Tebani: "On n’est plus les oubliés du sport algérien"

  • La sélection algérienne en 2008, lors de sa victoire face aux Espoirs du Stade français
    La sélection algérienne en 2008, lors de sa victoire face aux Espoirs du Stade français
  • Salim Tebani en 2013 avec Oyonnax
    Salim Tebani en 2013 avec Oyonnax
Publié le Mis à jour
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Il y a un peu moins d’un an, Rugbyrama.fr publiait un reportage sur la sélection algérienne de rugby. A l’époque, les "Fennecs de l’ovalie" n’avaient disputé que neuf matchs, officiellement sous le nom de Stade Oranais, l’association sportive créée par Sofiane Benhassen et Azzouz Aïb, anciens joueurs et actuels dirigeants du XV algérien.

Début 2015, les instances algériennes ont enfin posé les bases d’une Association nationale du rugby algérien, en attendant la création d’une Fédération. Lundi, vingt-quatre joueurs, évoluant pour la plupart en France, s’envolent pour la Malaisie disputer la Crescent Cup Rugby Championship, leur première compétition internationale officielle. Premier capitaine de l’histoire des Fennecs, Salim Tebani endossera son nouveau costume d’entraîneur national, aux côtés de son frère Djemaï. Entretien avec l’ancien Oyoman, bien décidé à ramener un premier trophée dans son pays d’origine.

Salim, parlez-nous du programme de la semaine prochaine pour le XV algérien.

Salim TEBANI: Les joueurs et le staff ont tous rendez-vous lundi à 9 heures à Roissy. On décolle vers midi, direction Malacca, en Malaisie. On aura deux ou trois jours pour s’entraîner, s’adapter aux conditions climatiques, notamment l’humidité, et pour récupérer du décalage horaire. Ce sont des petits détails qui compteront au moment de débuter les matchs de poule.

Connaissez-vous vos adversaires?

S.T: Il devait y avoir douze équipes au départ, mais finalement nous ne serons que six. Nous allons notamment rencontrer le Kazakhstan en ouverture (42e au classement mondial, ndlr), puis une équipe invitée qu’on ne connaît pas. Ce sera physique, c’est sûr. Après, il y aura des phases finales, avec notamment la Malaisie, qui compte quelques Fidjiens dans son effectif. On devrait avoir trois ou quatre matchs à jouer, ça va piquer, donc c’est parfait! (rires) Après, évidemment ce sont des équipes qu’on ne connaît pas, on a seulement trouvé quelques vidéos sur internet. Sincèrement, on est dans l’inconnu. Donc on ne va pas s’occuper des autres, on va surtout se recentrer sur notre jeu, que l’on va tenter de mettre en place très vite, même si on manque de temps.

Vous avez mis un terme à votre carrière il y a un an. Vous devenez donc entraîneur.

S.T: J’avais déjà un peu entraîné en fin de saison dernière, à Meyzieu en Fédérale 3. C’était plus un poste de consultant. C’était une super aventure, même si l’équipe s’était inclinée en finale du championnat de France. Cette saison, j’ai passé mes diplômes, et je suis intervenu auprès des jeunes du pôle espoir de Villefranche. Donc je ne pars pas complètement dans l’inconnu, d’autant que je vais entraîner un groupe que je connais bien, puisqu’on se côtoie depuis plusieurs années. Je compte bien poursuivre dans cette voie, ça me tient à cœur depuis des années. J’ai attendu la fin de ma carrière pour m’investir plus directement dans le projet algérien, non plus en tant que joueur mais en tant qu’entraîneur. Sur le terrain, je préfère laisser la place à des joueurs d’avenir. Ce rôle d’entraîneur me va très bien, je crois que je suis fait pour ça.

Salim Tebani en 2013 avec Oyonnax
Salim Tebani en 2013 avec Oyonnax

Justement, comment s’est passé le processus de sélection des joueurs algériens?

S.T: On s’appuie sur un groupe de joueurs qui est avec nous depuis quelques années, et quelques nouveaux. Rassurez-vous, il n’en faut pas beaucoup pour les convaincre. Nous sommes tous très fiers de notre double-culture, et jouer pour le pays de nos parents, de nos grands-parents, c’est juste énorme. Malheureusement, certains joueurs de Pro D2 ou de Top 14, comme Said Hirèche, ne pourront pas nous accompagner. Ils sortent d’une saison harassante, on ne va pas leur imposer un voyage en Malaisie. De plus, en l’absence de Fédération agréée, il est impossible d’obliger les clubs à libérer leurs internationaux algériens.

Avec quel statut allez-vous disputer la Crescent Cup?

S.T: Pour la première fois, nous représenterons officiellement l’Algérie, même si nous disputerons cette compétition sous l’égide de la Fédération du sport pour tous, puisque nous n’avons pas encore de Fédération algérienne de rugby. Depuis le début de l’année 2015, nous sommes soutenus par le Comité Olympique algérien et le Ministère des Sports. Les instances algériennes nous financent une grande partie du voyage, pour un tournoi qui est reconnu par le World Rugby. Les joueurs n’ont plus à s’auto-financer, ils viendront avec leur survêtement et leur motivation. Nous ne sommes plus les Bohémiens du sport algérien, et je dois dire que ça fait du bien. Mais ce n’est qu’un début.

Un match officiel en Algérie est-il en préparation?

Evidemment, ce serait la cerise sur le gâteau. Nous avons plusieurs objectifs, plusieurs axes de travail. L’organisation d’un match sur le sol algérien, pour un match amical officiel, en est un. Puis jouer des matchs de Coupe d’Afrique à domicile. On serait comme des dingues. On souhaiterait également monter une équipe U20 dans quelques années, et à terme, avoir 15 à 20% de l’équipe nationale issue de la formation locale. Avant ça, on compte bien gagner en Malaisie. Et offrir un premier titre au rugby algérien.

Joueurs sélectionnés:

Mourad Frih (Grasse), Nasser Benamor (Valence d’Agen), Yassine Saaoui (Montluçon),Sofiane Chellat (Stade français), Bekada Belhaouari (Castanet), Samir Doukbi (La Seyne), Bilal Abed (Saint-Sulpice), Moussa Reghis (Annecy), Mahmoud Djenadi (CARF rugby), Sébastien Abdelkader (Millau), Walid Bouregba (Toulouse Olympique 13), Danyl Youcef (Aix en Provence), Boris Bouhraoua (Napier, NZ), Lou Bouhraoua (Montluçon), Romain Lacoste (Tyrosse), Vincent Haouari (Hyères Carqueiranne), Said Tamghart (Whitehaven 13, ANG), Mehdi Chouchane (Bedarrides), Yazid Chouchane (Bedarrides), Samir Khamouche (Berre), Nordine Badji, Nadir Boukhaloua (Givors), Djamel Ouchene (Libourne).

Entraineurs: Salim et Djemaï Tebani.            

Préparateur physique: Nahim Rouabah.       

Manager: Azzouz Aïb.

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