Debaty :"J’ai eu la chance de réaliser des rêves que je ne pensais pas réalisables"

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  • Vincent Debaty, le pilier gauche du XV de France - Australie France - 7 juin 2014
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  • Vincent DEBATY - 04.03.2012 - France
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Publié le Mis à jour
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À 37 ans, Vincent Debaty a officialisé la fin de sa riche carrière pour en débuter une nouvelle, celle d’entraineur. Actuellement en formation, l’ancien pilier entame cette transition du côté d’Oyonnax. Celui qui est surnommé "Le Belge" se confie à Rugbyrama.

Vous avez mis un terme à votre carrière il y a quelques semaines, vous y étiez préparé ?

Vincent Debaty : Oui, ça faisait un petit moment que c’était de plus en plus dur. J’étais souvent blessé. À un moment donné, il faut savoir s’arrêter. Le plaisir était toujours là mais le corps fatigue et récupère moins. J’ai eu des problèmes musculaires donc il faut être réaliste. Il faut arrêter et laisser la place aux jeunes (sourire). J’avais signé deux ans à Oyonnax et je savais qu’il y avait très peu de chances que j’en fasse plus. J’en ai bien profité.

Après 18 années chez les professionnels, n’est-ce tout de même pas difficile de réaliser ?

V.D. : On réalise parce que l’on n’a pas le choix. Franchement, quand je vois les mecs qui s’y filent, je me dis que je n’aurais pas pu reprendre. On en demande de plus en plus au rugby et là je n’ai plus la condition, ni l’énergie, pour m’accrocher sur du travail physique aussi intense. Mais après quand je les vois jouer, le plaisir reste. Si je pouvais avoir 20 ans…

Votre carrière a été riche, c’était celle dont vous rêviez ?

V.D. : Quand je regarde en arrière, je me rends compte que mon chemin a été un peu atypique. Je viens d’un endroit où il n’y a pas de rugby. Ma famille ne vient pas du rugby non plus. J’ai commencé très tard et j’ai eu la chance de réaliser des rêves que je ne pensais pas réalisables. Il y a eu l’équipe de France, des titres de champion de France, jouer dans un club comme Clermont, etc. Ce sont des moments de ma vie où j’ai pu profiter. Quand on est rentré à Clermont avec le bouclier, ce n’était pas normal de vivre des choses comme ça !

Vincent Debaty (Clermont) - décembre 2015
Vincent Debaty (Clermont) - décembre 2015
120 000 personnes sur la place de Jaude, ce n’était pas normal !

C’est fort de le dire ainsi ! D’autant que vous resterez à jamais comme l’un des membres de l’équipe de l’ASM qui a soulevé son premier Bouclier de Brennus.

V.D. : Ce n’était pas normal d’avoir 120 000 personnes sur la place de Jaude et pour qui tu es une idole. Donner du bonheur à des gens… C’était incroyable d’avoir autant de personnes autour de l’équipe. C’est noté dans un coin. Mais je ne suis pas le seul. J’ai eu la chance de jouer avec de très grands joueurs. J’ai juste amené une petite part de moi dans tout ça. C’est un de mes plus beaux moments. C’était le but ultime du club. On avait beaucoup de pression parce qu’on avait eu beaucoup d’échecs avant. À un moment donné, tu commençais par croire à la malédiction. Y arriver, tu ne réalises pas tellement c’est incroyable.

Il y a aussi eu l’équipe de France, avec 38 sélections et une phase finale de Coupe du Monde en 2015. Là encore, c’est un autre moment fort de la carrière ?

V.D. : Oui, surtout pour moi en étant d’origine Belge. Je les regardais à la télé. Dans mon canapé, je rêvais de ça. C’est la récompense du travail accompli. Faire partie de cette équipe, tout est plus grand, plus beau, tout va plus vite, tout est différent à partir de ce moment-là. Le moment protocolaire de La Marseillaise ou quand tu vois le Haka en face, c’était spécial.

Vincent Debaty, le pilier gauche du XV de France - Australie France - 7 juin 2014
Vincent Debaty, le pilier gauche du XV de France - Australie France - 7 juin 2014

Avec quatre finales de Coupe d’Europe disputées (3 avec Clermont, 1 avec Perpignan) mais aucun trophée soulevé, c’est peut-être là qu’il y a une déception ?

V.D. : Quand tu fais des finales, ou encore cette demi-finale à Saint-Etienne avec un peuple Jaune et Bleu tout le temps derrière toi (en 2015 face aux Saracens, ndlr)… C’est sûr que le résultat final est dur. Mais Clermont a toujours été régulier et j’ai eu la chance d’avoir pu jouer dans une équipe comme ça et de vivre des moments comme ça. Oui, je n’ai pas été champion d’Europe mais j’ai pu jouer au plus haut niveau contre les plus belles équipes. Des fois, on n’est pas passé loin et il nous a manqué quelques petits trucs à ce moment-là.

J’ai cette envie de me rappeler d’où je viens, d’essayer de faire avances les choses en Belgique

Juste avant de faire vos débuts avec le Stade rochelais, quelle était votre ambition ?

V.D. : Au tout départ, c’était de jouer en Reichels. C’était un grand pas de gagné. Quand je suis arrivé, j’avais un potentiel physique mais j’étais vraiment à la rue sur beaucoup de choses, comme l’endurance. L’appétit est venu en mangeant avec les Espoirs puis j’ai joué en première. Tout est venu petit à petit et naturellement. Je ne me suis jamais mis d’objectif plus grand. Chaque fois qu’une marche s’est présentée, j’ai eu la chance de pouvoir la gravir.

Vous aspirez maintenant à un nouveau rôle dans ce monde du rugby, celui d’entraineur ?

V.D. : Oui, j’avais déjà un peu commencé avec Clermont en entrainant les Cadets. J’aime bien ce rôle de formation, transmission et partage avec un public plus jeune. Ça fait trois ans que je suis là-dedans. J’ai passé le DEJEPS (Diplôme d’État Jeunesse, Éducation Populaire et Sport, ndlr) avec Oyonnax et je vais suivre la formation du DEF (Diplôme Entraineur Fédéral, ndlr) en février pour continuer le cursus.

Vincent DEBATY - 04.03.2012 - France
Vincent DEBATY - 04.03.2012 - France

Entrainer et transmettre me plait beaucoup. J’aimerais rendre au monde du rugby tout ce qu’il m’a apporté. Pour l’instant je suis en formation, en apprentissage, pour partir sur de bonnes bases. Je n’ai pas envie de griller les étapes car j’ai vu trop d’anciens joueurs vouloir aller trop vite et se casser les dents. Je préfère prendre plus de temps et être vraiment confortable dans ce que je dois faire.

On peut vous imaginer dans un rôle d’entraineur des avants ou plus large encore ?

V.D. : On verra. Je ne me suis jamais vraiment projeté très loin. J’ai toujours profité et essayé de passer les étapes les unes après les autres. La prochaine c’est le DEF, après on verra. Je me suis rapproché aussi de l’équipe belge pour voir si je peux continuer à m’épanouir dans tout ça. C’est là où j’ai commencé et ce serait une manière de boucler la boucle. Je suis né en Belgique, j’y ai commencé mais aujourd’hui je suis plus Français car j’ai passé plus de temps en France, ma femme est Française et j’y ai connu tellement de choses. Mais j’ai cette envie de me rappeler d’où je viens, d’essayer de faire avances les choses. J’ai un petit rôle à jouer.

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