100m, Ducalcon, 15 kilos perdus, vice en mêlée... voici Eddy Ben Arous

  • Eddy Ben Arous va connaître sa première titularisation en Bleu
    Eddy Ben Arous va connaître sa première titularisation en Bleu
  • Eddy Ben Arous (XV de France)
    Eddy Ben Arous (XV de France)
  • Eddy Ben Arous en action face à Brive
    Eddy Ben Arous en action face à Brive
Publié le Mis à jour
Partager :

Samedi face à l’Irlande, Eddy Ben Arous (1,83m, 108 kg, 2 sélections) connaîtra sa première titularisation en équipe de France. A 24 ans, le pilier du Racing Metro 92 s’est construit grâce à une énorme volonté, souvent seul, pour arriver au plus haut niveau.

Comme Ducalcon

Son large sourire toujours prêt à dégainer, l’enfant de Trappes magnétise l’attention de tous les journalistes. Sans trop en faire, Eddy Ben Arous invite immédiatement à l’empathie. Dans l’auditorium du CNR de Linas-Marcoussis, le pilier gauche du Racing Metro 92, passé par Dreux en 2004-2005 puis le Pôle Espoirs de Tours pendant trois ans, comme son coéquipier de club Luc Ducalcon, commente sa première titularisation en équipe de France, samedi contre l’Irlande, avec lucidité, impatience et cette exigence discrète de faire honneur à sa troisième cape. Ç’est un sacré challenge qu’on me propose d’aller jouer chez les tenants du titre. Je le vois comme un défi qu’on me demande de relever individuellement. C’est quitte ou double. A moi de prouver que je serai à la hauteur. Tous ces échelons gravis me permettent d’être heureux au quotidien. Mais ce n’est pas un aboutissement, c’est un commencement. Le plus dur n’est pas d’y arriver mais d’y rester.

15 kilos perdus en deux mois

Un regard furtif sur son passé permet immédiatement de saisir la richesse et la complexité du personnage. Étant jeune, je me cherchais pas mal, explique-t-il. J’ai pratiqué pas mal de sport. Un ami m’a proposé de venir jouer un match de rugby et j’ai bien aimé la mentalité. A la base, je jouais centre alors j’étais un peu perdu quand on m’a demandé de jouer devant. Depuis son arrivée au centre de formation du Racing Metro 92 en 2008, Eddy Ben Arous a connu ces chemins de traverse qui construisent les hommes. J’ai commencé à jouer avec les pros en septembre 2010. J’ai disputé deux matches et je me suis blessé. J’ai compris qu’au niveau de mon poids et de mon hygiène de vie, ça ne pouvait pas aller. J’ai essayé de travailler sur ça. Mais ça a été une année blanche. J’ai terminé la saison avec les Espoirs. Et c’est à partir de ce moment-là que j’ai pris conscience que je devais changer mon quotidien. J’ai perdu entre 15 et 18 kg en deux mois. Je travaillais beaucoup, tout seul. J’ai fondu énormément. J’avais envie de continuer à évoluer au haut niveau. Je suis parti, j’étais à 118kg. A mon retour, j’étais à 103kg. Les préparateurs physiques n’ont pas compris. C’était bien mais j’étais beaucoup trop léger au niveau des impacts.

Eddy Ben Arous (XV de France)
Eddy Ben Arous (XV de France)

Un observateur exigeant

Lancé par Pierre Berbizier, poli par Patricio Noriega, Eddy Ben Arous a changé de dimension aux côtés de Laurent Travers et Laurent Labit. A l’arrivée du nouveau staff (juillet 2013), j’avais beaucoup d’appréhension de savoir si j’étais dans les petits papiers ou pas, glisse-t-il. Il y avait beaucoup de concurrence à mon poste (le Géorgien David Khinchagishvili, le Tonguien Soane Tonga’uiha et Julien Brugnaut, NDLR). Les semaines commençaient à défiler et je voyais que je ne jouais pas énormément. Je pensais que j’allais passer la saison en dehors du groupe. C’était dur mais j’ai pu récupérer du temps de jeu avec les blessures de certains joueurs. Au fur et à mesure, ils m’ont fait confiance. Je pense que je leur ai plu grâce à mon activité. J’ai profité de cette période pour m’améliorer, regarder toutes les mêlées, les placements de mes adversaires, leurs activités dans le jeu. Je suis beaucoup sur l’observation. Je suis dans mon coin et ça m’a permis de m’évaluer et d’avancer. J’ai beaucoup progressé physiquement et mentalement. Je me suis donné les moyens d’être là.

100m, saut en hauteur, 50m

A l’instar d’un Uini Atonio ou d’un Vincent Debaty, Eddy Ben Arous a souvent été enfermé dans le casier des "Impact Player". Il est vrai que son excellente vivacité, née de ses années à pratiquer l'athlétisme à Dreux, lui confère un profil séduisant. Je faisais du 100 m, du saut en hauteur, du 50 m, précise-t-il. J'avais de bons temps, j'avais même fait les championnats de France. Cette vitesse me permet de ne pas être stressé à chaque fois qu'un trois-quarts vient sur moi. Je ne me dis pas: 'Purée, je vais me faire déposer'. On dit souvent que je suis un pilier atypique, moderne. Bercé en équipe de France par l’expérimenté Nicolas Mas, Ben Arous apprend le vice que doit avoir un pilier de haut niveau. Sa tenue en mêlée n’est pas à la hauteur ? Il réplique: J’ai envie de démontrer que tout le monde se trompe, qu’il n’y a pas besoin de peser 150 kg pour tenir en mêlée. Le pilier francilien aime être au contact, proche des regroupements, dans ce combat au sol où l’homme timide et discret de tous les jours laisse sa place au combattant prêt à tout donner dans un match quitte à arriver jusqu’à l’épuisement.

Eddy Ben Arous en action face à Brive
Eddy Ben Arous en action face à Brive
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?