Soyaux-Angoulême : un malaise profond

  • Pro D2 - Mirco Bergamasco (Angoulême)
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  • PRO D2 - Kessler (Soyaux-Angouleme)
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  • Pro D2 - Didier Pitcho (Soyaux Angoulême)
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Pro D2 – Désormais officiellement condamné à la descente en Nationale, Soyaux-Angoulême doit maintenant se tourner vers l’étage inférieur avec une reconstruction à mener, dans un contexte économique pas évident. Après une année difficile sûr et en dehors du terrain, le défi sera de taille.

Clairement, on se doutait au moment de prendre la température au sein du club charentais, seulement quelques heures après l’officialisation de la relégation, que les personnes allaient être marquées. Alors que la sentence devenait de plus en plus inévitable, le couperet est officiellement tombé vendredi soir pour le SAXV, après la vingtième défaite de la saison.

"C’est vrai qu’on le sentait venir et ce n’est pas la pleine forme mais il n’y a pas à discuter, sur le terrain, cette descente on l’a méritée", reconnait le président Didier Pitcho. Quand une saison part mal… Je n’incrimine personne. On est tous responsables. C’est la saison cauchemar par excellence", poursuit celui qui avoue être encore hanté par les fins de matchs (perdus) à Oyonnax et Grenoble, des décisions arbitrales, et qui avait pris la décision d’écarter son manager Adrien Buononato dès octobre, après une quatrième défaite consécutive.

PRO D2 - Kessler (Soyaux-Angouleme)
PRO D2 - Kessler (Soyaux-Angouleme)

"On avait une belle équipe. On a peut-être fait deux ou trois erreurs de recrutement mais après (le changement d’entraineur), à moins d’être un magicien, c’est hyper compliqué pour arriver à redresser la barre. Le malaise était profond", au sein d’un groupe qui a vu Vincent Etcheto reprendre les rênes. Et ce malaise, c’est surement l’élément central de cet échec sportif. Mirco Bergamasco est resté au sein d’un staff composé d’un trio "que les joueurs avaient demandé à faire partir, dit-il. Je suis resté et j’ai ravalé ma fierté. Ce qui m’a dérangé c’est que lorsque l’on demande quelque chose, il faut une réaction derrière. S’il n’y en a pas, c’est que tu as fait les choses juste pour toi et pas pour l’équipe."

L’entraineur des lignes arrières sait désormais qu’il ne continuera pas l’aventure à l’échelon inférieur et avoue avoir été marqué par cet épisode clé dans la saison. "Il faudra terminer en montrant un autre visage mais je pense que l’on n’était pas tous sur la même longueur d’ondes", explique l’Italien.

'' Je faisais mon boulot mais j’ai perdu de vue l’essentiel en essayant d’avoir l’approbation de tous. ''

Mirco Bergamasco a justement vécu toute cette saison, et les deux modes de fonctionnement. Aujourd’hui, l’ancien trois-quarts estime que "le SAXV est un club qui marche à l’affectif et pas à l’humain. L’humain, c’est dans le respect de la personne. L’affectif, c’est réfléchir avec le cœur. Le fait que ce soit devenu un business fait que les clubs sont gérés comme des entreprises, ce sont des machines qui ont parfois des engrenages. Quand ça ne marche pas, tu remplaces une pièce et ce n’est pas toujours la bonne pièce, lance-t-il avec franchise. Il ne manque pas de passion au SAXV mais il y a une remise en question à faire. De tous les côtés. Et je me suis remis en question."

Alors que l’ex-joueur du Racing et du Stade français poursuit sa formation d’entraineur, cette expérience l’aura quoi qu’il arrive fait grandir. "Si je n’apprends pas de cette saison, je suis un peu con", sourit-il. Avant de poursuivre son analyse sur ce qui n’a, selon lui, pas fonctionné ces derniers mois.

"J’ai essayé de changer et de comprendre ce qui ne marchait pas. Je pense avoir tout fait pour me faire intégrer et pour le nouveau projet. Mais je me suis trompé car j’ai voulu faire plaisir plutôt que de continuer à faire mon boulot. Je me le reproche. Je faisais mon boulot mais j’ai perdu de vue l’essentiel en essayant d’avoir l’approbation de tous pour montrer que je ne me tournais pas les pouces. J’en ai perdu mes croyances", analyse Mirco Bergamasco, qu’Adrien Buononato avait fait venir en Charente et qui ne sait pas encore où il va rebondir.

"Je ne suis pas d’accord sur toutes les décisions qui ont été prises au SAXV, avoue-t-il, mais je les accepte. Sauf que je me suis trop adapté. Je suis tombé dans le ‘faire plaisir’. En fait, je m’en fous de faire plaisir. Je veux être performant sur le terrain. J’ai des regrets car il y avait de très bons joueurs et je leur souhaite, la saison prochaine, de retrouver le plaisir un peu perdu cette année, de bien redémarrer la saison."

'' La situation est exceptionnelle et gravissime. Je ne voulais pas de descentes. ''

L’avenir s’inscrit pour l’instant à l’étage inférieur, et si Vincent Etcheto a longtemps rappelé que "si l’on devait descendre, on descendra, et on remontera", Soyaux-Angoulême aurait bien aimé éviter devoir gérer cette situation, notamment sur le plan économique. C’est pourquoi lors des récentes discussions au sein du Comité Directeur de la LNR, certains présidents de TOP 14 et de PRO D2 proposaient de geler les descentes.

Pro D2 - Didier Pitcho (Soyaux Angoulême)
Pro D2 - Didier Pitcho (Soyaux Angoulême)

Didier Pitcho faisait partie de ces dirigeants invoquant "la solidarité du milieu du rugby. J’ai agité le mouchoir rouge mais on ne peut pas me taxer d’opportunisme car lors du premier confinement, j’avais déjà demandé un championnat sur deux saisons, rappelle le président du club charentais. La situation est exceptionnelle et dramatique à cause du Covid, encore plus catastrophique que l’année dernière. C’est pour ça que je ne voulais pas de descentes. C’est une double peine car je redescends en Nationale avec des moyens de Fédérale 2."

Concrètement, si le SAXV n’a pas de problème financier, il doit faire face à une perte d’abonnés et de partenariats (comme tous les clubs). "J’ai mis dix ans à monter 3,6 millions d’euros de partenariats locaux. Depuis un an et demi, on nous a demandés des remboursements et l’on tient grâce aux mesures gouvernementales. L’an prochain, il va me manquer 1,5 millions d’euros de la Ligue et j’ai déjà perdu 1,2 millions de partenariats. Cela fait 2,7 millions et ce n’est pas normal alors qu’il faut que j’arrive à reconquérir notre public et nos partenaires et que tout s’est étiolé, s’inquiète Didier Pitcho. Je suis chef d’entreprise, je vais droit dans le mur et je n’ai pas de perspectives", enchaine-t-il. Alors à court terme, il y aura ce déplacement à Carcassonne pour clôturer sportivement cette saison 2020-2021, puis la nécessité de reconstruire avec toujours Vincent Etcheto à la tête de l’équipe, mais forcément un effectif à remanier pour des joutes différentes. Et un budget à refaire.

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