Tingaud : "J’ai des propositions à faire pour sauver Agen"

Par Rugbyrama
  • Alain Tingaud, president - Agen
    Alain Tingaud, president - Agen
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PRO D2 - L’ancien président du SUA LG est prêt à remettre les mains dans le cambouis. Il souhaite rencontrer le maire d’Agen et Jean-François Fonteneau pour sauver le club en péril. Selon lui, c’est maintenant ou jamais.

Quel est votre sentiment à l’issue de cette défaite contre Narbonne ?

Nous sommes tous au fond du seau. Tous ceux qui aiment le club. Nous sommes tous très tristes. C’est un désastre industriel. C’est terrible.

Je pensais sincèrement qu’Agen allait gagner. Et sérieusement, cette équipe était à notre portée, il ne faut pas se mentir. Je croyais à ce déclic et que chacun allait pouvoir respirer derrière. Mais je n’en veux même pas aux joueurs. Ils n’ont plus confiance en eux. Point.

Nous vous avons vu réagir sur les réseaux sociaux à l’issue de la rencontre…

Il n’y a plus de mot. C’est pour cela que je ne sais plus quoi dire devant un tel désastre. On est dans une situation où le club est passé en peu de temps d’une montée en Top 14 aux portes de la Nationale. Et clairement, je pense que la partie sportive est la partie émergée de l’iceberg. Le club a, je pense, d’autres soucis. En termes d’organisation, de visibilité, de crédibilité, communication… La situation n’est pas bonne du tout. J’ai été à la tête de ce club pendant 11 ans, donc ça me touche beaucoup. J’ai du mal à assimiler que l’on ait pu tomber aussi bas. Agen est une institution.

Il y a quelques semaines, vous aviez proposé votre aide à Jean Dionis, le maire d’Agen. Qu’en est-il ?

J’ai proposé de m’intéresser de nouveau au projet. J’ai eu une fin de non-recevoir polie sur le court terme. J’avoue que s’il veut continuer à gérer son club (Fonteneau, ndlr) sans ouvrir les discussions avec des gens qui pourraient aider, on ira où l’on ira…

Oui ?

J’ai même appelé deux ou trois administrateurs du club que je connais bien. Pour avoir leur avis et leur donner le mien. J’ai dit : "Je suis prêt à revenir".

Quel était justement votre projet que vous avez soumis à Jean Dionis ?

Je ne le dévoilerai pas par voie de presse. Je vais être très clair : j’ai proposé à Jean Dionis d’organiser un déjeuner avec Jean-François Fonteneau. Je le connais bien Fonteneau, c’est moi qui l’ai adoubé. J’ai proposé que l’on analyse la situation calmement tous ensemble. Il faut trouver les moyens de sortir de cette situation. Ayant piloté le club pendant 11 ans, Massy pendant 4 ans et ayant été à la Ligue pendant 8 ans, je pense que je connais le rugby. Je peux apporter un vrai projet, une vraie façon de faire pour sauver le club. Parce que le projet de court terme, c’est de terminer 14e de Pro D2, à minima. Avant de reconstruire sur les trois prochaines années. Aujourd’hui, je n’ai pas reçu de message disant que c’était ouvert. Donc je continue mes vacances.

Une première tentative est intervenue avec le retour de Deylau

(Il nous coupe) Non mais je vais être très clair encore une fois. Christophe est un très bon coach. Vraiment de grande qualité. Humainement ça passera bien. Mais Christophe est un pansement sur une plaie ouverte. Il n’y a aucun problème avec Christophe Deylaud et je suis même presque sûr qu’il n’y en a pas non plus avec Régis Sonnes et avec les joueurs. Le problème est l’état d’esprit global au club où il n’y a plus de confiance.

Mais encore ?

Vous savez dans une entreprise, quand il n’y a pas de pilote dans le bateau, que vous ne savez pas où vous allez, vous n’avancez pas. Il faut changer ça. Donc Deylaud, oui c’est un super mec, un ancien très grand joueur, un grand entraîneur. Il est parti parce qu’il était lié à Lanta, mais je l’aurais gardé moi. Mais il sera inadmissible de le mettre en cause. Au même titre que l’on ne peut pas mettre en cause Sonnes aujourd’hui. C’est beaucoup plus profond.

