Coletta : "À Colomiers, je retrouve le rugby que j'aime"

  • Anthony Coletta - Colomiers
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Pro D2 – Arrivé cet été à Colomiers en provenance de Soyaux-Angoulême où il a passé trois saisons, l'expérimenté deuxième ligne de 31 ans retrouvera ses anciens partenaires ce soir à Michel-Bendichou (coup d'envoi 19h). Il se confie sans langue de bois sur la fin de son histoire avec le SAXV, mais aussi sur sa nouvelle aventure.

Rugbyrama : Tout d'abord, comment allez-vous ?

Anthony Coletta : Tout va bien. Je suis content du résultat de la semaine dernière et de notre deuxième succès à l'extérieur (victoire à Fos-sur-Mer face à Provence Rugby 23-15). Maintenant, nous sommes concentrés sur le match qui arrive.

Un match particulier pour vous comme pour Aldric Lescure... Ça fait quoi de retrouver votre ancien club ?

A.C : C'est sûr qu'on y pense parce qu'on a passé quelques années avec ce maillot du SAXV. Trois pour moi avec le brassard de capitaine pendant un an et demi, six pour Aldric, c'est effectivement particulier. Ça va nous faire quelque chose parce qu'on a encore beaucoup d'amis là-bas et il y a eu beaucoup d'amour pour ce club pendant tout le temps que nous y avons passé. Après, voilà, on sait faire la part des choses et on sait rester professionnels. Aujourd'hui avec Aldric on joue avec un maillot différent, celui de Colomiers et on va tout donner pour ce maillot. Il n'y aura pas de problème là-dessus.

Vous avez rejoint un club qui effectue un bon début de saison (trois victoires en quatre matchs). Ce n'est pas le cas de votre ancienne équipe (quatre défaites en cinq journées). Comment l'expliquez-vous ?

A. C : Effectivement, nous faisons un bon départ même si nous avons mal commencé avec un non-match à Valence-Romans et une première mi-temps difficile. Mais, on s'est vite rattrapé par la suite, notamment en déplacement à Aurillac et face à Provence. Nous sommes en train de nous construire petit à petit. Ce qui arrive au SAXV, c'est plutôt l'inverse.

Existe t-il selon vous des raisons à cela ?

A.C : Des raisons il y en a. Il faut savoir que nous étions déjà dans le dur avant le confinement et l'arrêt de la saison dernière. Il y a un mal-être à l'intérieur du club qui remonte bien avant le mois de février. C'est compliqué d'en parler maintenant car je sais qu'ils sont dans le dur et je n'ai pas envie de leur mettre la tête sous l'eau. J'ai encore beaucoup de proches là-bas. Sur ce qu'on a vu depuis le début de saison, ils n'ont pas de chance car ils font un bon match et vont gagner à Béziers, mais ils ont du mal à la maison et ça ne ressemble pas trop à l'équipe que je connais. Normalement à Chanzy seuls les très gros viennent faire un résultat.

Là, ils viennent de perdre une troisième fois à la maison. Contre Rouen, qui n'avait pas encore gagné un match..

A.C : Même si on ne peut plus parler de promu concernant Rouen, car ils ont déjà une saison dans les pattes en Pro D2 et ils se sont bien renforcés, c'est sûr que c'est alarmant pour le SAXV. Puis, on voit bien que c'est en train de bouger à l'intérieur du club avec l'arrivée comme consultant de Vincent Etcheto pour les lignes arrières la semaine dernière, la mise à l'écart d'André Bester (entraîneur des avants) en début de semaine. Ils essaient de trouver des solutions, et je pense que le club n'a pas trop l'habitude ni l'expérience de ces situations-là. Mais ce qui m'inquiète le plus dans tout c'est la santé mentale des joueurs car je sais qu'ils ne sont pas bien. Et, par rapport à ce match qui arrive, un joueur qui n'est pas bien dans sa tête cela peut être aussi dangereux pour nous donc il faut que l'on reste sur nos gardes.

Ils risquent effectivement de débarquer en mission commando...

A.C : C'est sûr, il y a des choses qui ont bougé. Puis, c'est une équipe qui a un gros cœur. Je ne parle même pas du potentiel rugbystique, mais je connais ces mecs, ils ont beaucoup de courage et ils vont venir ici pour nous faire la guerre. Ils vont arriver révoltés, ils auront à cœur de faire un gros match contre Aldric et moi. L'inverse est réciproque, on ne va pas se faire de cadeaux, ça va cogner fort. Ce sera un match très dur dans le combat.

Ce n'est pas le genre de la maison de prendre la grosse tête, mais il faudra faire preuve à nouveau d'humilité...

A.C : Oui, nous sommes prévenus. Si on loupe l'entame de match on est des cons car on sait que ça va piquer. On sait qu'une équipe est toujours dangereuse quand elle est au pied du mur. Quand tu as la corde au cou, tu te comportes différemment. Si on ne les respecte pas, il peut se passer ce qu'il s'est passé sur la première mi-temps contre Valence-Romans. Ça peut mal tourner.

