Pitcho : "Quand on voit où Soyaux-Angoulême en était il y a 7-8 ans..."

Rugbyrama : Vous avez lutté pratiquement jusqu'au bout pour une place en phases finales. Quel bilan tirez-vous, à chaud, de cette troisième saison en Pro D2 ?

Didier Pitcho : La défaite contre Oyonnax est anecdotique. C'était un jour de fête. Quand on voit où on en était il y a 7-8 ans, avec 200 personnes en tribunes et un budget de 250 000 €. Sincèrement, c'est vraiment une belle progression. On conclut une saison superbe. On aurait pu accrocher le TOP 6 avec une victoire de plus à l'extérieur.

Vous êtes passés à un cheveu plus d'une fois...

D. P. : Oui, je pense à Nevers, à Aurillac, à Mont-de-Marsan et même presque à Vannes...Ce n'est pas grave. Au contraire, ça nous donne des objectifs et ça nous a fait toucher du doigt certaines réalités. C'est à nous de les corriger. Une quantité de petits détails, aussi bien au niveau des dirigeants que des joueurs et du staff. C'est pour ça qu'on continue. On a vécu une belle aventure, il y a maintenant un nouveau staff qui arrive et c'est pour en vivre une deuxième qui, on l'espère, sera encore plus belle.

Vous considérez qu'une page se tourne au SA XV ?

D. P. : Oh, ce n'est pas une page qui se tourne parce que l'esprit est toujours là. Je ne crois pas à l'homme providentiel, je ne crois pas à l'homme qui va nous faire passer des niveaux et ainsi de suite. C'est l'ensemble des strates du club qui permet d'être de plus en plus performant et professionnel. Il suffit que tout le monde mette les mains dans le cambouis et on va y arriver, on va faire quelque chose.

Je ne remercierai jamais assez les anciens de Fédérale 2 qui sont encore là

En six ans au club, votre manager Julien Laïrle a quand même grandement participé à amener le SA XV de Fédérale 2 aux portes du Top 6 en Pro D2. Il y avait beaucoup d'émotions à Chanzy pour sa dernière

D. P. : Dans ces moments-là, je ne pense pas forcément qu'à Julien. Je pense aussi à Renaud Gourdon, à Rémi Ladauge. A tous les joueurs qui sont passés. C'est comme si moi je m'appropriais la réussite de ce club, ce serait vraiment puéril de ma part et manquer d'humilité. Ce n'est pas mon cas. C'est une réussite collective. Et si un jour il y a une descente, elle sera collective. Cet état d'esprit, il est issu du monde amateur et des 55 ans de rugby que j'ai derrière moi.

C'est plus que jamais votre leitmotiv ?

D. P. : Je crois que le plus beau vainqueur dans ce club, c'est l'esprit qu'on a su insuffler et garder. Je ne remercierai jamais assez les anciens de Fédérale 2 qui sont encore là. Ce lundi, les joueurs partent à 26 en voyage. Je ne peux pas dire où car même eux ne le savent pas (rires). C'est quelque chose dans le monde professionnel qui n'existe pas. Un garçon comme Kevin Le Guen qui est un peu le maître d'œuvre de tout ça alors qu'il part au Racing 92, il est en train de nous prouver que l'homme est beaucoup plus grand à l'extérieur du terrain que sur le terrain.

Hasard du calendrier, le SA XV a disputé son dernier match face à son futur manager. Que vous a dit Adrien Buononato après la rencontre ?

D. P. : Il a trouvé qu'on a franchement un public qui aide à se sublimer. Je pense qu'il a été agréablement surpris par la qualité du public charentais. On peut lui tirer un grand coup de chapeau, à ce public. Je suis vraiment content d'être appelé à travailler avec un garçon comme Adrien. J'échange avec lui pratiquement tous les jours mais il a une double casquette à l'heure actuelle et je respecte son ancienne casquette. Il sera là à partir de mi-juin. La reprise est annoncée pour le 24 juin.

Le budget ? On veut essayer d'atteindre les 7 millions

Adrien Buononato sera notamment assisté de Mirco Bergamasco. Vous avez aussi officialisé le recrutement de sept nouveaux joueurs dont Matthieu Ugalde ou encore Ole Avei. Où en est votre mercato ?

D. P. : Il n'est pas tout à fait bouclé. Je suis en train de voir pour garder Pio Muarua, qui était en prêt. Je suis à la recherche d'un seconde ligne, une poutre. D'un pilier droit, aussi. Maintenant, c'est aux équipes commerciales de se mettre en route pour atteindre le budget qu'on s'est promis d'obtenir. C'est le plus compliqué. On veut essayer d'atteindre les 7 millions. On s'est donné des objectifs pour le faire, on a recruté en conséquence. Maintenant, l'aléa sportif est tel que c'est un peu difficile des fois.

Nouvelle aventure, nouveaux objectifs sportifs ?

D. P. : On a envie d'aller vers ces six premières places. Elles nous ont tendu les bras, nous ont dragués, nous ont séduits mais ne nous ont pas amenés avec elles. Donc on le fera l'année prochaine sûrement, j'espère.

Votre pronostic pour la fin de saison de Pro D2 ?

D. P. : Pour moi, Brive est favori. On risque de voir un barrage (match d'accession en Top14, ndlr) Oyonnax-Grenoble qui sera le remake de l'année dernière.