Le journal du maintien - À Soyaux-Angoulême, Etcheto veut reconstruire autour du groupe

Par Rugbyrama
  • Vincent Etcheto
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PRO D2 - À deux journées de la fin du championnat de Pro D2, Soyaux-Angoulême n’a quasiment plus d’espoir de maintien cette saison. Vincent Etcheto a des regrets mais veut surtout relever la tête en créant une nouvelle dynamique de groupe pour remonter rapidement et stabiliser le club.

Après la victoire bonifiée face à Colomiers, vous avez encore un espoir de maintien ?

Tant que c’est possible sur le plan comptable, il reste un espoir. Il est vraiment minime mais il est surtout dans ce qu’on a été capables de faire pendant 40 minutes. On joue bien au rugby et pour moi le sport, il est plutôt dans le comportement des joueurs. Après, il reste la réalité du classement et de la descente ou pas. On serait plus heureux économiquement et sportivement en Pro D2. Mais on y croit encore.

À l’image de cette victoire, vous ne faites pas une mauvaise deuxième partie de saison…

Oui mais elle est entachée par quatre ou cinq résultats catastrophiques. Des matchs comme celui à Valence Romans où on fait un match nul alors qu’on doit gagner avec le bonus, après on reçoit Montauban et ça se joue à deux transformations face aux poteaux et un drop ratés. Il y a trop d’occasions gâchées. Après, on aborde celui à Aurillac sans trop y croire alors qu’on devait le gagner aussi. Ce seront, avec du recul, les gros regrets.

C’est terminé au stade Chanzy
Nos violets s’imposent avec le bonus offensif !

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Qu’est-ce qui a pêché ?

C’est une saison qui a été prise en cours, avec des manques dans l’effectif, dans le rugby et dans l’ambiance de l’équipe. Il y avait tout à reconstruire. On a perdu du temps sur ça, tout en essayant d’aller à l’essentiel. On aura des regrets, mais par contre on sent qu’il y a quelque chose qui est en train de renaître, et ça, c’est agréable.

L’objectif, ce sera de retrouver un groupe, un état d’esprit

Le fait que vous restiez en poste la saison prochaine, c’est aussi que vous voyez du potentiel dans l’équipe ?

Oui, il y a du potentiel. Mais après, il ne faut pas se mentir, on est dans un milieu qui est difficile. C’est génial quand on est dedans mais des entraîneurs de rugby, il doit y en avoir 400 ou 500. Des professionnels qui vivent bien de ça, il n’y en a qu’une centaine. Donc on fait partie des privilégiés. Quand j’ai une opportunité, avec en plus la confiance d’un président adorable, Didier Pitcho, qui me dit que ça l’intéresserait que je continue… À l’époque, on venait de faire un match courageux à Oyonnax alors qu’on était en difficulté et avec ces joueurs-là qui se donnent et un président qui donne de la confiance, je n’avais aucune excuse. Financièrement, ce n’est pas un salaire de Top 14 mais je vis très bien donc je ne fait pas de sacrifices à rester à Angoulême. La vie, c’est une question d’équilibre et je trouve mon équilibre.

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"C'est à l'image de la saison, on est capable de faire des choses très bien et des choses un peu plus moyennes"

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Au-delà de ça, c’est aussi un message pour le groupe pour dire "on va reconstruire ensemble" ?

C’est même le message essentiel. Par rapport au groupe, j’ai appelé Didier Pitcho le lendemain d’Oyonnax en disant que je voulais continuer. Il y a la majorité des joueurs qui me plaisent, même s’il y en a qui m’agacent aussi comme dans tous les groupes (rires). J’ai trouvé un environnement, un staff, que j’ai un peu modifié, dans lequel je me sentais bien. Pour ce club, avec tout le travail fait en amont pour en arriver là, bien sûr que c’est râlant de devoir redescendre une marche. Mais ça peut aussi permettre de reconstruire encore plus solidement et de renforcer le centre de formation, l’engouement autour, de faire un projet région et d’avoir quelque chose qui sur deux ou trois ans, peut ancrer ce club au minimum dans le milieu de tableau en Pro D2.

L’objectif l’année prochaine, c’est de remonter directement ?

L’objectif, ce sera de retrouver un groupe, un état d’esprit, un projet de jeu qu’on est en train de construire, de se remettre des règles de fonctionnement parce qu’il y avait du laisser-aller. J’ai une certaine façon d’aborder le management, mais si on lâche trop de lest ou si on donne trop confiance et trop de responsabilités à certains joueurs qui ne sont pas prêts à les assumer, on est parfois cocu ou trahit. Il y a des choses à remettre à plat, il n’y avait pas de règles dans ce groupe. C’était un groupe qui vivait un peu sur la rébellion mais pas vraiment, pas de leadership qui se dégage, pas de notion de compétition entre eux, pas d’émulation. Donc il y a tout à reconstruire. Le potentiel des joueurs fait qu’on peut viser d’être dans le haut de tableau du Nationale. Et après je le sais, les phases finales ça se joue avant de se gagner.

