Spitzer : "C'est ultra fragile, un grain de sable peut très vite arriver"

Par Rugbyrama
  • Pro D2 - Gerard Fraser (entraîneur de Vannes)
    Pro D2 - Gerard Fraser (entraîneur de Vannes)
  • Pro D2 - Hugh Chalmers et ses coéquipiers du RC Vannes contre Colomiers
    Pro D2 - Hugh Chalmers et ses coéquipiers du RC Vannes contre Colomiers
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PRO D2 - Face à Mont-de-Marsan samedi, Vannes ne va pas jouer le match de sa vie. Ni même celui de sa saison car les Bretons ne sont pas dupes : s'ils n'ont rien volé pour arriver là, rien ne leur garantit de réitérer l'an prochain. Le club morbihannais a en effet encore beaucoup à faire pour se pérenniser.

Certes ce Vannes - Mont-de-Marsan n'est pas un match comme les autres. En cette fin de saison régulière, les deux formations doivent gagner pour rester dans le top 6 et disputer les phases finales. Et même s'il n'est pas question de jouer la montée pour les Bretons, l'idée est bien de prolonger le plaisir pris – et donné à ses supporters – cette année. "Tout le monde ne se rend pas compte de la saison réalisée, de ce que font les gars. C'est juste extraordinaire. Il y a deux ans on jouait notre dernier match à La Rabine, pour se maintenir !", rappelle Olivier Cloarec, Président du RC Vannes.

Si l'enfer était promis au petit breton alors promu en Pro D2, les Morbihannais ont cravaché pour s'offrir cette place au soleil. Trois ans – seulement – après leur arrivée à cet échelon, une place de barragiste (à domicile?) sanctionnerait un ultime succès samedi après-midi.

Ça n'est pas un accident si nous sommes là

"Le challenge était difficile à atteindre, souligne Jean-Noël Spitzer, le manager. Oyonnax, Brive, les traditionnels relégués, et les éternels candidats - Mont-de-Marsan et Bayonne – ne laissent pas beaucoup de place aux autres sur la ligne de départ. Mais quand tu es compétiteur tu te fixes des objectifs, celui-là en est un." L'ambition – évoquée en interne dès le début de saison - aura eu le mérite d'assurer à Vannes un maintien serein dès la 24e journée, sans avoir à connaître la pression de la relégation au cours d'un exercice maitrisé (16 victoires, 1 nul, 12 défaites, 10 bonus).

"C'est l'aboutissement d'un dur et long travail après une première année de découverte et une deuxième d'apprentissage. Là, on sentait ce groupe progresser. Depuis l'accession, nous parvenons à conserver les joueurs que nous voulons. Cette année, on avait décidé d'aller chercher quelque profils plus expérimentés pour nous aider à passer ce cap", explique Olivier Cloarec. Fort d'un enchaînement de 6 victoires consécutives (de la 23e à la 28e journée contre Massy, Biarritz, Bourg, Bayonne, Montauban et Aurillac), Vannes s'est donné le droit de voir plus grand avec cet espoir de barrage.

On peut même avoir un peu peur de la saison prochaine

"Ça n'est pas un accident si nous sommes là, insiste Spitzer. Mais la conséquence d'un bon recrutement, d'une bonne pré-saison, d'une cohésion dans le staff et de la qualité du travail fourni. Mais c'est ultra fragile, un grain de sable peut très vite arriver. On l'a vu avec Colomiers ou Montauban cette année. Ca peut vite basculer dans l'autre sens. Profitons, en espérant que ça ne s'arrête pas dimanche, par ce qu'on ne peut pas présager de la saison suivante." Là est la crainte – et la lucidité – des Bretons. "Cette saison n'augure pas de ce que l'on est capable de faire l'année prochaine, confirme son Président. On peut même avoir un peu peur, car on est en train de vivre une saison extraordinaire. Le groupe a fait ce qu'il fallait pour, mais le redémarrage de la saison prochaine pourrait être compliqué."

Pro D2 - Hugh Chalmers et ses coéquipiers du RC Vannes contre Colomiers
Pro D2 - Hugh Chalmers et ses coéquipiers du RC Vannes contre Colomiers

Car le club vannetais sait ô combien il doit encore faire évoluer ses structures pour être pérenne : tribune supplémentaire à La Rabine pour plus d'hospitalités, développement de sa formation pour répondre au règlement sur le statut Jiff, rénovation et extension de son centre de formation... "Aujourd'hui, on a des conditions de travail qui ne sont pas en adéquation avec la compétition, prévient Spitzer. Elles n'ont pas évolué depuis la Fédérale 1. On a eu de la chance cet hiver : sans terrain synthétique, c'est un coup à se planter complètement."

Dans une situation compliquée si on ne réagit pas très vite

Contraint aujourd'hui à s'entrainer dans une commune voisine quand le mercure vient geler ses terrains, le club vannetais mesure sur ce seul exemple tout le chemin encore à parcourir avant de prétendre à autre chose qu'une place de trublion. "On finit notre troisième année pro sans réellement avoir agi. Le constat, c'est qu'on est potentiellement dans une situation compliquée si on ne réagit pas très vite." Certes, Vannes va bien augmenter son budget d'un million pour la saison prochaine (9 millions au total), les projets pour la nouvelle tribune et le centre de formation – avec terrain synthétique - avancent, mais peut-être pas assez vite au goût du manager.

"On est pas là pour aller trop vite, mais construire sereinement, intelligemment, pour être certains qu'à chaque marche gravie, on ne redescende pas derrière, tempère le président. A notre arrivée en Pro D2, il y avait 30 000 dossiers en même temps. Il a fallu prioriser, avancer pas à pas. Mais aujourd'hui il est réellement temps de retravailler Jo Courtel (son stade historique aujourd'hui centre d'entraînement) pour le très haut niveau et notre formation", concède-t-il. Car l'ambition est bien de donner envie aux – jeunes – joueurs français de rejoindre le Morbihan pour construire le RCV de demain. "Si on regarde ce que fait La Rochelle, y a pas photo. Il faut qu'on avance pour progresser vers le plus haut niveau", renchérit Cloarec.

Reconduire le staff

"A la montée, on avait un projet sur trois ans, avec des objectifs "Cap 2020" : classement sportif, budget,… On les a atteints. Il faut se projeter sur une nouvelle aventure", un nouveau cycle de trois ans qui devrait passer par la reconduction du staff en place ; alors que celui-ci est en fin de contrat en juin 2020. La volonté semble partagée, reste à régler les conditions. D'ici là, cette fin d'exercice en Bretagne, avec sa perspective de phase finale, "est extraordinaire. Il y aura évidement déception après match si on devait ne pas se qualifier, mais pour ma part, trois jours après je me remettrai au travail", assure un président du RCV, qui oeuvre avec son staff à ancrer davantage encore le seul club professionnel de la région dans l'ovalie hexagonale.

Par Laurent Vilboux

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