La saison de la maturité pour l’USAP ?

Par Rugbyrama
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PRO D2 - Sans être flamboyante, la formation catalane a développé une certaine culture de la gagne cette saison, comme en témoignent ses trois dernières victoires à l’extérieur. Mais les Sang et Or sont exigeants et aimeraient exploiter la marge de progression dont ils disposent.

"Une grande équipe ne perd pas deux fois d’affilée ". Jeudi dernier à Vannes, Quentin Walcker et les Catalans ont frappé fort. En s’imposant chez le leader de la Pro D2, Perpignan a réagi de la meilleure des manières, une semaine après son premier revers de la saison à domicile contre Béziers. Un accroc, un accident vite rattrapé, peut-être un peu moins oublié. Alors que les coéquipiers de Mathieu Acebes arrivent au tiers de la phase régulière, le premier bilan comptable s’annonce clairement positif pour l’Usap. Sept victoires en neuf rencontres, jamais le club roussillonnais n’avait réalisé un aussi bon départ au deuxième échelon national.

Un effectif moins dense mais un collectif plus fort

Surprenants résultats ? Pas vraiment, car Perpignan reste l’un des cadors du championnat de France. Deuxième au classement au moment de l’arrêt de la saison 2019-2020, la bande à Patrick Arlettaz faisait toujours figure d’épouvantail et de favori aux premières places avant la reprise, au même titre qu’Oyonnax ou encore Biarritz. Pourtant, à l’inverse du club basque, Perpignan ne s’est pas vraiment renforcé à l’intersaison. Pire encore, l’Usap a dégraissé son effectif et a perdu des forces vives comme le pilier Enzo Forletta (Montpellier), le centre Adrea Cocagi (Castres) ou encore l’arrière Jonathan Bousquet (Grenoble). Rien que ça. Malgré quelques recrues, la formation catalane n’est plus aussi dense que par le passé. Comment fait-elle alors pour rester aussi compétitive, et même réaliser des performances qu’elle n’aurait peut-être pas accomplies par le passé, comme ces succès étriqués à Nevers ou Vannes dernièrement ?

"Aujourd’hui, il y a vraiment un assemblage intéressant entre l’expérience et la jeunesse. On a des joueurs très expérimentés dans le groupe, et on a aussi l’insouciance des jeunes. C’est ce qui fait que l’on est capables de sortir de situations qui sont assez difficiles, aussi bien dans les matches que dans la saison ", déclare Gérald Bastide. " L’effectif est à maturation. Les jeunes joueurs ont maintenant un minimum d’expérience avec une dizaine ou une vingtaine de matches à leur compteur, et les joueurs les plus expérimentés, qui ont vécu des moments difficiles dans d’autres clubs ou à l’Usap, savent quand est-ce que c’est important dans une rencontre. Le mélange des deux fait qu’ils sont capables de se dire au cours d’un match : ‘‘là c’est le moment, il faut qu’on fasse quelque chose’’. D’être à l’unisson dans ces moments-là nous permet de passer des caps et de réagir, pour pouvoir transformer, comme en tennis, des balles de break en balles de match ", détaille l’entraîneur de la défense et de la technique individuelle. Jeudi dernier à Vannes, les Sang et Or ont été menés tout le match. Il ne leur a suffi que de quelques minutes, et un drop de Thibauld Suchier à la 78e, pour l’emporter. C’est même la première fois depuis plus de quatre ans que Perpignan s’impose sans marquer le moindre essai.

Exigeante, l’Usap en a encore sous le pied

Plus matures, plus complets, plus pragmatiques… les champions de Pro D2 2018 ne sont toutefois pas aussi spectaculaires qu’il y a deux ans, ni aussi flamboyants que la saison passée. Manque de rythme ou encore adaptation aux nouvelles règles, les Sang et Or ne proposent pas encore le même contenu que celui auquel il avait habitué ses supporteurs et les observateurs. Faut-il leur en tenir rigueur ? Las des exigences extérieures, Patrick Arlettaz est monté au créneau cette semaine. "Je trouve qu’on est dur avec les joueurs. Avec tout ce qu’on leur demande en terme d’adaptation depuis le début de la saison, être à sept victoires sur neuf ça ne mérite pas de se faire la gueule tous les matins. Je suis persuadé qu’on connaîtra des moments plus durs dans la saison. Aujourd’hui, l’essentiel est là quand même ", rappelle l’instigateur du jeu catalan.

"Malgré la victoire à Vannes, il n’y a pas tellement de confiance à l’entraînement. Et ça, ça me fait chier. Je trouve qu’on n’est pas sympa avec les joueurs. On leur demande beaucoup de choses. Ils se font tabasser après Béziers, ça c’est normal. Ils vont ensuite gagner chez le leader, mais malgré tout ils auraient pu faire trois passes de plus… ça va, c’est bon. Les mecs ont gagné sept matches sur neuf. On peut quand même s’applaudir trois secondes. Et bien non, pas tant que ça. Parce qu’ils veulent bien faire, toujours plus. Ils sont un peu déçus que tout le monde ne soit pas content. Ça les met un peu dans le doute ", peste Arlettaz. Lucides, les Catalans sont parfaitement conscients de ne pas être encore à leur meilleur niveau. Cette marge de manoeuvre supplémentaire, l’Usap ne la dispose pas encore et ne veut pas s’en affoler.

"Sur l’aspect défensif, on fait encore des fautes assez bêtes et naïves sur un match. On doit avoir entre 25 et 30% de marge pour aller au-delà, quand on regarde un petit peu tout : l’efficacité, l’efficacité des plaquages, la discipline, la conservation des ballons, la capacité à conclure lorsqu’on franchit la ligne. Quand on regarde, on a une marge de 20% d’efficacité individuelle et collective est réalisable ", explique Gérald Bastide. "Je reste persuadé qu’avec le rugby que l’on produit actuellement, ça ne sera pas suffisant pour remplir les ambitions qui sont les nôtres à la fin de la saison. C’est suffisant pour gagner sept matchs sur neuf aujourd’hui, mais c’est tout. Par contre, ce que l’on construit maintenant, c’est peut être ce qui nous manquait par le passé. On verra si cela porte ses fruits. Pour l’instant, nous sommes en retard sur nos déplacements offensifs et nos passes, oui. Mais il y a plein d’autres choses en rugby ", conclut Patrick Arlettaz. À son rythme, Perpignan construit sa saison.

Pour être sacré champion et retrouver le Top 14, le club catalan devra retrouver de sa superbe. Mais d’ici là, il pourra s’appuyer sur une force collective qui n’a sans doute jamais été aussi forte. Quant à eux, les deux prochains matchs à domicile (Aurillac puis Soyaux-Angoulême) pourraient permettre aux Usapistes de passer un cap supplémentaire. Gagner encore, mais gagner brillamment, à nouveau.

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