Il y a besoin d’avoir des gens en qui tu as confiance et qui vont être relai

Quelle serait l’erreur à ne pas faire l’année prochaine ?

D’aller trop vite. Vous m’auriez appelé il y a cinq ans, j’aurais dit "on va remonter de suite", parce que je suis un optimiste. Maintenant, par expérience, je connais les difficultés de la notion de groupe, des aléas… Il y a tellement d’éléments qu’on ne maîtrise pas. J’admire les gens qui disent qu’ils maîtrisent tout, il y en a quelques-uns dans ce Top 14 et Pro D2, mais moi je ne maîtrise rien. J’essaie de comprendre mon environnement et de m’y adapter du mieux possible.

Pour ça, vous vous entourez de joueurs en qui vous avez déjà confiance…

On dit que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. Je fonctionne beaucoup à l’affectif, il y a besoin d’avoir des gens en qui tu as confiance et qui vont être relai. Abdellatif Boutaty, je l’ai connu un an et demi à Bayonne, on ne peut pas dire qu’on était ami mais quand je lui serre la main, qu’on parle de rugby ou d’autre chose, il y a de la confiance. Et un mec comme ça, à 37 ans, on en a besoin. Met Talebula, il était abîmé, tout le monde disait qu’il était perdu pour le rugby. Alors, ce n’est plus le Talebula que j’ai connu à Bordeaux mais il m’a rendu service. Il marque encore un essai magnifique contre Colomiers (offert à Iban Etcheverry, ndlr).

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« (Saubusse) C’est un super joueur, un gamin sérieux » Vincent Etcheto#SAXVUSCo #Presse #Rugby #ProD2

— SA XV Charente Rugby (@SAXV_Charente) April 20, 2021

Et Manu Saubusse, il vient non-seulement parce que j’adore le mec et le joueur, mais aussi parce qu’on était le seul club Pro D2 et Top 14 même Nationale réuni, à ne pas avoir de 9 qui bute. Ça permettra de soulager Matthieu Ugalde qui est un très bon numéro 10 que j’ai croisé à Bayonne, qui n’aime pas assumer la charge du buteur. Je l’ai forcé un peu en essuyant des critiques mais il m’amène ce que je veux dans le jeu. Donc si en plus il a un demi de mêlée qui le soulage sur le jeu au pied, il sera encore meilleur.

Abdellatif Boutaty pourrait intégrer le staff l’année prochaine ?

Ce n’est pas d’actualité. Déjà, il n’est pas préparé à être entraîneur et financièrement, on n’a pas les moyens d’engager des gens en plus. Ce qui est sûr, c’est qu’on s’entend très bien, qu’il s’entend très bien avec l’entraîneur des avants. Tanguy Kerdrain m’a dit que ça l’arrangerait que de temps en temps, Abdel vienne l’aider. J’ai donc proposé à Didier Pitcho, ça se fera à dose homéopathique, et pourquoi pas d’ici un an ou deux faire quelque chose de plus. Mais il faudra que ça concorde avec la structuration du club.

Si on peut retrouver une vie normale et une équipe enthousiaste d’Angoulême qui gagne...

Que penser de cette possible descente au final ?

À l’image de l’atmosphère du moment, avec cette crise Covid, c’est un peu bâtard [sic]. On est professionnel, on a la chance de pouvoir exercer notre métier dans de plutôt bonnes conditions, même si on doit se faire tester tous les mardis mais ce n’est pas très grave. À l’arrivée, on joue pour être devant du monde, pour se prendre la tête avec les supporters qui ne sont pas contents ou qui justement sont contents après le match, etc. C’est un métier passion et là, ça devient un métier "stats", classement et je ne m’y éclate pas. C’est pour ça qu’on essaye de trouver du plaisir dans la vie de groupe et dans les résultats. Et quand tu prends un groupe qui, sans être méchant avec l’ancien staff, a été chamboulé par ce qui s’est passé avant, le plaisir tu le prends où ? Donc c’est une saison mitigée, le rugby qu’on pratique, je ne dis pas que c’est une excuse, il est irrégulier.

Il vous tarde donc que le public puisse revenir ?

Le rugby c’est hyper important, mais franchement, il me tarde surtout qu’on reprenne une vie normale. Même personnellement, d’aller en Espagne parce que je vis à Bayonne, de manger des tapas, de boire un coup avec des amis, d’aller au stade voir l’Aviron ou l’UBB jouer, ça m’aurait fait plaisir de retourner à Chaban-Delmas. Donc si on peut retrouver une vie normale et une équipe enthousiaste d’Angoulême qui gagne, quelle que soit la division où on joue, dans des stades pleins… On a un joli stade en plus ici, il y a des gens passionnés, il y a des dirigeants et partenaires que je ne connais pas. D’ailleurs, je ne connais personne au club à part ceux de la bulle sanitaire ! Je veux retrouver ça.

Propos recueillis par Yanis GUILLOU

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