînes de télévision qui diffusent (la compétition sera retransmise sur Canal + et ce jusqu'en 2027, Ndlr), et j’ai hâte de voir la fête de demain. C’est beau pour le rugby à 7.

On avait pris une claque dans la gueule

Ressentez-vous une évolution chez les jeunes par rapport à la discipline ?

J’ai toujours trouvé que c’était un sport qui collait parfaitement à la nouvelle génération, à la jeunesse. Je ne sais pas si [la nouvelle génération], peut tenir 80 minutes devant un match à 15 sans bouger du canapé. Au rugby à 7, on supporte l’équipe de France pendant 14 minutes, on va boire un coup pendant une heure ou deux et on revient voir un match. Avant on se tournait vers le 7 quand ça ne s’ouvrait pas au quinze. Aujourd’hui il y pleins de jeunes qui veulent faire une carrière à 7. C’est devenu possible et c’est tant mieux.

Si vous deviez garder un moment de votre carrière ?

Je prendrais les Jeux de 2016, les premiers pour le rugby à 7. On avait défendu notre chance, c’était une grande expérience. Avec le recul, je dirais l’ensemble. L’aventure humaine. Ce qu’on en retient quand ça s’arrête c’est que le rugby n’est qu’un prétexte pour vivre des émotions, rencontrer des gens. J’ai eu le privilège de connaître quinze années de rugby professionnel et ma victoire est là.

La première étape du circuit international à Paris en 2019 aussi ?

C’était incroyable, la première fois à Paris. On se disait qu’il y aurait 10 000 personnes, il y en a eu 22 000. On avait pris une claque dans la gueule. Oui, un chouette souvenir aussi.

Les Jeux Olympiques de Paris 2024 c’est déjà demain. Que pensez-vous du niveau de l’équipe de France ?

Elle évolue, elle est belle. Elle a gagné en régularité et c’est positif pour les Jeux qui arrivent. Après, de mon point de vue, il manque de grands résultats dans les grandes compétitions mais je reste optimiste, l’équipe de France fait preuve de régularité sur le circuit.

Peut-on imaginer un futur avec Terry Bouhraoua qui accompagne l'équipe de France, peut-être pas comme joueur mais de n'importe quelle autre manière ?

Je vais peut-être relancer ma carrière demain, qui sait ? (rires) Non, ce n’est pas d’actualité, l'équipe de France appartient à la Fédération et à tous ceux qui la dirigent. Aujourd’hui, on ne m’a pas demandé de venir partager mon expérience.

Vous aimeriez ?

Je suis ouvert à tout. Quand on a passé dix ans dans une équipe, il y a de l’attachement. J’aime l’équipe de France et je l’aimerai toujours. J’en serai d’ailleurs son premier supporter, si je ne joue pas…

Avez-vous conscience de l’impact que vous avez-eu sur le rugby à 7 français ? Tous les jeunes joueurs parlent de vous comme d'un pionnier, le plus grand joueur…

Non, je n’en ai pas conscience. C’est compliqué de parler de soi et de l’image qu’on a renvoyée. Je ne sais pas, peut-être qu’un jour mes neveux et mes nièces me le diront, mais je suis un compétiteur et j’ai encore la tête dedans. L’essentiel c’est d’être le meilleur joueur possible, demain ça ne sera pas le Terry de 2016 mais celui de 2022 avec d’autres qualités. On a fait partie des pionniers, c’est vrai, et personne ne pourra nous enlever ça.

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