Etcheverry : "À cœur de montrer que j'en valais la peine"

  • Pro D2 - Iban Etcheverry (Soyaux Angoulême) contre Biarritz
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  • Pro D2 - Iban Etcheverry (Colomiers)
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PRO D2 - Désormais ailier de Soyaux-Angoulême, après une année en prêt à Colomiers, Iban Etcheverry enchaîne les bonnes performances en ce début de saison. À 21 ans, le champion du monde U20 en 2018 avec l’équipe de France, savoure après une intersaison pleine de doutes.

Rugbyrama : Dans quel état d’esprit est le groupe charentais après ce second bloc qui a vu Soyaux perdre sa place de leader au profit de Grenoble ?

Iban Etcheverry : On était conscient que l’on n’allait pas rester leader jusqu’à la fin de la saison. Les gros qui descendent du Top 14 mettent du temps à se lancer, on le savait. On a pris le maximum de points sur le premier bloc pour éviter justement de se faire peur très vite, après, si on avait plusieurs crashs. On en a eu deux d’affilée à Perpignan et à la maison, contre Grenoble. Il fallait vraiment se ressaisir sur le dernier match, on l’a bien fait contre Aurillac. On a montré que l'on avait les armes pour faire des belles choses dans cette Pro D2.

Qu’est ce qui manque à Soyaux-Angoulême pour titiller les relégués du Top 14 ?

I.E. : Honnêtement, je ne sais pas. C’est une équipe en reconstruction, elle a perdu un manager qui était là depuis longtemps. Ça change beaucoup de repères. Il reste quand même beaucoup d’anciens, qui ont connu l’ancien fonctionnement. Il y a eu aussi pas mal d’arrivées. Il faut le temps que la mayonnaise prenne, que tout le monde trouve sa place et ses repères dans l’équipe. Après, je ne sais pas comment ça va se passer dans le futur, peut-être que l'on pourra aller les titiller. Ou pas. Peut-être que l'on restera dans le milieu de tableau de Pro D2. Aujourd’hui, je ne sais pas trop ce qui nous manque. Contre Grenoble, nous avons été dépassés sur tous les points stratégiques du match.

Le groupe est conscient que l'on ne sera pas premier. On ne montera pas en Top 14 cette année

Cela peut-t-il servir de piqûre de rappel après l’euphorie générée par cette place historique de leader ?

I.E. : Qu’on le veuille ou non, oui. Le groupe est conscient que l'on ne sera pas premier. On ne montera pas en Top 14 cette année. Mais il y a beaucoup d’envie dans le groupe, tout le monde a envie de faire de belles choses. Que ce soit cette année ou les années suivantes.

La défense du SA XV est apparue beaucoup moins hermétique, sur les quatre derniers matches, que sur le premier bloc (13 essais encaissés contre 3). Comment l’expliquez-vous ?

I.E. : Il y a toujours le côté analytique qui se met en place au fur et à mesure de la saison. On voit comment les équipes défendent et attaquent. Sur le premier bloc, certaines équipes nous avaient peut-être pris de haut ou pas bien analysé. Sur le second bloc, elles ont peut-être été plus loin dans l’analyse pour trouver un peu plus de failles. Après, aujourd’hui, il n’y a rien d’inquiétant au niveau du nombre d’essais pris, on a joué deux grosses équipes de Pro D2. On verra sur le prochain bloc.

Le premier essai de la saison de PRO D2 inscrit à Chanzy par Iban Etcheverry ! ?
Le résumé de #SAXVRNR ? https://t.co/wF9VmbgpAv pic.twitter.com/kxauoDBDZi

— SA XV Charente Rugby (@SAXV_Charente) September 10, 2019

Soyaux-Angoulême reprend justement le dimanche 3 novembre avec un déplacement à Valence-Romans, toujours à la recherche d’un premier succès après huit défaites et sans doute remonté comme une pendule. N’est-ce pas le "pire" moment pour les prendre ?

I.E. : Je pense qu’ils sont morts de faim. Ils ont la rage. Plusieurs fois, ils ne sont pas passés loin de décrocher une victoire. Ils la cherchent pour retrouver de l’allant et du plaisir. Pour avoir joué le maintien l’année dernière à Colomiers, c’est vrai que sur certains matches, quand t’as besoin d’une victoire, tu es décuplé d’énergie et de volonté. C’est les matches les plus durs à jouer, pour l'adversaire. Pour y aller et pour gagner, il faut vraiment avoir le couteau entre les dents et être mort de faim.

Ça ne servait à rien de repartir en espoir à l’UBB. Je n’étais pas dans les plans à Bordeaux

Jouer le maintien avec Colomiers dans la foulée d’un titre de champion du monde U20 avec les Bleuets, ça forge un jeune homme ?

