Etcheto : "Jouer, ce n’est pas prendre des risques. C’est respecter le rugby"

  • Pro D2 - Vincent Etcheto (Bayonne)
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  • Pro D2 - Tristan Tedder contre Carcassonne
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  • Pro D2 - Baptiste Héguy contre Carcassonne
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Publié le Mis à jour
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PRO D2 - Malgré la période hivernale, l’Aviron s’attache à proposer un jeu basé sur le mouvement. Et pour l’instant, ça fonctionne plutôt bien.

Jean Dauger, vendredi dernier. Il ne reste que vingt secondes à jouer. Bayonne vient de marquer son cinquième essai de la rencontre, a le bonus offensif en poche, et mène 39-10. Pourtant, sur le bord de la touche, Vincent Etcheto en demande encore. L’entraîneur des arrières bayonnais presse son ouvreur, Tristan Tedder, pour qu'il transforme en vitesse, afin d’avoir une dernière munition à jouer. Un coup d’envoi et deux minutes plus tard, Van Lill aplatit en bout de ligne le sixième essai d’un quart d’heure de folie, qui a vu Bayonne franchir à quatre reprises la terre promise.

"Les pessimistes vont dire que si on joue un coup de trop, on peut se blesser glisse Vincent Etcheto". Mais lui n’est pas de cette nature : "Non seulement, je pense que ça permet de garder de la confiance, mais aussi de respecter le public. Les gens viennent au stade, ils payent jusqu’au bout, ce n’est pas à nous de décider d’arrêter le match. Jouer, ce n’est pas prendre de risques. Jouer, c’est respecter le rugby et le jeu. Il y a trois ans, en demi-finale de Pro D2, j’avais demandé à Julien Jané de jouer le dernier ballon alors que c’était terminé..."

Pro D2 - Tristan Tedder contre Carcassonne
Pro D2 - Tristan Tedder contre Carcassonne

Des progrès…en hiver

Paradoxalement, après un début de saison où les progrès défensifs furent bien plus remarqués que l’animation offensive, c’est au creux de l’hiver que l’Aviron est en train d’afficher son visage le plus séduisant en termes de jeu de mouvement. Malgré les conditions pas toujours simples au Pays Basque, la volonté est là : "Il fallait d’abord régler la défense, ensuite, notre conquête rappelle Etcheto. On a beaucoup changé d’arrière, d’ailier, de centre… Ce n’était pas évident de trouver l’homogénéité. Mais malgré ce turn-over, il y a des repères communs qui font que chaque joueur qui rentre sait à peu près quel est son rôle et l’initiative qu’il doit prendre sur le terrain. Avec des conditions pas toujours évidentes pour jouer, on essaye. Déjà, c’est bien. Et ensuite, il y a pas mal de réussite actuellement. Ce que j’aime, c’est la prise d’initiatives. Il y a un progrès sur le jeu de ligne et collectivement avec cette envie de faire passer le ballon, de jouer debout, d’alterner des cellules organisées avec du jeu dans le désordre. C’est franchement intéressant. "

Intéressant et efficace. Vendredi dernier, les Bayonnais ont effectué 246 passes dans le match, n’ont perdu que 14 ballons et donc marqué 6 essais. Quinze jours plus tôt, face à Oyonnax ils en avaient inscrit 4, dont un superbe signé Robinson à la conclusion d’une action digne du Super Rugby. "Il y a des beaux essais, des beaux mouvements, mais nous avons encore une grosse marge de progression" annonce le technicien.

Les attentes d’Etcheto

La première composante de cette marge concerne les phases de jeu en première main : "Nous avons marqué des essais sur des premiers temps de jeu, des mêlées, des touches, mais trop rarement. Bien sûr, c’est lié à la conquête, mais elle est en progrès. Nous avons eu une touche parfaite ce week-end, la mêlée progresse aussi. On se dit que plus on a de ballons, plus il faudra être précis. On pourra alors mettre de l’alternance."

Alterner, justement. C’est la seconde volonté d’Etcheto et du staff ciel et blanc : "Je ne suis pas un fana du jeu au pied, mais dans ce rugby moderne - et on l’a vu dimanche avec les Anglais contre les Français - il faudra qu’on sache alterner : faire des beaux mouvements, marquer dans le désordre sur des contre-attaques, puisque c’est l’arme du rugby moderne. Et je pense qu’on ne marque pas assez d’essais sur du jeu au pied. Il faut qu’on soit capable de lober les défenses très agressives. On s’est embêté pendant une mi-temps face à Carcassonne qui montait haut, à 13 ou 14 sur le rideau. Il faut que l’on puisse faire reculer ces équipes avec notre pied. Le jeu d’attaque, c’est la main, le pied, l’axe. On est en train de trouver cette alternance, mais pour moi, nous sommes à 50 ou 60 % de ce que l’effectif peut produire parce qu’il y a de la qualité. " Prometteur pour la suite avant l’arrivée des beaux jours.

Pro D2 - Baptiste Héguy contre Carcassonne
Pro D2 - Baptiste Héguy contre Carcassonne

Robinson, Rouet, des retours qui font du bien

Parmi les joueurs en forme du moment qui permettent, en partie, aux ciel et blanc de faire la différence ces derniers mois, difficile de passer à côté des performances de Sean Robinson. Blessé aux ligaments croisés en janvier dernier, le Sud-Africain s’est distingué avec un triplé face à Carcassonne. Sur les quatre derniers matchs, il a inscrit un tiers des essais bayonnais (5 sur 14). Retour payant. "Il a un beau gabarit, car même si ce n’est pas un golgoth, il est affûté et en pleine forme physique. Mais il a surtout de la vitesse. Comme toutes les blessures graves, il a mis du temps à revenir. Il retrouve la plénitude de ses moyens et c’est hyper intéressant" juge Etcheto.

Absent de longs mois après sa suspension, Guillaume Rouet apporte également la vitesse qui le caractérise. Il l’a montré, contre Carcassonne, avec une bonne entrée. Sans oublier les jeunes Tedder, Muscarditz, Tisseron ou Marty - probablement auteur de son meilleur avec l’Aviron vendredi dernier - pour ne citer qu’eux, qui ne cessent de s’affirmer. "L’effectif est en pleine progression parce qu’il y a de l’émulation, que les joueurs sont obligés de s’y filer à l’entraînement savoure l’ancien ouvreur. L’animation offensive, c’est un état d’esprit, il faut avoir envie de le faire. Beaucoup de clubs ou d’équipes nationales l’écrivent ou le mettent sur le papier. Après, il faut arriver à convaincre les joueurs que se faire des passes au rugby, ce n’est pas prendre des risques. Il faut savoir quand les faire et ne pas les faire. Ça, c’est la qualité du bon joueur. C’est comme le bon chasseur."

Pablo Ordas

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