Neveu : "Je n'ai pas de cape de super-héros"

  • Pro D2 - Damien Neveu (Colomiers) contre Vannes le 6 octobre 2017
    Pro D2 - Damien Neveu (Colomiers) contre Vannes le 6 octobre 2017
Publié le Mis à jour
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PRO D2 - À 32 ans , le demi de mêlée a répondu à l'appel du staff et a rechaussé les crampons en décembre pour aider Colomiers à se maintenir. Engagé comme joueur supplémentaire depuis fin janvier, il sera titulaire ce soir à Béziers pour la deuxième fois en cinq feuilles de matchs.

Rugbyrama : Le fait de jouer jusqu'à la fin de la saison, comment le vivez-vous ?

Damien Neveu : Il faut d'abord resituer le contexte. Au départ, cela s'est fait de manière totalement inattendue. Julien Sarraute m'a appelé le lundi 17 décembre dernier au matin à 8h30 pour savoir si je pouvais rendre service et participé aux entraînements puisque Joris Cazenave et Sébastien Inigo étaient blessés. À 10h le lundi matin j'ai donc rechaussé les crampons et j'étais sur le terrain. Mais rapidement, le staff m'a dit qu'il avait besoin de moi pour la réception de Brive le vendredi soir. Je pensais au départ que ce serait un "one shot", puis tout s'est enchaîné assez naturellement. Nous avons continué sur les deux matchs suivants (déplacement à Oyonnax et réception de Mont-de-Marsan N.D.L.R) en profitant du fait que je possédais une licence amateur (qui n'autorise que trois matchs dans une saison N.D.L.R).

Deux joueurs supplémentaires qui complèteront l'effectif jusqu'à la fin de saison. ?#AllezColomiers https://t.co/MtfGXE462G

— Colomiers Rugby (@ColomiersRugby) February 4, 2019

Et désormais vous voilà engagé comme joueur supplémentaire...

D.N. : Au terme des trois matchs, le staff m'a demandé si je me sentais prêt pour continuer jusqu 'à la fin de la saison avec eux. Cette demande était assez inattendue car je n'avais au départ que pour but de pallier sur du court terme alors qu'il y avait une situation d'urgence au poste de demi de mêle. Du coup, j'ai dû prendre le temps de la réflexion par rapport à ce que cela allait changer dans ma nouvelle vie que je mène depuis que je ne suis plus sur les terrains.

Une fois que mon retour a été acté, on s'est interrogé si cela pouvait amener une vraie plus-value au groupe dans l'objectif de maintien.

Pourquoi avoir accepté ?

D.N. : C'est une équipe et un groupe dont j'étais encore très proche même sans être sur le terrain. J'ai de très bonnes relations avec le club, et de le voir dans cette situation-là, sportivement difficile, j'avais envie aussi de les aider.

Comment cela se passe t-il désormais, notamment avec le fait d'avoir un travail à côté ?

D.N. : Effectivement, il faut savoir que je suis agent commercial pour l'agence CBC Partners qui est un spécialiste de la communication par l'objet et dans lequel le club de Colomiers Rugby est actionnaire. Cette agence gère les produits dérivés du club et s'occupe aussi de tout ce qui est de la vente de textile pour les entreprises. Je fais également une formation dans l'immobilier que j'avais entamé avant l'arrêt de ma carrière sportive en mai dernier. Mon emploi du temps était donc déjà bien chargé... Maintenant j'ai un nouveau planning jusqu'en juin. Dans ce sens, j'ai averti mon organisation professionnelle que je donnais priorité au rugby pendant cinq mois. J'essaie d'"optimiser".

Il y a encore de l'espoir

Revenons au sportif. Physiquement, comment vous vous êtes senti pour votre retour ?

