Estebanez : "J’ai eu le droit à la banderole Ultras Violets à mon mariage !"

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    Estebanez : "Le XV se rapprochera toujours plus du XIII..."
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PRO D2 – Tout fraîchement nommé manager de l’US Bressane, Fabrice Estebanez prendra officiellement ses fonctions le 1er janvier. L’ancien trois-quarts centre international et entraîneur adjoint des Bleuets s’exprime pour Rugbyrama sur cette arrivée dans l’Ain et l’ambition qui l’anime pour ce nouveau défi.

Alors que vous étiez membre du staff de l’équipe de France des moins de 20 ans, qu’est-ce qui a motivé votre décision de rejoindre l’US Bressane ?

Déjà, l’opportunité. C’est vrai que c’est arrivé en pleine préparation du Tournoi (des VI Nations des moins de 20 ans, N.D.L.R.), mais l’envie était de revenir en club après cette expérience. Je voulais prendre le temps d’être formé. Je suis en plus motivé car c’est un club que je suis depuis quinze ans. Ma femme est de Bourg-en-Bresse, et j’ai toute ma belle-famille là-bas. Mon beau-frère a joué à Bourg-en-Bresse, mon beau-père est dans la Tribune CGT depuis 30 ans et j’ai eu le droit à la banderole "Ultras Violets" à mon mariage ! Cela correspond à mon caractère, car je suis quelqu’un de passionné et je trouve qu’il y a une passion autour de ce club qui est extraordinaire. Tout était aligné pour que j’y aille. Cela arrive maintenant, ce n’était pas programmé, mais les opportunités, il faut les prendre. Je trouve que c’est un club qui est fait pour moi qui vais débuter dans le monde professionnel. Et il y a un défi qui est intéressant, ainsi qu’un projet derrière.

Avant d’évoquer ce projet et votre ambition, qu’est-ce que cette première expérience d’entraîneur avec les moins de 20 ans français vous a apportée ?

Au début, je ne savais pas si je voulais entraîner. Après, Bernard (Laporte) m’a demandé si cela m’intéresserait de commencer avec les jeunes et je me suis dit : pourquoi pas ! Finalement, après y avoir goûté, j’ai vite compris que c’est ce que je voulais faire. C’est un autre domaine, mais il était sûr que je voulais me former avant d’aller chez les professionnels. C’est un autre métier, totalement différent, et je pense que beaucoup de gens se sont trompés en voulant y aller de suite. Il y a une méthodologie et il faut apprendre à connaître ce que l’on est. Le fait d’être, en plus, à la Fédération et de pouvoir travailler avec les meilleurs jeunes, dont certains jouaient déjà en pro, cela m’a apporté de la rigueur. Et c’était un challenge à chaque rassemblement. Cela m’a permis de me mettre des défis, car les jeunes, si vous n’êtes pas bon, ils vous le disent ! C’est intéressant. Je voulais avoir toute la caisse à outils pour pouvoir me lancer dans le monde pro. J’ai beaucoup d’amis qui sont managers, qui étaient contents, mais qui m’ont dit : tu rentres dans la machine à laver.

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?? ??????? ?????????, nouveau Manager de l'équipe professionnelle de l'USBPA, est venu signer son contrat et a pu visiter les infrastructures du stade Verchère

? Nous lui souhaitons la ????????? à Bourg-en-Bresse#AllezViolets pic.twitter.com/8mQmfa4ddc

— USBPA Rugby - Bourg-en-Bresse (@USBPA_Rugby) December 26, 2021

Car votre quotidien sera différent, ce sera tous les jours sur le terrain !

Exactement. C’est pour ça que je voulais me former. Je remercie Bernard (Laporte), Serge (Simon), Philippe Boher, Sébastien Calvet, Sébastien Piqueronies, Jean-Marc Béderède (membres de l’encadrement des U20, N.D.L.R.), qui m’ont donné tous ces outils pour me sentir prêt à sauter le pas. J’ai vraiment appris à leurs côtés.

Quel challenge pour débuter, celui de sauver l’US Bressane de la relégation…

C’est vrai que l’objectif à court terme est de tout faire pour essayer de rester dans le monde professionnel, dans cette division. Après, j’amène un projet sur plusieurs années. Aujourd’hui, la situation dans laquelle on est n’est pas idéale, mais il reste quinze matchs. Il y a un groupe de joueurs qui fait les choses, et surtout un groupe de caractère comme on a pu le voir sur le dernier match contre Grenoble. Après, c’est surtout le projet que j’ai présenté qui a plu à ce club et aux dirigeants.

Justement, quel est-il ? Qu’avez-vous envie d’essayer d’apporter à ce club ?

J’ai surtout envie de rassembler le peuple bressan, dans ce stade qui est mythique, où il y a toujours eu de la ferveur. Je veux essayer de partager un maximum avec les clubs autour, avec les écoles de rugby, les staffs, leur ouvrir la porte de Verchère et du club. C’est vrai qu’Oyonnax a pris beaucoup de place et je crois qu’aujourd’hui Bourg-en-Bresse doit reprendre la place qui doit être la sienne dans l’Ain, aussi forte que ce qu’a réussi à créer Oyonnax. J’ai envie que chaque petit garçon et que chaque petite fille des alentours, de l’Ain, veuille, rêve, et soit fier de porter ce maillot violet. Comme j’ai beaucoup travaillé avec les jeunes Français, j’ai envie de remettre la formation dans un rôle majeur, pour ressortir des Bressans comme Pierre Bochaton (2e ligne de l’Union Bordeaux-Bègles). La Bresse est un fief du rugby et j’ai envie de rassembler les gens pour offrir, avec mes joueurs et mon staff, des émotions. On est là pour ça. J’ai envie de rassembler tous les Aindinois.