Pouvez-vous nous dire les raisons exactes de votre départ avec Aldric Lescure? Est-il vrai que vous n'êtes pas partis en bons termes, et que vous n'étiez plus en odeur de sainteté là-bas...

A.C : On ne va pas se mentir. La langue de bois et le politiquement correct, ce n'est pas quelque chose qui m'intéresse particulièrement. Nous étions effectivement en complet désaccord avec le nouveau staff, avec le nouvel état d'esprit insufflé. L'état d'esprit du club qui nous faisait avancer et qui faisait rêver les gens quand ils venaient voir les matchs s'est atténué et a disparu petit à petit au fur et à mesure que la saison avançait. On ne se reconnaissait plus là-dedans avec Aldric.

Et vous avez décidé de partir... Avez-vous des regrets ?

A.C : C'est sûr que d'un côté ça nous a attristé. D'un autre côté, on ne va pas se voiler la face, quand un club comme Colomiers vient te chercher, tu n'hésites pas longtemps.

D'autant plus que Colomiers était bien placé et leader du championnat avant l'arrêt de la compétition...

A.C : Oui, ça compte mais même sans cela, c'est un club historique. Puis, il y a aussi un super groupe et un super état d'esprit ici à Colomiers. On ne s'est pas posé la question deux secondes même si sur le moment ce n'était pas facile à gérer car il y avait de la déception. Si je devais décrire la fin de mon histoire avec le SAXV en un mot, ce serait le mot gâchis.

D'autant plus que vous n'avez pas pu faire avec Aldric votre dernière à Chanzy comme vous le souhaitiez...

A.C : Il y a de la frustration. Je pense que c'était peut-être ça le plus dur pendant un moment. Les gens ont été tellement géniaux moi dès mon arrivée là-bas depuis Dax à l'été 2017... Ils m'ont toujours poussé dans le bon sens, alors oui c'était frustrant de ne pas pouvoir leur dire au revoir. C'est pareil pour les partenaires avec lesquels j'ai vécu ces trois saisons. Je pense surtout aux deux premières qui furent énormes humainement. Il faut savoir que je suis arrivé au SAXV un peu meurtri de Dax où j'avait fait sept saisons, et où les deux dernières années avaient été très dures mentalement car j'avais tout donné. J'étais usé, et j'avais atteint le point de non-retour. Je donnais gratuitement mais il n'y avait plus rien en échange. Bon, parfois, ça arrive. Il faut juste savoir partir. J'ai eu la chance de pouvoir le faire. Julien Laïrle (aujourd'hui entraîneur des avants de l'UBB) m'avait contacté et m'avait redonné confiance à l'époque. Ils m'ont récupéré au plus bas et j'ai explosé à nouveau, un peu tardivement, mais c'était avec Angoulême. Et pour ça, je leur suis reconnaissant.

Montignac, Brive, Dax, Soyaux-Angoulême puis maintenant Colomiers. Pourquoi ce choix ?

A.C: Quand je suis venu ici parler avec Julien Sarraute, Fabien Berneau et Yann Kergoulay (responsable du recrutement et analyste vidéo), j'ai compris qu'à Colomiers c'était le rugby que j'aimais. J'étais quand même à deux doigts d'arrêter tellement j'étais dégoûté à Angoulême. Et à Colomiers, je retrouve le rugby que j'aime, celui du terroir, du territoire, avec des jeunes du coin, qui ne se prennent pas la tête et qui vivent et jouent pour le collectif, avec un état d''esprit exemplaire. C'est exactement ce qu'il y avait à Angoulême les deux premières années. Et je me rends compte que c'est ce dont j'ai besoin. Cest ce que m'a inculqué et enseigné lors de ma formation à Brive Jean-Marie Soubira, paix à son âme, qui fut l'un des meilleurs entraîneurs que j'ai eu. Il m'a fait énormément progressé en peu de temps. C'était exactement ce que je retrouve aujourd'hui à Colomiers, à savoir priorité au jeu et aux copains.

Votre intégration semble se passer à merveille, avec déjà quatre feuilles de matchs et trois titularisations...

A.C : J'ai profité des pépins des uns et des autres. Mais il ne faut pas s'en contenter. À Colomiers, ton remplaçant met toujours la barre plus haute. Il y a une forte concurrence, mais elle est vraiment saine. En fait, c'est tout pour le collectif. C'est ce que j'ai connu lors de mes deux premières saisons à Angoulême. Je retrouve du Julien Laïrle dans le fonctionnement et la préparation de nos entraînements et de nos matchs.

Vous avez eu le capitanat à Dax, avec le SAXV. Y pensez-vous à Colomiers ?

A.C : Non, ce n'est pas quelque chose vers lequel je cours. Il y a du respect par rapport à nos leaders et nos cadres que sont Aurélien Béco, Romain Bézian, Mihai Macovei et Edoardo Gori.

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