Vannes passe au révélateur

Par Rugbyrama
  • Pro D2 - RC Vannes
    Pro D2 - RC Vannes
  • Pro D2 - Gerard Fraser (entraîneur de Vannes)
    Pro D2 - Gerard Fraser (entraîneur de Vannes)
  • PRO D2 - Pierre Popelin (Vannes)
    PRO D2 - Pierre Popelin (Vannes)
  • Jean-Noël Spitzer (Vannes)
    Jean-Noël Spitzer (Vannes)
Publié le Mis à jour
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PRO D2 - Co-leader inattendu après six journées, Vannes ne se leurre pas. Résultat d'un bon début de saison, cette place n'a pas changé son statut. Prétendante au top 6, l'équipe bretonne attend la confrontation face à Grenoble ce vendredi soir comme une nouvelle étape dans sa lente mais ambitieuse mutation.

"Grenoble, c'est là qu'il va falloir assurer. C'est le premier test match à la maison. À nous de montrer nos armes." Comme l'ensemble du groupe vannetais, Pierre Popelin n'est pas dupe. Passé de l'arrière à l'ouverture du RCV (depuis l'arrivée de Nick Abendanon en 15), "Pop" ne fanfaronne pas concernant la place de co-leader occupée par le club morbihannais après six journées.

"Les victoires contre Béziers et Rouen se font à l'insouciance et au courage. On arrive à récupérer ces matches dans les 20 dernières minutes, mais avant cela, on n'a pas la main sur la rencontre. Ça montre le caractère de l'équipe, mais il faut consolider notre jeu et nos acquis pour faire "la maille" avant. Et on profite aussi des matches en retard des autres", analyse-t-il soulignant "un début de saison un peu clément. La deuxième partie va se compliquer. On a saisi des opportunités à l'extérieur, mais on n'est passés pas loin de la déconvenue à domicile. Il n'y a pas de quoi s'emballer".

Tableaux Excel et vidéos

"Il n'y a pas de bilan à faire", martèle Jean-Noël Spitzer. "Là, on va jouer les gros (Grenoble, Nevers, Biarritz, Perpignan). Notre effectif est entamé. On n'a plus que deux deuxième ligne, on va rentrer un peu dans le dur. C'est là qu'on va pouvoir faire les constats". Spitzer renvoie donc au 22 novembre pour les analyses, soit après la réception de l'Usap et avant la venue d'Oyonnax. Dix matches auront été joués, un tiers de la saison sera passé.

Seule concession accordée, outre la bonne préparation physique d'avant-saison, dans ce "non" bilan : disposer d'un groupe "capable de se faire violence sur des fins de matches pour gagner ou tenir un résultat", en attestent "six premières rencontres qui se sont jouées à pas grand chose".

Mais cette part de chance, les Bretons la travaillent, explique Gerard Fraser. "On se met dans les conditions de gagner les matches dans le money-time. On a du caractère, mais on a aussi des systèmes en place pour le faire", développe l'entraîneur des trois-quarts, qui a passé son confinement à se gaver de vidéos et de fichiers Excel "pour analyser objectivement nos lacunes et points forts sur les deux dernières saisons : possession, occupation du terrain, franchissements, conquête, ballons volés, vitesse de sortie de ruck...".
Un travail de titan. "Et j'ai relié tous nos entraînements à nos victoires et nos défaites pour essayer de voir ce qui fonctionne. J'ai fait exactement la même chose avec Leicester, les Crusaders, Tasmanie, Exeter et Bordeaux-Bègles".

Pro D2 - Gerard Fraser (entraîneur de Vannes)
Pro D2 - Gerard Fraser (entraîneur de Vannes)

"Nous voulons évoluer. C'est stimulant pour le groupe."

Objectif avoué : trouver les clés de la performance du haut niveau. Conséquence : des changements dans le projet de jeu vannetais et ses méthodes d'entraînement. "Nous avons un quotidien de qualité", constate Spitzer et "une équipe qui se remet en question, qui sait se préparer". "Nous voulons évoluer. C'est stimulant pour le groupe. On lui demande plus de compétences, on le challenge. Nous avons identifié des objectifs, qui le stimulent", abonde Fraser.
"C'est très très exigeant, on en chie pas mal", reconnaît Popelin. "Mais ça forge notre caractère à ne rien lâcher. Si tu demandes trop simple, les joueurs y vont sans se creuser les méninges. Là, plus tu demandes compliqué, plus tu auras d'acquis. Le projet de jeu demande du temps d'adaptation, on sait ne pas être à 100%, mais on essaie".

PRO D2 - Pierre Popelin (Vannes)
PRO D2 - Pierre Popelin (Vannes)

Vannes reste toutefois limité. Quantitativement, l'effectif subit la crise et peu de joueurs d'expérience l'ont rejoint, même si "le groupe se forme bien. Dans la victoire, c'est plus facile. On a eu des moments de cohésion qui ont aidé après la perte de pas mal de leaders à l'intersaison (Dan Tuohy, capitaine et deuxième ligne (fin de carrière sur blessure), Albert Vulivuli, ¾ centre, (fin de carrière) et Hugh Chalmers, 3e ligne, capitaine de touche qui à mis un terme à sa carrière). Les types arrivés sont hyper bonnards", souligne Popelin.

Un "facteur X" espéré

S'il est trop tôt pour savoir jusqu'où ce groupe peut aller, Spitzer espère déjà le voir montrer d'avantage de choses comme "les structures offensives travaillées à l'entraînement. On a encore une marge de progression sur le plan défensif, dans l’efficacité en zone plaqueur-plaqué notamment."
Car l'idée est bien de "construire davantage nos débuts de matches plutôt que de jouer en réaction", argumente Fraser. "Mais il faut garder aussi notre caractère et travailler à avoir davantage d'actions décisives par match. Car on n'aura pas toujours la possibilité d'arracher la victoire dans les dernières minutes, notamment contre des équipes d'expérience."

Contre "les gros" Spitzer est convaincu par ailleurs "que notre structure offensive ne va pas dominer. Il faudra beaucoup d'autres choses : investissement physique, détermination dans les zones, turn-over... Et moins de pertes de balle, sur notre conquête notamment. Des munitions gâchées qui empêchent de mettre en place notre jeu. Et puis il faut des joueurs capables de faire des galipettes sur le terrain. Pour l'instant, soyons honnête, on n'en a pas, contrairement aux équipes de haut niveau."

Jean-Noël Spitzer (Vannes)
Jean-Noël Spitzer (Vannes)

"Les 5 premières places (…) sont quasiment prises. On va être dans la course ( ...) pour celle qui reste."

Et de citer les Tilsley (Usap), Nagusa (Grenoble), Raisuqe (Nevers), Speight (Biarritz), Rokoduguni (Colomiers) capables de mettre "des essais improbables, à un contre quatre" pour vous débloquer une rencontre. Le seul à avoir enrichi Vannes de ces saillies salvatrices s'appelait Joeli Lutumailagi lors de la saison 2017-2018. Son successeur - Curtis, Gratien ? - va-t-il se révéler dans l'effectif actuel ? Spitzer rêve parfois d'un de ces facteurs "X", quand des équipes comme Biarritz et Colomiers confirment leur renaissance. "Les 5 premières places du top 6 sont quasiment prises. On va être dans la course, avec d'autres, pour celle qui reste. C'est l'objectif. Mais on va attendre un peu pour se le dire."

Par Laurent VILBOUX.

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