I.E. : Ça m’a beaucoup servi sur le plan humain. J’ai fait 20 matches, j’ai eu beaucoup de temps de jeu, le coach m’a fait confiance. Mentalement et physiquement, ça a été très dur. Tu sais que chaque match est décisif et importe. C’était ma première vraie saison chez les professionnels, et la plus dure depuis que je joue au rugby. Au niveau de la pression, c’est dur de revenir le lundi, de se faire taper sur les doigts parce que l’on perd sur des points clés, sur des bêtises. Humainement, ça m’a forgé et ça m’a fait grandir.

Vous étiez prêté à Colomiers par l’Union Bordeaux-Bègles. Comment avez-vous atterri à Soyaux-Angoulême ?

Pro D2 - Iban Etcheverry (Colomiers)
Pro D2 - Iban Etcheverry (Colomiers)

I.E. : À deux jours du dernier match de la saison, Colomiers n’a pas souhaité me garder. Après 20 matches en Pro D2, même si j’avais joué le maintien, je pense que ça ne servait à rien de repartir en espoir à l’UBB. Je n’étais pas dans les plans à Bordeaux, Christophe Urios n'avait aucun intérêt à me reprendre. Le président Laurent Marti a fait un geste en me libérant. J’ai été en contact avec Adrien Buononato (manager Soyaux-Angoulême, NDLR). Cela s’est fait comme ça, j’ai réussi à signer à Soyaux pendant les vacances.

Une période compliquée à gérer ?

I.E. : Et dure à aborder. Ça m’a fait douter, je me suis beaucoup remis en question. J’ai signé quatre jours avant la fin du mercato.

À peine un an, seulement, après avoir eu le bonheur de soulever cette Coupe du monde avec les Bleuets...

I.E. : Cela peut aller très vite dans un sens comme dans l’autre. J’ai été très étonné que Colomiers ne me garde pas après 20 matches. J’avais 1 300 minutes de jeu, c’est quand même énorme pour un club qui joue le maintien de faire confiance à un jeune de 20 ans. Honnêtement, j’ai eu peur de ne pas retrouver de club. Au final, le projet d’Adrien Buononato à Angoulême me plaît, me va très bien. Je suis très heureux aussi avec le groupe de mecs que j’ai rencontré. C’est un club très famille, je retrouve un peu ce que j’aimais dans le rugby.

? Un très joyeux anniversaire à notre ailier Iban Etcheverry, qui fête ses 21 ans aujourd’hui ! ? pic.twitter.com/iNDoHmqNAC

— SA XV Charente Rugby (@SAXV_Charente) October 23, 2019

Avec trois essais et six titularisations, vous êtes d'ailleurs l'un des hommes forts de Soyaux depuis la reprise du championnat...

I.E. : Adrien me fait confiance sur le début de saison. Je suis super content. Je n'ai signé qu’un an à Soyaux et j’avais vraiment à cœur de montrer que j’en valais la peine et que j’ai ma place dans une équipe de Pro D2.

Je suis tellement heureux de tout ce qui arrive à Romain Ntamack, à Pierre-Louis Barassi...Ce sont des amis. Même si j'ai le titre de champion du monde, je sais que je ne joue pas dans la même cour qu’eux

Le fait de voir des jeunes taper aux portes des plus grands clubs et du XV de France, des jeunes que vous avez côtoyé chez les U20, est-ce que ça vous fait dire : "pourquoi pas moi un jour" ?

I.E. : Je ne me dis pas "pourquoi pas moi ?". Je suis tellement heureux de tout ce qui arrive à Romain Ntamack, à Pierre-Louis Barassi...Ce sont des amis. Même si j'ai le titre de champion du monde, je sais que je ne joue pas dans la même cour qu’eux, et nous n'avons pas le même poste. Des ailiers, il y en a par centaines. Il y a beaucoup de Fidjiens aussi à mon poste.

Je sais que ça a été une année compliqué aussi, par exemple, pour Adrien Séguret qui n’a pas beaucoup joué à Lyon. De le voir aujourd’hui s’épanouir et d’avoir beaucoup de jeu à Mont-de-Marsan, ça fait plaisir aussi. Ce n’est pas parce que l'on ne joue pas en Equipe de France et en Top 14 que l'on ne peut pas avoir la banane. Ce que j’aime, c’est jouer au rugby, prendre du plaisir sur un terrain. J’ai vraiment envie de jouer. Pas de toucher 6 000 € et être dixième dans la hiérarchie.

Vous cherchez de la stabilité, aussi...

I.E. : C’est ce qui m’intéresse. J’ai fait Bordeaux, Colomiers, Angoulême. A 21 ans, j’ai quand même pas mal bougé. C’est compliqué à chaque fois de se réadapter à un groupe, à un système de jeu. C’est important de garder une entité de club.

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