D.N. : Avant le match de Brive, cela s'est fait dans une telle précipitation que je n'ai pas eu le temps de gamberger. Je ne savais pas trop où j'en étais physiquement sur le rythme et l'intensité d'un match de rugby. Mais j'avais gardé depuis juin une activité régulière en faisant de la musculation, du cardio mais aussi du jujitsu trois à quatre fois par semaine. J'ai également couru un semi-marathon à Nouméa en août et un marathon à Tours fin septembre. J'avais aussi disputé un tournoi avec France Classic en Nouvelle-Calédonie, et même si c'était assez folklorique et festif, j'avais pu retrouver quelques sensations. Finalement, je me suis conditionné mentalement et tout s'est bien passé. Contre Brive, je n'ai pas eu l'impression pendant les vingt-cinq minutes que j'ai disputé d'être à la rue. À Oyonnax, j'étais plus dans l'incertitude car j'ai démarré titulaire. Mais pendant une heure, je me suis plutôt bien senti.

Malgré votre retour, Colomiers est toujours dans une situation d'urgence...

D.N. : Nous avons gagné contre Vannes avec le bonus offensif , mais nous sommes toujours dans une situation inconfortable. Aujourd'hui nous savons que nous n'avons plus le droit à l'erreur. Il faut tout gagner à domicile d'ici la fin de la saison et prendre un maximum de points à l'extérieur. C'est un très gros sprint final qui démarre. Ce sont nos phases finales et tout va compter.

C'est-à-dire ?

D.N. : Il va falloir être mentalement très fort car la situation n'est pas facile à vivre. Mais lâcher dès maintenant ce serait ne pas respecter le maillot que l'on porte et le club que l'on représente. Mathématiquement, il y a encore beaucoup de points à prendre. Il y a encore de l'espoir et je sais que tout le groupe est prêt à se battre jusqu'au bout.

Je me rends compte que les réseaux sociaux sont à l'image de notre société qui essaie de formater les pensées

La saison dernière vous avez été suspendu treize semaines (entre novembre 2017 et mars 2018). Votre retour sur les terrains pour la mission du maintien est-il d'autant plus appréciable ?

D.N. : Je ne formalise pas par rapport à cela. Je ne fais pas de mon retour une revanche personnelle. Mon cas et mes états d'âmes sont secondaires. Ma mission est de me fondre et de me mettre au service du collectif. Comme je l'ai dit au staff très clairement à mon retour, je n'ai pas de cape de super-héros. Je ne vais pas traverser le terrain et faire gagner les matchs à moi tout seul. Par contre, je n'ai pas vécu toutes les difficultés qu'a connu le groupe depuis le début de saison et je viens pour amener de la sérénité, de la fraîcheur et un état d'esprit positif avec de la détermination. Mon rôle est d'apporter cela au quotidien avec de la rigueur et de l'entrain durant les entraînements et en match. Malgré la situation qui peut paraître pesante, on se doit de garder cela. L'enjeu est bien plus important que nos cas individuels. Je le répète mais c'est une mission collective.

Vous faites partie des joueurs assez actifs sur les réseaux sociaux avec une liberté de parole et de propos qui vous est propre et peut parfois détonner. Quelle est votre perception de cette utilisation ?

D.N. : Je me rends compte que les réseaux sociaux sont à l'image de notre société qui essaie de formater les pensées. Aujourd'hui, il faut faire en sorte que rien ne dépasse du moule dans lequel nous sommes...Je reconnais un esprit de liberté car je n'ai jamais eu l'impression d'appartenir à une communauté ni à m'enfermer dedans. Les réseaux sociaux sont un espace de liberté, chacun l'utilise comme bon lui semble. Pour certains, cela sert juste comme une image dans une stratégie de communication. Ce n'est pas mon cas. C'est un espace de liberté d'expression, je ne me fixe pas vraiment de barrières et de limites. J'essaie quand même de ne pas trop en faire et parler à tout prix pour ne rien dire comme un vieux con (sic). Je le fais quand cela me semble cohérent sur des sujets que je comprends. Après il y en a qui ne sont pas à l'aise avec ça et je sais juste qu' il ne faut pas forcer sa nature.

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