Procès "Altrad-Laporte" - 6e jour : Atcher, la prime et l’interrogation Score XV

  • Claude Atcher - 9 février 2017
    Claude Atcher - 9 février 2017
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Le sixième jour du procès "Altrad-Laporte" a coïncidé avec l’entrée en scène de Claude Atcher. Interrogé au sujet d’une supposée "prime sans cause" et du fonctionnement jugé opaque de sa société Score XV, l’ancien directeur de "France 2023" a donc répondu à la présidente et l’accusation...

Ce jeudi après-midi, Claude Atcher a été entendu pour la première fois par le tribunal correctionnel de Paris. Pour rappel, l’ancien directeur du GIP France 2023, récemment mis à pied par la ministre des sports Amélie Oudéa-Castera en raison du profond malaise social qui régnait jusque-là dans la structure, est poursuivi pour trois chefs d’accusation : le recel d’abus de confiance, pour avoir perçu une "prime sans cause" de 30 000 euros ; l’abus de biens sociaux, pour avoir supposément fait prendre en charge des frais personnels (crèche, frais de bouche…) à sa société, Score XV (130 000 euros de chiffre d’affaires annuel) ; le travail dissimulé, pour n’avoir pas déposé des déclarations sociales et fiscales à l’Urssaf du Limousin, en 2016. A priori, peu de point de connexion, donc, avec l’affaire "Altrad-Laporte" proprement dite…

Porte de Clichy, l’ancien numéro 8 du Racing a d’abord retracé son parcours professionnel, débuté en tant qu’"éducateur de rue" pour le ministère de la Justice et terminé dans les plus hautes sphères du sport français. Alors interrogé par la présidente, Rose-Marie Hunault, au sujet de sa société Score XV, au centre de toutes les accusations, il expliquait en préambule : "Ma société (dédiée à l’organisaton des grands évènements sportifs) a été créée en 2008. Je l’ai gérée jusqu’en 2011 puis mon fils (Baptiste) a pris le relais. Ce ne fut pas une grande réussite puisque nous nous sommes retrouvés en cessation de paiement quelques mois plus tard. C’est à ce moment-là que Benoit Rover (lui-aussi poursuivi par le tribunal pour des faits similaires) a pris la gérance".

Le procureur : "Score XV est un abus de bien social dans son intégralité"

A cet instant de l’audition, le procureur de la République, François-Xavier Dulin, avançait deux observations mais sans être habité par la conviction dont il avait fait preuve lors des interrogatoires de Bernard Laporte, Mohed Altrad ou Serge Simon. En revanche, le magistrat fut bien plus véhément sur le fonctionnement propre de Score XV, une société qu’il qualifia "d’abus de bien social dans son intégralité". Dans la foulée, les interrogations se succédaient donc : pourquoi la société Score XV a-t-elle versé en 2017 6000 euros à Baptiste Atcher, fils de Claude ? Celui-ci répondait : "Un de nos salariés était occupé pour des missions avec la FFR. J’ai donc proposé une mission à mon fils, concernant la vente de billets pour un tournoi à 7 à Singapour. -Mais que fait votre fils, au juste, monsieur Atcher ?, demandait alors la présidente du tribunal. - Il a été commercial, a travaillé dans la sécurité et gère aujourd’hui une salle de cross fit."

Au sujet des frais de crèche amortis par Score XV pour le dernier enfant de Claude Atcher, celui-ci précisait : "En face de mon appartement, il y a une crèche d’entreprise. Benoit Rover m’a dit que la société pourrait prendre certains éléments de frais de crèche. Au final, ma fille n’y a passé qu’un mois parce que nous avons dû partir à Singapour pour y vivre et la facture totale s’est donc finalement élevée à 1500 euros. Jamais il n’a été facturé 20 000 euros à Score XV". Mais cette étrange facture de "coaching de gym", alors ? Pourquoi l’avoir faite aussi prendre en charge par la société ? "Mon corps était meurtri par les voyages incessants à l’étranger. J’ai donc proposé que je puisse avoir un accompagnement physique, parce que je suis un peu âgé (67 ans)."

Atcher sur la prime : "J’ai travaillé dix mois jour et nuit..."

Pour tout dire, Atcher fut bien plus précis au sujet de ses missions facturées à la FFR et la fameuse prime de 30 000 euros perçue par lui après l’obtention du Mondial. D’où vient-elle, au juste ? "En 2018, expliquait Atcher à ce sujet, je me suis aperçu qu’après la victoire du dossier "France 2023", un sous-traitant de Score XV ainsi que l’ensemble des salariés de la FFR avaient reçu une prime (de 1000 euros). J’ai donc été voir les responsables de la fédération en leur disant : "J’ai la faiblesse de penser que je suis aussi un artisan de cette victoire. J’ai travaillé dix mois jour et nuit, je me suis appuyé sur mon réseau pour convaincre les dirigeants du rugby. Est-ce que ma société mérite quelque chose, également ?" J’ai donc obtenu l’accord de l’obtention de cette prime. Mais personnellement, je n’ai pas touché un euro".

Et les frais facturés à la fédération, alors ? A quoi correspondent-ils ? "Afin de convaincre les grandes fédérations internationales que notre dossier était le meilleur, je me suis déplacé pendant des mois à l’étranger et ma facture téléphonique a considérablement augmenté. Mais cela ne figurait pas, il est vrai, dans le bon de commande initial transmis à la FFR." La défense de Bernard Laporte, à cet instant-là, assurait de son côté qu’il avait été transmis à la comptabilité de la FFR l’intégralité des justificatifs des frais de mission de Claude Atcher pour "France 2023". Dont acte ?

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