Je n’ai pas de baguette magique. Je ne viens pas en sauveur. Je viens avec une vision différente.

Vous n’auriez peut-être pas - encore - franchi ce cap pour un autre club ?

Il y a en effet un lien par alliance, familial, et le fait que je connaisse un petit peu le club et les gens autour. Le papa de mon beau-frère a été l’un des premiers présidents de l’école de rugby de Bourg-en-Bresse, mon beau-frère entraîné les tout petits et son frère a entraîné Lionel Nallet. Justement, mon ami Lionel est là. Je ne le dis pas trop fort, j’espère qu’il viendra me voir (il sourit). Quand j’étais à Gaillac, en Fédérale 1, je suis venu jouer en 2006 à Bourg-en-Bresse. On était 1er de Poule, eux seconds, et l’on a fait un match devant 8 000 personnes ! Je me suis demandé ce que c’était que ce club avec une ferveur énorme. Puis en quart de finale à Issoire, le stade était violet. Après, j’ai connu ma femme et j’ai appris à connaître le club. Il y a des gens passionnés et j’ai besoin de ça. Je suis quelqu’un du Sud, j’ai joué à Brive où il y a aussi cette passion. Je fais ce métier par passion et quoi de mieux que d’avoir un peuple passionné autour de ça ? Je trouve cela extraordinaire.

Vous avez donc suivi les matchs de la phase aller mais, peut-être, avez-vous cette envie de tourner la page ?

Par le biais de ma belle-famille, c’est un club que je suis depuis longtemps. Quand je regarde le Pro D2, je regarde les matchs de Bourg-en-Bresse. Mais avant tout, j’ai envie de rendre hommage à Yoann (Boulanger), qui a fait un boulot depuis 33 ans, dont 12 ans à coacher l’équipe. C’est quelque chose d’exceptionnel. Il sera difficile de revoir des gens aussi passionnés et attachés à leur club de cœur. Il a vécu quatre montées et il a structuré le club. J’ai échangé avec lui quand je suis venu pour Pierre Bochaton, mais aussi en début d’année pour savoir s’ils avaient des jeunes pour les moins de 20 ans. Chapeau ! Dans ces histoires, il y a toujours des déçus et des heureux. Aujourd’hui, c’est moi, mais je trouve que Bourg-en-Bresse peut lui rendre hommage, car il a fait vivre des émotions à beaucoup de Bressans. Cela arrive dans notre métier, personne n’est à l’abri et je suis persuadé que durant ma future carrière, cela peut m’arriver.

L'ancien Briviste prendra ses fonctions le 1er janvier !https://t.co/fUBjpuRtT9

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) December 23, 2021

Vous comptez vous appuyer sur le staff déjà en place ?

Bien sûr. Il y a un staff en place. J’ai eu tout le monde au téléphone. Comme je leur ai dit, je n’ai pas une baguette magique. Je ne viens pas en sauveur. Je viens avec une vision différente. J’ai besoin d’eux. Je vais m’appuyer sur eux, car ils connaissent au maximum le groupe. J’ai déjà échangé avec des leaders. Petit à petit, on va apprendre à se connaître et à fonctionner ensemble. Je vais essayer de leur apporter une nouvelle dynamique et beaucoup de confiance. Quand on voit les matchs contre Béziers ou Grenoble, ou certaines séquences contre Bayonne, il y a de la qualité. Il y a peut-être de petites choses à régler. J’ai la chance d’avoir une expérience du très haut niveau en tant que joueur, mais aussi avec les moins de 20 ans et le XV de France. Car depuis que Fabien (Galthié) est là, on a beaucoup travaillé ensemble. J’ai beaucoup appris à leurs côtés. On va essayer d’amener des petits détails du très haut niveau.

En tant qu’entraîneur, vous avez forcément des principes de jeu. Cela entre-t-il dans votre réflexion au moment de prendre les rênes de l’équipe ?

C’est surtout, d’abord, de me fondre dans ce groupe pour savoir comment il fonctionne, les profils qu’il y a. Quoi qu’il arrive, je vais énormément travailler sur l’identité. J’avoue que cela fait déjà un moment que j’épluche… Ce qui est important, c’est de revenir au plus proche de l’identité et de la culture du club. Il y a quelques années, mon beau-père m’a offert le livre des 100 ans de Bourg-en-Bresse, donc je l’ai épluché en trois semaines ! On n’est que de passage, alors l’identité et la culture sont des choses primordiales. Après, les modèles et les systèmes de jeu, ils sont assez similaires. Mais sur quoi se rapprocher dans les moments compliqués, c’est ce que je vais m’efforcer de trouver, trouver les forces sur lesquelles ils se sont bâtis.

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