Continuez.

Deylaud n’est pas le messie. Tout comme moi si je reviens, je ne le serai pas. Je ne vais pas arriver avec des solutions toutes faites. Je ne fais aucune promesse. Je pense juste qu’aujourd’hui, il y a des changements à faire. Des comportements à avoir. Il faut mobiliser différemment selon moi. C’est mon avis. S’il n’est pas bon, que ceux qui sont là aujourd’hui continuent dans la même direction. En tout cas, perdre contre les deux promus à Armandie, ce n’est pas un succès.

Je me mets à la place de Deylaud qui transpire le rugby. Il est devant une situation extrêmement complexe.

Du côté des supporters, ils ne voient aucune solution se profiler. En existe-t-il vraiment ?

Il y en a. Il faut simplement s’asseoir, en parler, analyser et redonner confiance. Pour redonner cette confiance, cela passera par des détails. Des attitudes, une communication, un comportement, une agrégation de gens qui vont aider.

Vous savez, peut-être que le SUA va perdre les 5 ou 6 prochains matchs. Mais ce n’est pas très grave. Il faut viser la 14e place et que chaque joueur aujourd’hui se sente important. C’est comme dans la vraie vie, je pense qu’il faut savoir qui on est, être sûr de soi et repartir de l’avant. Et cela passe aujourd’hui selon moi par un changement total de direction et de fonctionnement du club.

Donc clairement selon vous, Jean-François Fonteneau n’a plus sa place, ou du moins n’assume pas ses responsabilités ?

En tout cas, je considère que lorsqu’on n’est pas capable d’être lucide et de se rendre compte de ce qui se passe depuis deux ans, il faut que les autres aient cette lucidité pour vous.

C’est-à-dire ?

Il faut bien tirer un constat. On ne peut pas dire dans cette situation que "tous les autres sont responsables, mais pas moi". Est-ce qu’un chef d’entreprise va réfléchir en disant : "ma société ne marche pas, mais c’est de la faute de ceux qui bossent pour moi. Moi je suis blanc, je n’ai rien fait" ? La question est posée.

Quels rapports entretenez-vous avec le président actuel ?

Je n’ai aucune vengeance envers Fonteneau à avoir en tout cas. Je fais le constat qu’il n’a pas fait le boulot qu’il aurait dû faire. Mais je n’exprime aucune rancœur envers lui ou vengeance. Je souhaite qu’on sorte le club de là. J’ai des propositions à faire.

Cette corde se tend. Jusqu’à quand tiendra-t-elle ?

J’en sais rien. Les partenaires et Jean Dionis ont les cartes en main. C’est à eux de décider. Pas pour casser le club. Mais qu’on se mette tous autour de la table et qu’on réfléchisse à comment on va sauver le SU Agen. Ce n’est pas une révolution qu’il faut faire. Il ne faut pas humilier qui que ce soit. Il n’y a pas à humilier Fonteneau, un tel ou un tel. Mais des gens ne seront plus jamais amis. Il faut le savoir. Et nous, nous ne sommes pas amis avec Jean-François dans la vie. Mais l’on peut s’unir pour trouver un moyen de sauver le SUA.

Vous vous dites prêt à revenir. Mais sous quelle étiquette ? En tant que président ?

Tout est possible. En tout cas, si je revenais à la tête du club, cela ne serait pas pour longtemps. Cela serait pour remettre une équipe capable de piloter le club. Moi j’ai 67 ans, je vais très bien et j’ai beaucoup d’occupations. J’ai passé la main.

Mais ?

Mais si je reviens cela sera pour aider à la pérennité. Je ne reviendrais pas pour être président indéfiniment. Je ne veux pas faire cette connerie. J’ai mes conditions, non-négociables, je suis prêt à en discuter. Mais, si je peux, par mon retour, par ma façon d’être, et prendre une fonction d’un an, un an et demi, presque intérimaire, pour remettre un bon fonctionnement managériale, j’y vais.

Mathieu Vich.

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