Abendanon : "Je vais arrêter, je n'ai pas le choix"

  • Nick Abendanon (ASM Clermont) - 27 mai 2017
    Nick Abendanon (ASM Clermont) - 27 mai 2017
Publié le Mis à jour
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RETRAITE - En fin de contrat à Clermont, l'arrière international anglais devrait mettre un terme à sa carrière. Contraint et forcé.

Comment vivez-vous cette période de confinement ?

Pour moi, c'est assez bizarre. Comme tout le monde, c'est une situation que je ne connaissais pas. La bonne chose, c'est que je peux consacrer du temps à ma famille. Surtout nous vivons un peu à la campagne. Nous avons un grand jardin, de l'espace autour. Pour la famille, la situation n'est pas trop contraignante et je ne veux pas me plaindre, quand je pense à toutes les personnes confinées dans de petits appartement. Le plus dur, en revanche, c'est de garder la forme physiquement.

Avez-vous pensé à rentrer vivre cette période particulière en Angleterre ?

Au début, oui. On s'était dit que ce serait pas mal de rentrer en Angleterre, auprès de nos familles. Mais avec le chômage partiel, pour moi, c'est devenu difficile. Ensuite, rapidement, ils ont fermé les frontières et restreint les voyages. On a donc choisi de rester. Mais nous sommes bien, ici

Comment faites-vous pour garder la forme ?

Je fais avec les moyens du bord, je me débrouille. Chez moi, je n'avais pas grand-chose pour faire du sport un ami de Séb Vahaa (Sébastien Vahaamahina, N.D.L.R.) tient une salle de sport pas loin de chez moi, Fitness Factory. Il m'a prêté un vélo et quelques appareils. Ça m'aide à m'entretenir.

Gardez-vous le contact avec le groupe ?

J'ai des contacts réguliers avec quelques joueurs comme Greig Laidlaw ou Jake McIntyre. Ensuite, il y a un groupe Whatsapp avec tous les mecs de l'équipe. En ce moment, ce sont surtout des blagues qui circulent dessus... Et quelques discussions un peu plus sérieuses. On sent que tout le monde a envie de reprendre et finir cette saison. Si toutefois elle reprend...

A titre personnel, vous êtes en fin de contrat à Clermont en juin prochain. Quelles sont vos perspectives ?

Il n'y en a pas. Ou plutôt, il n'y en a plus. J'avais des contacts avec quelques clubs, des discussions qui avaient avancé. Mais tout s'est refroidi. Je n'ai plus rien.

La situation, avec les compétitions à l'arrêt, ne doit rien arranger...

Oui, ça complique tout. Cette année, c'est la fin de mon aventure à Clermont, je le sais depuis déjà quelques temps. Le club m'a prévenu il y a plusieurs mois. Dans ma tête, j'espérais jouer le plus possible en cette fin de saison pour prouver que je suis encore au niveau et que je peux mériter un contrat dans un autre club. Mais voilà, la crise est arrivée et comme les autres, je ne joue plus. C'est arrivé au pire moment pour moi. C'est dur à accepter mais fin juin, je vais devoir arrêter, je n'ai pas le choix.

On vous sent touché par cette issue...

C'est dur, oui. Pour l'instant, je ne le vis pas très bien. Je ne me sens pas du tout prêt à arrêter, j'ai encore envie de jouer au rugby et cette fin de carrière probable me laisse un sentiment assez injuste. Elle n'est aucunement ma décision. Quand voulez-vous y faire... Il y a des choses supérieures, dans la vie, des événements plus forts que vos projets. Je ne me sens pas prêt à arrêter mais s'il le faut, alors, je m'y plierai.

Vous ne laissez pas une porte ouverte, au cas où ?

On verra si des opportunités se présentent dans les prochaines semaines. Je n'y crois pas trop mais malgré tout, dans les mois qui suivront la fin de cette saison, je vais me maintenir en forme. Au cas où. Mais pour l'instant, je n'ai rien si ce n'est un maigre espoir avec un club anglais.

Et en France ?

Rien du tout. En France, entre mon âge (33 ans) et les quotas de Jiff imposés aux clubs, je crois que je n'ai pas vraiment de chances. C'est dommage : avec mon épouse, notre priorité était de rester en France. Notre famille est bien, ici.

Quid des destinations plus exotiques, comme les USA ou le Japon ?

J'ai pu échanger avec le coach des San Diego Legion. Il y aurait peut-être quelque chose qui pourrait se faire là-bas. Mais ce serait plutôt pour l'aventure, leur championnat vient juste de se lancer. Et je sens que ma femme n'en a pas trop envie...

Toute proportion gardée, votre situation sportive est assez triste...

Oui, c'est triste. Mais ce n'est que du sport, je ne l'oublie pas. Je regarde d'abord l'essentiel : ma famille est à l'abri. Je crois que j'ai plutôt bien su gérer l'argent que j'ai gagné, dans ma carrière Mon souhait de poursuivre n'était pas matériel, c'est l'envie de jouer qui frustre. Il faudra certainement passer outre.

Avec une retraite soudaine, votre après-carrière est déjà prête ?

Oui, j'ai quelques idées sur lesquelles je travaille depuis quelques temps. Ma priorité sera d'apprendre une nouvelle vie, un nouveau quotidien. Il y a quinze ans que le rugby remplit toutes mes journées. Au départ, j'ai aussi envie de prendre quelques temps pour profiter : passer du temps avec ma famille, jouer au golf avec des amis, visiter toutes les régions de France que je ne connais pas encore... Ensuite, on retournera certainement en Angleterre pour avancer vers de nouveaux projets.

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