À Perpignan, cette saison ressemble à celle de la maturité

  • Patrick Arlettaz, entraîneur de l'USAP
    Patrick Arlettaz, entraîneur de l'USAP
  • Jacques-Louis Potgieter (Perpignan), face au Leinster, lors de la préparation- août 2017
    Jacques-Louis Potgieter (Perpignan), face au Leinster, lors de la préparation- août 2017
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PRO D2 - Co-leaders après quatre journées, les Catalans affichent tout autant de qualités que de certitudes en ce début de saison. Et si, après trois années d’apprentissage dans l’antichambre de l’élite du rugby français, cet exercice 2017-2018 ressemblait à celui de la maturité ? Éléments de réponses.

"Pour moi, c’est la plus belle victoire depuis que je suis entraîneur de l’Usap". Les mots de Patrick Arlettaz sont sans équivoque dimanche après-midi dans les confins du stade Albert-Domec. En clôture de la quatrième journée de Pro D2, Perpignan vient de s’adjuger un précieux succès sur la pelouse de son voisin Carcassonne. Les Catalans, menés de dix longueurs à la pause, se sont montrés d’une patience et d’une maîtrise remarquables pour renverser l’USC sur ses terres. Un visage irréprochable, un scénario soufflant une logique implacable, pour une victoire semble-t-il fondatrice.

Défaits quinze jours plus tôt à Colomiers, au bout d’interminables arrêts de jeu, les Sang et Or avaient tout à perdre dimanche pour leur deuxième déplacement de la saison. Attendu, l’épouvantail du championnat a posé pied-à-terre dans le premier acte. Avant de réagir enfin comme souhaité depuis tant d’années. Il ne fait désormais plus aucun doute : Perpignan arrive au terme d’une lente phase de maturation. Venir la bousculer relèvera à présent de l’exploit.

À l’extérieur, une équipe métamorphosée

Le succès des Sang et Or dans l’Aude ce dimanche n’a fait office de révélation pour personne quant au réel niveau des Catalans. Perpignan faisait déjà figure de favori à l’aube de cet exercice 2017-2018. Mais si la victoire de l’Usap à Albert-Domec relève de la logique pour la France du rugby, pour les proches du club perpignanais en revanche, la prestation dominicale des Usapistes a sonné comme un déclic. Une libération après trois années de douches froides hors d’Aimé-Giral. Depuis sa relégation en Pro D2 en 2014, les Sang et Or se sont déjà imposés à l’extérieur (9 fois en 3 ans), mais ont affiché une inconstance ô combien agaçante.

Alternant les regrets et la frustration un week-end, puis la désolation le suivant. Entre revers au goût amer chez les "petits" du championnat, et grosses claques sur la pelouse des concurrents directs. Si quelques éclaircies survenaient parfois, les Catalans ne semblaient jamais sûrs de leurs forces. En un mois et deux déplacements, les joueurs du trio Lanta-Arlettaz-Freshwater ont gommé trois saisons de doutes. Un premier bonus défensif acquis à Colomiers, là où ils n’avaient jamais ramené le moindre point. Puis ce succès face à l’USC. "On a un peu plus confiance en nous. On est conscient que l’on peut nous aussi aller chercher des victoires à l’extérieur. Ce n’est pas que pour les autres", résume Julien Farnoux. Enzo Forletta ne fait lui pas de détail : "Il y a deux, trois ans… on se serait affolé et on aurait pris la saucée", conclut le pilier gauche après Carcassonne.

Jacques-Louis Potgieter (Perpignan), face au Leinster, lors de la préparation- août 2017
Jacques-Louis Potgieter (Perpignan), face au Leinster, lors de la préparation- août 2017

Arlettaz, le jeu dans la peau

Au-delà de s’être trouvé une âme de tueuse hors de ses bases, l’Usap, c’est aussi un jeu étincelant. Preuve en est, ce 66-6 et ces dix essais infligés à l’Aviron Bayonnais en ouverture du championnat. De quoi planter le décor : l’Usap fera très mal à domicile. Mais ceci n’est pas une nouveauté. Perpignan ose. Perpignan prend des risques et frôle même l’excellence par moments. Entre des lignes arrières qui se connaissent sur le bout des doigts, et un entraîneur des trois-quarts à la philosophie si entreprenante, le cocktail est parfait.

Patrick Arlettaz, cet homme de l’ombre parti détruit et la tête basse en 2014. Celui-là même qui est revenu en sauveur l’an passé, et qui a fait de sa formation la plus séduisante du championnat. Depuis le retour du coach Arlettaz en septembre 2016, Perpignan a glané 10 bonus offensifs en 15 réceptions. Et a enregistré une moyenne de 37 points inscrits par match à Aimé-Giral. Impressionnant.

L’ombre au tableau : un effectif faible en quantité

Au regard de ces certitudes, difficile d’apercevoir les faiblesses d’une équipe rondement préparée pour jouer les premiers rôles cette saison. Un point noir subsiste toutefois du coté de Perpignan : ce manque criant de profondeur d’effectif. Vingt-neuf contrats professionnels seulement, des postes non triplés, et des blessures qui révèlent déjà le talon d’Achille de l’Usap. Alan Brazo, Adrea Cocagi, Sione Piukala… Les Sang et Or comptent déjà leurs blessés.

Si le poste de troisième ligne est le plus étoffé, la perte des deux trois-quarts centre dimanche semble elle plus problématique. Et que dire de l’absence d’un troisième pilier droit depuis la blessure d’Alex Brown la saison dernière... Ou du poste de demi-de-mêlée, où seul Tom Ecochard est sous contrat pro. Ce n’est pas faute de rabâcher que la Pro D2 est un championnat terriblement long. Rendez-vous en mai.

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