Califano : "Devenir All Black ? Ça aurait été un truc incroyable"

  • Christian Califano
    Christian Califano
  • Christian Califano (Blues) échange des amabilités avec Greg Somerville (Crusaders) - Super 12 (9th March 2002)
    Christian Califano (Blues) échange des amabilités avec Greg Somerville (Crusaders) - Super 12 (9th March 2002)
  • Christian Califano aux côtés de Raphaël Ibanez et Franck Tournaire - Tournoi 1998
    Christian Califano aux côtés de Raphaël Ibanez et Franck Tournaire - Tournoi 1998
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Christian Califano a une histoire particulière avec la Nouvelle-Zélande. C'est là-bas que l'ancien pilier du XV de France (72 sélections) a commencé sa carrière internationale par deux victoires historiques face aux Blacks, en 1994... et qu'il l'a terminée, en prenant deux raclées en 2007. Entre temps, il fut le pionnier français du Super Rugby, à Auckland en 2001-2002. Il nous parle de ce pays.

Que représente la Nouvelle-Zélande pour vous ?

Christian Califano : C'est un pays incroyable. J'y suis revenu durant un mois en juin dernier pour la tournée des Lions britanniques et j'en garde, comme toujours, un émouvant souvenir. A chaque fois que j'approche d'Auckland, je repense systématiquement à la tournée de 1994. C'est un truc de dingue ! Je rêvais d'y remettre les pieds après cette tournée et j'ai réalisé mon rêve en signant aux Blues en 2001. C'est comme si on avait dit à un joueur de foot qu'il allait rejoindre l'une des meilleures équipes du Brésil... Au-delà du rugby, j'aime beaucoup la culture néo-zélandaise. J'ai toujours eu beaucoup d'affinités avec les Iliens, les joueurs de Nouvelle-Calédonie etc, et cela s'est accentué après mon passage en Nouvelle-Zélande.

C'est un pays qui marque tous les gens qui y sont allés, par sa culture, l'accueil des gens, leur simplicité et l'amour qu'ils portent au rugby

J'ai vécu là-bas une expérience extraordinaire, sportivement et humainement. Quand j'étais arrivé, Wayne Pivac, qui est aujourd'hui l'entraîneur des Scarlets, avait expliqué qu'on m'accueillait pour un partage d'expérience, concernant la mêlée notamment. Ses mots avaient été forts et bien admis par l'ensemble des joueurs. Chaque week-end, on sortait, j'ai vu des tas de choses et connu la Nouvelle-Zélande de fond en comble. C'est un pays qui marque tous les gens qui y sont allés, par sa culture, l'accueil des gens, leur simplicité et l'amour qu'ils portent au rugby. En juin, il y avait les matches contre les Lions mais aussi des matches de championnat, de provinces, de juniors, de féminines. Il y avait du rugby à la télévision quasiment vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Christian Califano (Blues) échange des amabilités avec Greg Somerville (Crusaders) - Super 12 (9th March 2002)
Christian Califano (Blues) échange des amabilités avec Greg Somerville (Crusaders) - Super 12 (9th March 2002)

Dans quel état d'esprit étiez-vous arrivé à Auckland ?

C. C. : Avec une certaine appréhension et un peu de regret, je dois l'avouer, parce que j'avais déjà 33 ans. Je n'étais pas complètement en fin de carrière mais je savais qu'il serait difficile de me faire une place. J'avais fait tous les matches de championnat en NPC et j'attendais que soit annoncé le squad retenu pour disputer le Super 12, comme tous les autres joueurs. Mais j'étais tombé sur une génération dorée, avec Kees Meeuws à droite, Tony Woodcock à gauche et Keven Mealamu au talon. Il a fallu faire son trou et cela n'a pas été facile. J'ai joué très peu de matches (trois, dont un comme titulaire, N.D.L.R.) mais si c'était à refaire, je resignerais immédiatement. Sans le moindre doute ! C'était l'aboutissement d'un rêve pour moi. J'ai été un privilégié de pouvoir côtoyer ce qui se faisait de mieux au monde.

Cette expérience a-t-elle changé le rugbyman que vous étiez ?

C. C. : Oui et je le dis ouvertement. J'en ai tiré profit pendant quelques temps, et notamment lorsque je jouais aux Saracens. Bon, ensuite l'âge m'a rattrapé et je n'avais plus mes jambes de vingt ans (sourire). J'ai appris là-bas ce qu'était vraiment l'entraînement. Je ne parle pas de contenu mais de méthode. Les salles de musculation en Nouvelle-Zélande sont ouvertes sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre et je me suis retrouvé à faire des séances à 5h45 pile le matin. Si on faisait ça en France, il y aurait une émeute ! Là-bas, c'est une culture. Les Néo-Zélandais tendent vers l'excellence par un immense rapport à l'exigence. La chance, ils ne savent pas ce que c'est...

Vous aviez notamment vu émerger un certain Tony Woodcock...

C. C. : Quand j'étais arrivé, on m'avait dit que Tony était un ancien troisième ligne qui faisait ses premières armes au poste de pilier gauche et on m'avait demandé de lui donner deux ou trois conseils. Bon, il n'a pas eu trop besoin de moi au final ! (rires) On s'était notamment retrouvé en 2011, alors que je couvrais la Coupe du monde pour TF1. Après être devenu champion du monde contre la France, je l'avais croisé au retour des vestiaires alors qu'il venait de recevoir la médaille. Il était venu me saluer, nous avions parlé et partagé un moment à part. Il comprenait que j'étais un peu embêté par la défaite de la France mais il était aussi fier de me montrer là où il en était arrivé. C'était fort pour moi. Dans mes favoris au poste de pilier gauche sur la scène internationale, il est le seul, aux côtés du Sud-Africain Os du Randt.

Dans une interview au Parisien parue en 2013, vous avez expliqué "regretter" de ne pas être allé jouer en Nouvelle-Zélande avant 2001 et la loi qui interdit de porter les couleurs de deux nations différentes car vous auriez peut-être pu être sélectionné avec les All Blacks... Est-ce, vraiment un regret ?

C. C. : Franchement, ça ne peut pas en être un compte tenu de tout ce que j'ai vécu avec le rugby français mais j'avais dit ça avec beaucoup de sincérité. Mes premiers contacts avec la Nouvelle-Zélande avaient été noués dès après la tournée de 1994. D'abord avec Canterbury puis Wellington, pas encore Auckland. Et je me dis, sans prétention aucune, qu'étant donné que j'étais à 100 % de mes capacités à ce moment-là, j'aurais peut-être pu caresser ce rêve-là si j'y étais parti plus tôt. J'ai des potes qui l'ont fait : le demi de mêlée Steve Devine par exemple, qui était Australien et qui est devenu All Black après avoir joué à Auckland. Alors pourquoi pas ? J'aurais pu toucher l'impossible... Ça aurait été un truc incroyable pour moi. Je l'avais dit à l'époque et j'avais peut-être un peu choqué mais je le répète : j'aurais été capable de donner la moitié de mes sélections pour jouer au moins une fois avec eux...

Christian Califano aux côtés de Raphaël Ibanez et Franck Tournaire - Tournoi 1998
Christian Califano aux côtés de Raphaël Ibanez et Franck Tournaire - Tournoi 1998
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