Tchale-Watchou: "S’il le faut, nous irons au clash…"

  • Robins Tchale-Watchou, président de Provale
    Robins Tchale-Watchou, président de Provale
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Désigné lundi nouveau président de Provale, Robins Tchale-Watchou sera au plus près des joueurs pour porter leurs inquiétudes. Et le deuxième-ligne de Montpellier n’exclut pas d’aller un jour au clash avec les instances du rugby français pour préserver l’intégrité physique des joueurs.

Une volonté d'ouverture

"Nous n’avons pas fait appel à des femmes (Gaëlle Mignot, désignée trésorière adjointe et Safi N’Diaye, désignée secrétaire générale, ndlr) pour leur statut mais avant tout en raison de leurs compétences. La Coupe du monde féminine nous l’a prouvé: il n’y a pas que des joueurs de rugby en France. On a aussi des joueuses et il faut leur donner la place qui est la leur. Elles nous ont fait rêver mais elles ne sont pas à l’honneur dans nos instances. Provale devait donner l’exemple même si Serge Simon avait ouvert la voie en mars 2014 avec Safi N’Diaye au comité directeur. Elles vont nous apporter un regard nouveau".

Une proximité renforcée avec les joueurs

"Sur plusieurs sujets, je vais bénéficier d’une certaine proximité avec les joueurs pour échanger. J’aurais des canaux de communication que sont les vestiaires. C’est un vrai avantage. En revanche, il est vrai que je vais avoir un timing encore plus serré qu’avant. Est-ce incompatible ? Non ! On a souvent reproché aux joueurs de ne pas s’intéresser à autres choses que le rugby, on ne va pas aujourd’hui me faire le procès d’intention de m’intéresser à autres choses que le rugby d’un point de vue strictement sportif (sourire). Qui mieux que les joueurs pour dire ce que nous vivons, pour porter nos inquiétudes, nos frustrations ? Nous sommes les mieux placés. Cela va nécessiter un certain timing mais dans quelques semaines, la structure va être organisée pour être assez efficiente dans ce sens-là".

Préserver l'intégrité physique de tous les joueurs

"Est-ce que le calendrier tel qu’il est conçu aujourd’hui ne porte pas atteinte à l’intégrité physique des joueurs ? Cette problématique est liée au nombre de matches et à l’intensité des rencontres. Mais l’ensemble des études scientifiques à venir vont nous conforter dans ce sens: on ne peut pas continuer dans cette course effrénée. Ce n’est pas que pour l’équipe de France. Nous allons travailler sur la nécessité de limiter les matches à l’ensemble des joueurs. Que tu joues en équipe de France, en Top 14, en Pro D2 ou en dessous, les coups que tu prends sont les mêmes pour tout le monde. Il faut prendre le temps de faire un état des lieux pour voir quelles sont les principales causes de cette augmentation de blessés. Mais c’était inespéré de pouvoir limiter le nombre de matches des internationaux. C’est une avancée énorme".

Pas de discours naïf sur le dopage

"On n’a jamais dit qu’il n’y avait pas de dopage dans le rugby. Mais il ne faut même plus parler de l’affaire Laurent Benezech. Nous n’avons pas le discours naïf de dire que cela n’existe pas. Mais il n’est pas planifié, organisé comme certains le disent. En revanche, nous nous insurgeons contre n’importe quel frustré ou aigri de la vie qui se lève un matin pour dire que les mecs sont chargés. Les conséquences pour notre sport sont tellement dommageables, il faut avoir la mesure de nos propos. Nous travaillons pour sensibiliser les joueurs sur le fait que le dopage n’apporte aucune garantie de performance sportive. Nous faisons cette sensibilisation à la base, auprès des centres de formation. On ne doit pas subir notre sport. Mais il ne faut pas se leurrer. Le sport de haut niveau, avec les attentes qu’il y a autour des gamins dans la durée, nécessite l’apport d’autres aliments que le steak ou les frites. Mais il y a une grande différence entre des compléments alimentaires qui sont labélisés, contrôlés, autorisés et des produits illicites. On ne parle pas du tout de la même chose".

Vers un contre-pouvoir ?

"Honnêtement, c’est vrai que nous avons du mal à être entendu par les instances mais avons-nous baisser les bras ? Non ! Lundi (lors de la désignation du nouveau comité directeur, ndlr), nous avons eu la chance d’avoir un représentant de la Ligue Nationale de Rugby qui a échangé avec les joueurs. Il a vanté le fait que notre championnat était attractif mais nous lui avons fait la remarque qu’il n’avait de sens et ne pouvait perdurer qu’avec les joueurs. Peut-être que notre poids politique est insuffisant mais nous allons faire tout ce qu’il faut pour être entendu. Et s’il le faut même, aller plus loin que ça. Si rien n’est fait pour que les joueurs puissent pratiquer leur sport dans les meilleures conditions, peut-être irons-nous au clash pour dire que ce n’est plus possible. Quand ? Comment ? Je ne peux pas le dire aujourd’hui. Mais s’il faut un jour en venir à une grève, j’aurais le courage politique de l’assumer. Je ne m’échapperais pas. Dans l’échange de rapport avec les instances, nous ne sommes pas assez entendus. Nous n’avons pas assez de contre-pouvoir. Il faut que les joueurs fassent partie des différents niveaux de réflexion, de décision. Ce n’est pas une faveur. C’est du bon sens". 

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