Dumange : "Une reprise sous le signe de l’attente"

  • Regis Dumange (President)  et Xavier Pemeja
    Regis Dumange (President) et Xavier Pemeja
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Au moment de retrouver les terrains de Pro D2, le Président de l’USON exprime ses doutes et ses inquiétudes face à la situation sanitaire actuelle. Mais si Régis Dumange reste conscient des difficultés actuelles, il prône avant tout le retour au jeu. Pour le reste, le boss neversois attend de voir l’évolution des choses au jour le jour, avec la menace que le rugby perde une partie de son âme …

Régis, après plus de 6 mois d’interruption, le championnat va enfin reprendre. Comment appréhendez-vous cette reprise tant attendue ?

Je vous avoue que je suis quelque peu dans le doute… Bien évidemment tout le monde a envie de reprendre, mais on souhaiterait que les choses se fassent en toute sécurité pour tous les acteurs. Que ce soit les joueurs ou les spectateurs, c’est une période difficile et d’ailleurs nous avons fait le choix de retarder notre période d’abonnement, afin d’avoir le plus de réponses possibles, quant à nos capacités d’accueil au stade du Pré-fleuri. Avec une jauge de 5.000 personnes, je crains une baisse minimum de l’ordre de 30 % de nos abonnés, car les gens vont avoir tendance, fort logiquement, à se montrer très prudents vu le contexte actuel. Finalement, il est peut-être encore un peu trop tôt pour reprendre…

Néanmoins, pouvait-on se permettre d’attendre plus encore avant de relancer le rugby ?

J’aurais préféré qu’on décale la reprise du championnat au moins d’un mois supplémentaire, pour permettre de faire sereinement la reprise des entreprises, des écoles et de l’activité en ce mois de septembre. La sagesse veut qu’aujourd’hui on retrouve et qu’on occupe les terrains… Mais pas n’importe comment ! On doit être responsable et on sait que la reprise du championnat va être compliquée et qu’il faudra gérer tout cela au jour le jour. La saison va être inévitablement perturbée à tous les niveaux.

On sait que pour un Président de club, gérer c’est prévoir et pourtant la visibilité dans cette période n’est pas évidente ?

On ne peut absolument rien prévoir à l’avance ! Pourtant on a travaillé comme des fous et nous avons fait de nombreuses réunions avec la Ligue Nationale de Rugby (LNR) pour prévoir tous les cas de figure possibles. Pourtant, à l’heure de la reprise, on s’aperçoit aujourd’hui qu’il n’existe aucune vérité face à la situation sanitaire et le protocole qu’elle a engendré. On subit véritablement la situation et on est plus pilote de rien. On va là où le vent nous pousse, et pourtant je suis quelqu’un qui aime avoir la maîtrise des choses et avoir une vision plus lointaine. Pourtant aujourd’hui on doit avancer et il faut occuper le terrain en jouant coûte que coûte.

Le rugby est-il pour vous particulièrement en danger aujourd’hui ?

Le rugby est par essence un sport de contact. Si le football est impacté alors que c’est plutôt un sport d’évitement. Comment peut-on dire aujourd’hui à un joueur d’arrêter de vivre, d’être prudent à l’excès dans sa vie quotidienne, avec sa famille pour ne pas risquer de contracter le virus ? Chaque mercredi "on sert les fesses" au moment d’effectuer des tests PCR. Et que fera-t-on quand les premiers tests seront positifs ? On ne pourra pas réserver les transports, les hôtels à l’avance, car il faudra faire de nouveaux tests et attendre dans le stress et l’angoisse, que ce soit les dirigeants ou les joueurs. Si cette situation devait durer de longs mois, voire même des années, le rugby pourrait en mourir…

Si cette situation devait durer, le rugby pourrait en mourir

Que faut-il donc attendre de ce début de saison dans une telle situation ?

On s’avance peut-être vers une manière de jouer différente, plus axée vers du jeu de mouvement, sans tenir vraiment compte du score. Avec le risque de report, le championnat sera-t-il intègre ? Est-ce qu’on s’avance vers une nouvelle année qu’il faudra oublier comme la saison passée, sans champion, sans montée ni descente ? Pourra-t-on simplement terminer le championnat ? Ce sera peut-être l’occasion de faire monter des jeunes en équipe première pour compléter les effectifs, mais il faudra faire très attention à leur santé aussi. Au sortir du confinement j’avais retrouvé un peu d’optimisme, mais aujourd’hui je suis très inquiet …

Il va donc falloir inévitablement gérer les choses au jour le jour ?

On verra sans doute apparaître de nouveaux cas après les premiers affrontements de ce début de saison, alors on va attendre et voir comment les choses vont se passer et comment gérer les choses sans faire prendre le moindre risque aux joueurs. Si on pouvait savoir comment les choses vont évoluer, comment les partenaires vont réagir devant le manque de spectateurs… Le rugby c’est la fête et aujourd’hui les gens vont dans les stades avec prudence, ne participent pas à cause du masque et la distanciation. Il n’y a plus de vie après les matchs ni de convivialité entre les joueurs et leurs supporters. C’est plus le rugby que l’on aime et on ne peut s’empêcher d’avoir en soi une très grande tristesse…

Selon-vous, les instances ont-elles-fait le nécessaire pour reprendre sereinement ?

Bien sûr que oui ! Je peux vous garantir que nos réunions à la LNR ont été très constructives. C’était une ligue très ouverte, très à l’écoute de ses clubs. Le Top 14 et la Pro D2 ont travaillé main dans la main pour trouver les moins mauvaises solutions. Paul Goze s’est comporté comme un vrai patron, pour cadrer les débats et nous permettre de penser uniquement au rugby et au jeu. A partir de maintenant on va se concentrer sur ces éléments, pour au moins ravir le peu de public qui sera autorisé à venir au stade et donner une belle image du rugby compte tenu des circonstances.

Cette crise peut-elle mettre à mal votre passion et donc d’une certaine façon, remettre en cause votre engagement dans le rugby pour le futur ?

C’est dans l’adversité qu’on voit les gens qui ont du mental. Moi j’ai toujours cette envie de me battre et je n’ai pas la volonté de baisser les bras et de jeter à la poubelle quelque chose que j’ai mis dix ans à construire. Je viens du monde de l’entreprise et il faut savoir utiliser les moments difficiles pour se réinventer et se montrer opportuniste. Face aux problèmes on doit trouver des solutions, c’est pourquoi on a mis en place notre académie de rugby à Nevers pour essayer de former des jeunes issus de notre région et donner une véritable identité à notre club. On va continuer à se structurer, même si aujourd’hui on est clairement dans un palier de décompression.

Parlons tout de même de jeu, avec une belle première journée qui s’annonce pour l’USON du côté de Grenoble, un des favoris du championnat ?

On a des choses à faire oublier sur le match de la saison passée. Même si nous avions réagi au match retour, on avait énormément souffert à Grenoble. On a la volonté de montrer dès cette première journée que nous avons envie de jouer une place parmi le Top 6 de cette Pro d2, et on doit encore progresser dans ces oppositions avec les ténors du championnat. On ne sait pas trop vers quoi on s’avance avec ce contexte, mais on sera tout de suite dans le bain avec ce déplacement en Isère !

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