Hoarau, l'amiral du pack Biterrois

Si bien sûr, ils ne s'attendaient " pas forcément à aller gagner à Biarritz au vu de leurs performances à domicile ", l'ASBH a su avoir "les crocs" pour triompher d'une équipe du BO qui ne s'était pas inclinée chez elle depuis 32 matchs soit 2 saisons. C'est dire la symbolique de cette victoire.

Ce soir à la Méditerranée, c'est un autre challenge qui attend Hoarau et les siens puisque c'est tout simplement le leader Nevers qui va se présenter avec la ferme intention de conserver son fauteuil tout en haut de cette PRO D2. Une équipe qui elle aussi voudra faire tomber l'ASBH à domicile pour la première fois de la saison à domicile (7 victoires en autant de rencontres), mais pour Hoarau, pas question de changer d'approche : "On l'aborde de la même manière que tous nos matchs à domicile, après Nevers n'est pas leader pour rien. Ils ont un très bel alignement en touche, après ça va très vite sur les extérieurs avec Raisuqe qui est pour moi le meilleur ailier de Pro D2." Chance ou non, l'ailier fidjien ne sera pas du déplacement dans l'Hérault.

Au centre de formation biterrois depuis 2 ans, Thomas Hoarau (1m90 pour 112kg) a débuté le rugby du côté de Sanary sur Mer. Passé par le centre de formation de Toulon en 2011 puis par les équipes de France Moins de 16 et moins de 17, il a même la particularité d'être passé durant trois ans par la Marine Nationale où il a acquis là encore le statut d'international.

Mais c'est lors d'un match de championnat espoir que le club rouge et bleu a jeté son dévolu sur Hoarau " Avec Toulon, on jouait une demi-finale de championnat de France Espoir face à Bordeaux et le match se jouait sur terrain neutre à Béziers. À la fin de la rencontre, Pierre Caillet (l'entraîneur des espoirs, ndlr) est venu me voir et m'a proposé de rejoindre les espoirs de Béziers. Et après deux saisons, le club m'a proposé de signer mon premier contrat professionnel. "

Passé par la Marine donc, il a su également mettre son réseau en valeur pour attirer une autre pépite du club à savoir Roméo Ballu, jeune ailier arrivé au club en 2017 " Un jour il m'a appelé parce qu'il voulait savoir s'il pouvait faire un test dans un club de Pro D2 et quelques temps plus tard, Béziers l'a signé."

Avec deux matchs en première la saison dernière, il aura payé pour apprendre au haut niveau. Cette année c'est celle de la confirmation. Troisième-ligne au gabarit adéquat pour le poste, il détonne par sa capacité à gagner la ligne d'avantage et à faire jouer après lui. Avec déjà 11 feuilles de matchs sur 14 possibles dont 7 titularisations au poste de troisième-ligne centre, Hoarau règne sur un pack héraultais qui vient de faire son entrée dans le top 6 de Pro D2.

Pourtant son arrivée au club qui pourtant ne fut pas des plus évidentes " Les premiers temps étaient compliqués, quand tu arrives du centre de formation du RCT comme ça, les gens ont tendance à rapidement te juger et moi, j'avais peur de ça " Une épreuve de plus qui l'a forcé " à travailler dur chaque jour un peu plus et le travail a fini par payer." Agé de 23 ans, Hoarau s'est désormais parfaitement intégré au collectif de l'ASBH. Un club "qui vit un peu comme une famille, l'ambiance y est beaucoup plus détendue par rapport à Toulon ou ailleurs "

Après un début de saison réussi, il a même relégué l'une des recrues phares du club Kelly Meafua au rôle de remplaçant, il alterne avec Tyrone Viiga à ce poste-là. Un rôle de titulaire en puissance, renforcé par la blessure de Meafua lors de la 12e journée à Aix, le troisième-ligne centre samoan souffrant d'une double fracture tibia péroné.

Un style de jeu affirmé donc, qu'il avait décrit dans nos colonnes à l'aube de la deuxième journée face à Massy, avec un objectif clair : "Toujours avancer ! Je veux porter le ballon le plus possible, plaquer plus et me relever toujours plus vite. J'aimerais permettre à l'équipe de se mettre dans le sens de la marche." Une progression évidente pour un joueur qui possède comme seul leitmotiv le travail, encore le travail, toujours le travail : "Après de mon côté je sais que je ne suis pas le numéro 1 à Béziers au poste de n°8, il faut redescendre de son petit nuage et continuer de bosser".

Si Béziers regarde maintenant vers le haut et vise les phases finales en mai prochain, Hoarau ne compte pas s'arrêter là et vise le plus haut niveau "Bien sûr que je ne compte pas rester en Pro D2 toute ma carrière, le but, c'est d'aller en Top 14, mais pour l'instant la priorité, c'est de progresser avec Béziers avant de penser à autre chose". Cet apprentissage se poursuit ce soir face à un candidat déclaré au Top 14. À l'abordage !

Propos recueillis par Enzo Contreras