Acebes : "Ça fait trois ans que je me dis, tous les jours : il faut qu’on y revienne"

  • Pro D2 - Mathieu Acebes (Usap)
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PRO D2 - À quelques jours de la finale de Pro D2 face au Biarritz Olympique (samedi 17h30), son premier club professionnel, le capitaine de l’Usap s’est confié avec sincérité et émotions. Le trois-quarts centre de Perpignan est animé par une farouche volonté de ramener les Sang et Or en Top 14.

Mathieu, quels sentiments vous traversent à quelques jours de ce rendez-vous capital ?

On se sent tout simplement fier, en premier lieu. Ça fait longtemps qu’on travaille pour en arriver là, un moment que l’on s’était dit qu’on irait là. Maintenant, nous n’avons rien gagné. C’est un match, c’est une finale. Il faut la jouer à 200% et il faut qu’on s’y jette dedans ultra-motivé, ultra-déterminé, avec l’envie de faire quelque chose de plutôt sympa.

Pour l’Usap, ce sont deux et même trois saisons entières qui vont se jouer en seulement 80 minutes, samedi…

C’est le sport. Des fois, c’est cruel. Des fois, c’est magnifique. C’est sûr que sur 80 minutes, il y aura trois saisons condensées. Avec des moments forts, très forts dans le mauvais sens du terme, des moments difficiles vécus ensemble. Ce groupe s’est construit sur beaucoup d’étapes. Aujourd’hui, on sait tout ce qu’on a dans la tête. Ce que je demande, c’est d’être très froid, très concentré sur notre tâche. Ne pas se laisser prendre par l’événement.

Comment se comporte un capitaine avant une échéance aussi importante ?

Déjà, j’ai la chance d’avoir un groupe de leaders avec moi qui est très fort. C’est d’autant plus facile pour moi. J’essaie d’être droit, de dire vraiment ce que je pense, ce que j’ai pu vivre et ressentir dans la semaine, dans l’année. Des choses qui marquent, pour faire prendre conscience que c’est un moment important, mais tout en restant mesuré pour rester concentré sur notre travail. Le rôle du capitaine, il est facile quand tu as une équipe comme ça. Il faut juste être à la hauteur, tout le temps, tout le temps, tout le temps. Le capitaine, il n’a pas le droit à l’erreur. Moi aussi, je dois rester concentré sur mon rôle sur le terrain, c’est important. Il faut rassurer tout le monde, toujours être présent, week-end après week-end.

C’est une histoire d’hommes avant tout. Et ça le restera toujours

Avez-vous déjà pensé au discours que vous allez faire à vos coéquipiers, samedi aux alentours de 17h20, juste avant de quitter le vestiaire du GGL Stadium de Montpellier ?

Oui. J’ai plein de choses qui me viennent en tête. Il y a eu trois ans… Il y a plein de choses que j’ai envie de dire. Je ne pourrai pas tout dire, il ne faut pas trop en dire non plus. Mais bien sûr que j’ai envie de leur dire certaines choses. Je me les garde pour le discours d’avant-match. De toute façon, même sans le dire, ils savent déjà tout. On se connaît tous depuis un moment, on se comprend tous. On sait comment on est. Personne n’est parfait, mais au final, on est bien ensemble.

Le groupe usapiste paraît fort, soudé, uni, et affiche une force collective assez rare. Comment l’expliquez-vous ?

C’est aussi parce qu’on s’attèle avec le groupe de leaders à préserver des valeurs importantes, qui nous sont chères. Moi, le rugby professionnel, ça fait un moment que je le connais. Comme d’autres. Bien sûr que le métier est différent par rapport au début de ma carrière, mais c’est une histoire d’hommes avant tout. Et ça le restera toujours. Dans vingt ans, ça sera toujours une histoire d’hommes. Il faut être conscient de ça. Sur le terrain, au-delà du rugby, il y a des hommes, avec des sentiments. Il faut se servir de ça pour être plus fort, et je pense que c’est ce qui fait la différence. Le côté psychologique est très important dans le sport de haut niveau, c’est ce qui fait basculer des matchs, des actions de jeu. L’aspect mental prend tout son sens pour moi, surtout en phases finales.

Comment garde-t-on une telle unité entre quarante garçons durant tout ce temps et malgré les épreuves ?

