Vive les préparations à l'arrache !

  • Jonathan Danty, ballon en main, face aux All Blacks - 14 novembre 2017
    Jonathan Danty, ballon en main, face aux All Blacks - 14 novembre 2017
  • Yoann Maestri et les Bleus à l'entraînement, avant France - Nouvelle-Zélande, le 13 novembre 2017
    Yoann Maestri et les Bleus à l'entraînement, avant France - Nouvelle-Zélande, le 13 novembre 2017
  • Guy Novès
    Guy Novès
Publié le Mis à jour
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L'équipe "B" du XV de France comme les Barbarians dix jours plus tôt ont démontré qu'on pouvait réaliser de belles choses avec un minimum de préparation. Une belle bouffée d'oxygène. Et une petite leçon à garder en tête.

En dix jours, par la volonté de Bernard Laporte, nous avons successivement pu voir les Barbarians, le XV de France et la réserve des Bleus à l'œuvre face aux talents du pays au long nuage blanc. A l'heure de comparer les trois actes de de cette trilogie d'automne, depuis les coursives du Groupama Stadium, une idée, fugace, a traversé l'esprit : et si l'on fermait Marcoussis, et si l'on arrêtait de rallonger à l'extrême des préparations physiques usantes pour les corps et les têtes, et si l'on supprimait toutes les données statistiques sur la VMA, les mètres gagnés par minutes et autres lubies de technicien insomniaque pour revenir à l'essentiel ? Ce vœu pieu, résolument provocateur, restera une idée en l'air, émise en passant, entre deux tests-matchs. Il n'en interroge pas moins sur la manière d'appréhender un événement.

En l'espace de trois jours, les Baa-Baas, bande de joyeux drilles sans pression, et la "B" des Bleus, meute de jeunes loups, ont rappelé à quel point ce sport pouvait être simple. "Lors de la préparation, il y a eu zéro vidéo. Il a surtout été question de l'image que l'on voulait donner de nous", raconte Jules Plisson. "Nous avons accepté le fonctionnement qui était le nôtre. Vous savez, une poignée de séances, ça peut suffire pour être compétitif. Cela ne reste que du rugby", plaide Lucas Pointud. Wenceslas Lauret poursuit : "Tout ce qui a été préparé a été basique, pour les mêlées, les touches et les sorties de camp. Il ne fallait pas se compliquer la tâche. Ca aurait été le meilleur moyen de douter." Et le Racingman, de lâcher, taquin : "Finalement, il n'y a pas besoin de grandes préparations."

Des cadeaux pas si empoisonnés

En soixante-douze heures, cette improbable sélection est en tout cas parvenue à bâtir une ébauche de collectif, avec ses fondations et ses prémices de repères. Surtout, elle a abordé son rendez-vous fort d'un état d'esprit conquérant, avec les idées claires et une pression ressentie mais contrôlée.

Résultat : on a vu des mêlées de bonne tenue, des touches propres, une organisation défensive cohérente, des attaques relativement bien exécutées et même quelques étincelles offensives. Pour résumer, les Bleus bis ont répondu présent à l'heure de leur rendez-vous pour le plus grand plaisir des 58 000 spectateurs. Comme les Barbarians, dix jours plus tôt, à Chaban-Delmas face à des Maoris venus ambitieux sur le Vieux continent.

Yoann Maestri et les Bleus à l'entraînement, avant France - Nouvelle-Zélande, le 13 novembre 2017
Yoann Maestri et les Bleus à l'entraînement, avant France - Nouvelle-Zélande, le 13 novembre 2017

Comment ne pas établir de regrettable parallèle avec le faux départ sur toute la ligne des Bleus de Guy Novès, au Stade de France ? Depuis le CNR, tout avait pourtant été calculé, pensé dans le souci de l'infini détail, suivant une volonté de tout contrôler, de tout maîtriser. Le branle-bas de combat avait été décrété, les yeux dans les yeux, chose promise chose due.

Une préparation aussi tendue et cadrée ne pourrait-elle pas être contre-productive ? N'entrave-t-elle pas les hommes ? Ne pollue-t-elle pas les têtes ? Autant de questions légitimes au regard des récents événements. Alors, oui, Marcoussis ne fermera évidemment pas ses portes demain ; les Bleus ne vont pas non plus passer subitement à des préparations raccourcies, complètement improvisées, façons Baa-baas en province ; Yannick Bru et Jeff Dubois n'effaceront pas non plus toutes leurs statistiques en étoiles et vidéos de leurs ordinateurs. Restons sérieux, un minimum.

Guy Novès
Guy Novès

Mais les leçons des douces soirées de Bordeaux et de Lyon doivent être gardées dans un coin de la tête. Leçon 1 : le rugby reste un sport simple, à condition de ne pas s'égarer dans des systèmes trop alambiqués, et le plaisir le meilleur des moteurs. Leçon 2 : la plus méticuleuse des préparations ne vaut rien sans un état d'esprit positif. Leçon 3, plus surprenante : la France possède, malgré tout, une poignée de talents parmi ses quelques 300 000 licenciés. Alors, finalement, merci Bernard : les cadeaux empoisonnés, ces deux faux tests-matchs ajoutés au calendrier, auront finalement plu, une fois déballés.

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