Arlettaz : "Je n’aurais pas misé la maison… peut-être cinquante centimes"

  • Assistant coach Patrick Arlettaz - Perpignan
    Assistant coach Patrick Arlettaz - Perpignan
  • Berend Botha - Perpignan
    Berend Botha - Perpignan
  • Alan Brazo (Perpignan)
    Alan Brazo (Perpignan)
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À quelques jours d’une finale d’accession qui peut envoyer l’Usap en Top 14, l’instigateur du jeu catalan se confie. Il n’aurait pas imaginé que son équipe parviendrait à surmonter autant d’obstacles cette saison. Match à suivre en direct sur Eurosport 2 à 15h.

Rugbyrama : Patrick, comment se sont déroulés ces derniers jours après la victoire en demi-finale dimanche dernier ?

Patrick Arlettaz : C’était compliqué. Il y a eu beaucoup d’émotions, avant, pendant, après… Mais elles ont été assez contenues finalement. On a laissé deux heures aux joueurs pour qu’ils profitent en famille avant d’aller manger ensemble pour faire retomber un peu tout ça, ne pas trop se projeter. Juste se retrouver entre nous pour savourer tranquillement. Se dire à quel point on était fiers de ce que l’on avait fait, et de l’être encore plus la semaine d’après. C’était la satisfaction d’avoir fait le travail et d’avoir emmené beaucoup de bonheur dans ce stade.

Berend Botha - Perpignan
Berend Botha - Perpignan

Quel discours avez-vous fait à votre vestiaire pour basculer sur la finale ?

P.A. : Je n’en ai pas fait. L’ambiance en elle-même et le fait de sentir que la saison n’était pas terminée ont suffi. Dans les attitudes et les regards de tout le monde, on sentait de la satisfaction et de l’appétit. C’est ce qu’il faut après une demi-finale gagnée. Il n’y avait pas besoin de rajouter quoique soit.

Vous ne pouvez plus cacher votre objectif désormais. L’Usap veut remonter en Top 14…

P.A. : Nous voulons gagner la finale surtout. Effectivement, la conséquence c’est que Perpignan sera en Top 14. Mais il y a un match à gagner avant, et c’est sans doute le plus dur de l’année. C’est une saison interminable, où nous sommes passés par tous nos états, avec beaucoup d’aléas que nous n’avons pas maîtrisés, d’autres où nous avons été coupables. Une saison avec de grandes joies et de satisfaction, et au bout de celle-ci il y a ce match contre Grenoble. Grenoble qui était le favori il faut s’en rappeler, avec le plus gros budget, l’expérience du Top 14, sans doute le meilleur effectif… C’est un gros obstacle, mais l’équipe se sent capable de le surmonter.

3h30 devant le stade… on se croirait à un concert des Beatles

Ernest-Wallon sera acquis à la cause de l’Usap dimanche, avec près de 15 000 catalans attendus. Est-ce que cela va compter ?

P.A. : À la fois je ne suis pas surpris par cet engouement, mais ils (les supporteurs) m’étonnent un peu plus tout le temps, et toujours agréablement. Être à 3h30 devant le stade pour avoir sa place, on se croirait à un concert des Beatles. Je sais à quel point ils sont passionnés, à quel point ils veulent tout donner du moment qu’on donne tout pour eux. Mais ce mouvement populaire dépasse toujours la compréhension. Et dimanche, ce sera un plus bien évidemment. Il faut faire ce qu’il faut sur le terrain. Mais dans un moment difficile peut-être que oui ça pousse à se sublimer, c’est un petit plus. Un gros plus même.

Alan Brazo (Perpignan)
Alan Brazo (Perpignan)

L’Usap a surmonté tellement d’obstacles cette saison. Est-ce pour cela que vous êtes en finale ?

P.A. : Cette équipe s’est construite sur à peu près tout. Sur les malheurs des saisons précédentes en Pro D2, sur tous les coups de bambou qu’ont reçu les joueurs pendant des années. Elle s’est construite sur la volonté de s’en sortir ainsi que sur tous les aléas de cette saison. Si on m’avait dit posément au mois d’août qu’il allait arriver ça, ça et ça dans la saison, et si on m’avait demandé où est-ce que je voyais l’Usap au terme de celle-ci, je n’aurais pas dit en finale. Et pourtant, Dieu seul sait que j’y crois, Dieu seul sait que j’ai confiance en eux. Mais quand vous mettez bout à bout tout ce qu’il nous est arrivé, je n’aurais pas misé la maison dessus. Peut-être cinquante centimes, manière de dire "bon on sait jamais". Mais la cote aurait été gaillarde, même avec cinquante centimes j’aurais pu gagner beaucoup d’argent. Donc oui, ça y a participé fatalement, mais Grenoble aussi est passé par des moments difficiles et s’est construit. Grenoble a un gros potentiel, ils ont de la force eux aussi. Gagner une demi-finale à Montauban, ce n’est pas simple. De toute façon, vous vous projetez toujours sur une finale et ça ne se passe jamais comme prévu. On s’attend à tout. Et comme cette année il nous est arrivé pas mal de choses, peut-être que l’on sera un peu plus prêt !

Dans la salle à manger du mec d’en face, tout lui prendre, tout lui bouffer

Lors de la venue de Grenoble à Aimé-Giral cette saison, Perpignan avait sorti une grosse prestation (42-23). Cette victoire a-t-elle été votre référence cette saison ?

P.A. : Je ne suis pas sûr sincèrement. Ce match a été important oui. C’était un très gros match, de très haut niveau. Un véritable match de boxe, avec un jeu grenoblois ressemblant au notre, basé sur la possession et avec une équipe qui aime bien provoquer les choses et non pas attendre la faute… Mais historiquement, l’Usap était déjà capable de faire des prestations comme ça contre des favoris, à la maison, avec beaucoup de motivation etc. Non je pense que c’est le premier match à l’extérieur contre Carcassonne, qui avait été très dur, très âpre et très compliqué dans le scénario, et où finalement l’équipe fait une prestation plutôt aboutie, en gagnant le match dans les quinze dernières minutes. Celui-ci était important. Et puis le déplacement à Bayonne aussi. C’était un gros rendez-vous, sous des trombes d’eau. Bayonne, ce n’était même pas qu’il pleuvait, c’était un déluge. On y est allé en arche, les joueurs voulaient jouer en bottes, c’était catastrophique ! Et pourtant, nous avons gagné en faisant du jeu, notre jeu. Ce sont ces deux matchs qui ont été prédominants dans notre saison. Ces deux-là qui nous ont marqués et confirmés aux joueurs qu’ils avaient le potentiel pour passer à peu près tout.

Vous êtes-vous construits à l’extérieur donc ?

P.A. : Ça a toujours été comme ça. Les grandes équipes se construisent toujours à l’extérieur, dans l’austérité. Dans la salle à manger du mec d’en face, tout lui prendre, tout lui bouffer. Qu’il finisse avec la faim et que nous, nous ayons bien mangé. C’est comme ça que ça se mérite. Quand on vous accepte ça, c’est que vous avez quand même suscité beaucoup de respect.

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