Je dis toujours qu’il ne faut pas regarder les autres. C’est ma façon de fonctionner. Il ne faut pas regarder ce qui se fait ailleurs, pas comparer et tomber dans le nivellement par le bas de la société à regarder ce que l’autre a ou n’a pas. Je dis toujours : faites votre travail, faites ce que vous avez à faire. C’est le plus important. Et pour bien vivre ensemble, il faut respecter ça. Il ne faut pas chercher les problèmes ailleurs, il ne faut pas se compliquer la vie. La vie, elle est simple. Il faut juste avec une bonne philosophie et s’y tenir. Un groupe de quarante mecs, c’est difficile à gérer. Il y a des egos, des personnalités, des moments forts, des moments faibles, chaque saison. Il faut rester uni. Des fois, tu t’engueules. Des fois, tu t’accroches un peu. Mais ce n’est pas pour autant que l’on ne s’aime pas. Il faut être droit, se dire les choses. Des fois, ça ne fait pas plaisir, mais il ne faut pas rester sur des non-dits. Je n’aime pas les coups dans le dos, je n’aime pas les gens qui ne disent pas les choses en face. On s’attèle à garder ça au sein du groupe avec les leaders, et ça marche plutôt bien.

Perpignan-Biarritz, c’est une finale magnifique

Cette équipe puise-t-elle encore ses forces dans la saison cauchemardesque vécue en Top 14 en 2018-2019 ?

Je parle en mon nom personnel. Mais moi ça fait trois ans que j’y pense. Trois ans que je sais que je veux y revenir. Et trois ans que je sais ce qui s’est passé en haut, que je sais plein de choses. Trois ans que je me dis, tous les jours : Il faut qu’on y revienne et que l’on montre autre chose. Je ne cracherai sur personne. Le public a été ultra-solidaire avec nous cette année-là, le groupe ne s’est pas lâché non plus. Quand je vois la saison d’autres clubs cette année… Mais on ne peut pas laisser les gens penser certaines choses sur l’Usap. Bien sûr que beaucoup ont pensé que l’Usap n’avait pas les qualités pour le Top 14. Moi, je veux leur montrer que je ne suis pas d’accord avec ça et je veux leur montrer que cette équipe est bien plus forte que ça. Je pense que beaucoup de joueurs ont ça dans la tête. Nous nous sommes certainement trompés, quand on est monté en 2018, on s’est laissé prendre par l’événement peut-être. Si ça doit arriver cette année, on ne se fera pas avoir comme ça. Et pour tout ça, on doit être à la hauteur samedi. Il faut qu’il y ait match.

L’Usap était programmée pour jouer la montée la saison dernière. Il y a eu une énorme frustration avec l’arrêt des compétitions. Comment êtes-vous parvenus à passer au-dessus de cette nouvelle épreuve ?

Si je me souviens bien, lors de la dernière intersaison, on nous avait prédit un peu l’enfer avec la perte de Cocagi, de Bousquet, de Forletta, et que nous ne serions pas prêts à refaire une saison comme celle-ci. La force du groupe a parlé finalement. C’est ce que je dis toujours : À l’Usap, nous ne sommes que de passage. L’Usap n’appartient à aucun joueur. Qu’importent les joueurs que tu mets sur le terrain, l’institution est plus grande que tout. L’important, pour nous, c’est de faire un passage sympa dont on se souvient. Qu’on en reparle des années après. Ce qu’on a vécu, c’était assez incroyable. Un an de coupure comme ça, ce n’était jamais arrivé dans la société, avec 36 millions de questions dans la tête… Et malgré tout, on est resté déterminé, on a fait face, on a su se remettre en question. Aujourd’hui, on est à quatre-vingts minutes de terminer un travail important.

Pro D2 - Mathieu Acebes (Usap)
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Votre adversaire en finale est Biarritz, un autre club historique du rugby français…

C’est un club que j’affectionne et que je respecte beaucoup parce que j’y suis passé. J’ai commencé ma carrière professionnelle là-bas. J’y ai évolué avec des légendes du rugby, et ça marque une vie et une carrière. L’Usap et Biarritz, ce sont deux bastions du rugby français. Quand on voit les années 2005-2012, ce sont des équipes qui ont performé au plus haut niveau. Coupe d’Europe, championnat… Ce sont deux gros clubs. Perpignan-Biarritz, c’est une finale magnifique. C’est super.

Sur le plan du rugby, que craignez-vous chez le BOPB ?

Il y a beaucoup de choses à craindre. Je les connais parfaitement. Ils sont très très forts dans beaucoup de secteurs de jeu. On ne les présente pas. S’ils sont en finale, c’est qu’ils le méritent aussi. Biarritz est une équipe très complète, avec un très bon jeu au pied, un très bon jeu de mains, un très bon jeu d’avants, avec une épique dorsale qui est monstrueuse. Ils ont une équipe exceptionnelle, et on le sait, si on ne fait pas un grand match, ça sera difficile.

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