Garrault : "Maintenant, il va falloir assumer"

  • Nicolas Garrault
    Nicolas Garrault
Publié le
Partager :

PRO D2 – Une semaine après leur succès à Provence Rugby, les joueurs landais ont enchaîné face à Perpignan dimanche dernier. Une réaction collective importante pour le troisième ligne montois Nicolas Garrault même s’il demeure très prudent à l’approche d’une fin de bloc périlleuse contre Aurillac (vendredi, 20h).

Rugbyrama : À quel point ce large succès contre Perpignan a fait du bien au groupe ?

Nicolas Garrault : C’est vrai qu’on était un peu dans le dur depuis le début de l’année et une nouvelle défaite à la maison, ça aurait fait tâche. On a su être conquérants et solidaires toute la partie donc c’est un match qui fait beaucoup de bien à la tête de tout le monde.

C’est très rare de voir le Stade Montois en période de crise, c’était le cas après quatre revers de suite dont deux à domicile, qu’est-ce qui s’est passé ?

N.G : La défaite contre Vannes était celle de trop. On a eu des mots dans le vestiaire et dans la semaine après le match avec les entraîneurs, le président et entre nous. On a pris conscience qu’il fallait se réveiller parce que c’était déjà la moitié de la saison et on avait laissé passer trop de chances.

Le discours de votre président a visiblement été musclé…

N.G : C’est vrai que je n’avais jamais vu le président comme ça. Il est venu nous parler avant une séance vidéo et c’était très intense. Il nous a dit ce qui allait se passer si on ne se bougeait pas… C’est un président de nature discrète, qui n’aime pas s’étendre partout, ni faire des discours toutes les semaines auprès du groupe, mais on a compris qu’il était vraiment très sérieux et qu’il ne fallait pas déconner avec lui. En quatre ans, je pense que c’était la deuxième fois que je le voyais intervenir pour des soucis au club.

Qu’est-ce qui vous a fait réagir dans ces échanges ?

N.G : On n’est pas habitué à jouer le bas de tableau et on avait vraiment peur de ne pas remonter. Se retrouver douzième ou treizième après Vannes, ça nous a tous fait un choc. On s’est dit : "putain, on ne va pas jouer les phases finales cette année !". Le match à Provence était le rendez-vous parfait parce qu’ils nous avaient battu à la maison. Si on voulait faire quelque chose, il fallait commencer par eux. Avec la réception de l’USAP en suivant, on était vraiment au pied du mur et obligé de montrer ce que l’on avait vraiment au fond de nous.

On jouait chacun de notre côté.

Du coup, qu’est-ce que vous aviez au fond de vous ?

N.G : On a mis du temps à le comprendre. On connaît les qualités de notre groupe, les joueurs qu’on a et on sait qu’on n’a rien à envier aux autres équipes. Il fallait juste qu’on reprenne confiance en nous. Tout le monde voulait être le sauveur du club mais ce n’était pas le cas, on jouait chacun de notre côté. On faisait la passe de trop, on n’était pas soudé en conquête, c’était partout l’un après l’autre. On a compris qu’il fallait travailler ensemble pour avancer. C’est dommage de s’en rendre compte maintenant, mais désormais on sait qu’on a les ressources pour montrer largement mieux.

Il y a eu un changement de staff à l’intersaison, est-ce que ça a joué ?

N.G : Oui, je pense qu’il y a un peu de ça. Pendant six ans, on a eu les mêmes entraîneurs donc on s’était peut-être installés dans une routine d’entraînement. Les nouvelles méthodes de Darri (David Darricarrère ndlr) ça nous a changé de Kiki (Christophe Laussucq ndlr) et peut-être un peu déstabilisés. Après on ne peut pas se cacher derrière ça non plus car le groupe de joueurs n’a pas beaucoup bougé. On a perdu quelques mecs mais on a eu aussi de belles recrues comme Adrien Seguret qui est champion du monde ou encore Teiva (Jacquelain ndlr) qui est un gros joueur de sept… Je pense surtout qu’il fallait que la mayonnaise prenne.

Cela peut expliquer votre manque de maîtrise sur le terrain ?

N.G : Quand David est arrivé, il a prôné un jeu de mouvement où il ne fallait pas hésiter à jouer les coups à fond. Peut-être que des fois on s’est un peu emballés en tentant des passes impossibles et en s’exposant un peu trop. On n’osait pas ou quand on osait, on le faisait mal. C’est vraiment ce manque de confiance en nous qui a fait qu’on n’arrivait pas à gérer les matchs.

Les joueurs se sont exprimés et une simplification du projet de jeu a été demandée, c’était nécessaire de revenir à des bases plus pragmatiques ?

N.G : Oui, la quasi-totalité du groupe a souhaité simplifier le projet. On voulait un peu plus codifier notre jeu pour que ce soit plus clair pour nous. Quand est-ce qu’il fallait jouer et quand est-ce qu’il fallait calmer, c’est ce qu’on a fait ce week-end face à Perpignan. Je pense que c’est ce discours-là qui nous aide en tant que joueur à bien s’organiser sur le terrain.

Le groupe montois comporte aussi des jeunes qui découvrent la Pro D2 depuis peu de temps, l’amalgame avec les plus anciens a mis du temps à se faire ?

N.G : Au Stade Montois, on est obligé de compter sur la formation. Ce week-end, on a terminé avec deux piliers du groupe Espoir, le talonneur qui l’était il n’y a pas encore très longtemps, Romain Durand en deuxième ligne, Maxime Gouzou et Alexandre Bécognée en troisième ligne. J’étais le plus vieux devant alors que j’ai 28 ans (il rigole). Finir un match face à Perpignan avec cinq ou six jeunes de moins de 25 ans dans le pack, ça montre bien que la formation montoise est un point fort et que le mélange fonctionne. Les jeunes ne sont pas là pour combler un trou, ce sont des mecs qui méritent leur place.

J’ai plus peur d’Aurillac que de Perpignan.

Après ces deux victoires de suite, qu’est-ce que vous vous êtes fixés comme objectifs ?

N.G : Comme Talo (Rémi Talès ndlr) nous a dit à la fin du match, c’est bien d’avoir gagné ces deux matchs mais il ne faut pas que ce soit un feu de paille. L’USAP, c’était le premier donc on avait la trouille de les recevoir. Provence nous avait battu chez nous donc on avait une revanche à prendre. Maintenant, on va rentrer dans le vif du sujet et il va falloir assumer sur les rencontres qui suivent. Aurillac, on a gagné chez eux donc il ne faudra pas être dans l’excès de confiance.

C’est d’ailleurs l’un des maux du club depuis quelques saisons…

N.G : Oui au Stade Montois, c’est un peu comme ça. Dès qu’on joue un gros, on va avoir la peur au ventre et on va se surpasser. Mais dès qu’on pense jouer des équipes plus faibles, on va être suffisants donc on va passer complètement à travers. Face à l’USAP, on savait qu’il fallait se sortir les doigts alors que là il y a ce risque de se croire arrivés parce qu’on a battu le leader. Franchement, j’ai plus peur d’Aurillac que de Perpignan.

Vous êtes à neuf points du top 6, vous y pensez ?

N.G : Après Vannes, je ne nous voyais même pas accrocher la première moitié de tableau. Maintenant, avec ces deux victoires de suite, on peut espérer viser le haut si on ne déconne pas trop à domicile et qu’on arrive à en accrocher deux ou trois à l’extérieur. Mais ce n’est pas l’objectif qu’on s’est donné, on ne va pas s’enflammer. Si on a l’opportunité de gratter une place pour les qualifications, on essaiera. Mais on revient de loin.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?