1963 : un derby landais en finale

  • Mont-de-Marsan/Dax (1963)
    Mont-de-Marsan/Dax (1963)
  • Pierre Albaladejo aura une statue à son effigie dans la ville de Dax
    Pierre Albaladejo aura une statue à son effigie dans la ville de Dax
  • Roger Couderc
    Roger Couderc
  • André Boniface
    André Boniface
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Demain soir aura lieu le traditionnel derby landais en Pro D2 mais Montois et Dacquois se sont affrontés en 1963 avec le Bouclier de Brennus en jeu. Le match fut historique, évidemment, mais il ne fut pas spectaculaire. Trop de tensions.

Il fait partie des "métamatchs", les parties les plus narrés de l'Histoire, celles dont les spectateurs se sentent appartenir à une confrérie. Le 2 juin 1963, la finale du championnat fut un derby départemental entre une préfecture et une sous préfecture. Mont-de-Marsan, ville de fonctionnaires affrontait Dax, ville d'hôteliers. A l 'époque, les Landes étaient le jardin d'Eden du rugby français, un départemental rural de 300 000 habitants qui fournissait des internationaux à la pelle.

Dans le Tournoi, tous les points du XV de France avaient été inscrits par des Landais. Les deux clubs phares incarnaient pourtant deux écoles assez différentes, c'est aussi ça qui faisait le sel de cette rivalité. Les Montois de Fernand Cazenave incarnaient l'offensive et le jeu de ligne à base de combinaisons savamment répétées autour des frères Boniface. Les Dacquois de Toto Desclaux préféraient mettre l'accent sur le combat d'avants, avec les Berilhe, Lassere, Berho mais ils avaient un ouvreur à la botte impeccable, Pierre Albaladéjo.

Pierre Albaladejo aura une statue à son effigie dans la ville de Dax
Pierre Albaladejo aura une statue à son effigie dans la ville de Dax

Stade vraiment archi comble

Par un heureux hasard, la finale avait été programmée à Bordeaux, la métropole la plus proche. Ce fut l'occasion d'une procession inoubliable du sud vers le nord, des centaines de voitures où les supporters étaient bien obligés de se mélanger.

On espérait une fête ensoleillée en ce début juin. Hélas les nuages de la Gironde s'apprêtaient à ouvrir leurs vannes. Roger Couderc, dès sa prise d'antenne, parla d'"un ciel de suie". D'autres paramètres s'étaient ajoutés pour tirer cette apothéose vers le bas. Le Stade Municipal étaient archi-comble, les organisateurs avaient eu la main généreuse au moment d'éditer les billets. Une partie du public se retrouva très mal placée et manifesta bruyamment son mécontentement.

Roger Couderc
Roger Couderc

Pire encore, la foule refusa de renvoyer les ballons bottés dans les tribunes. Ceci entraîna de nombreuses coupures qui achevèrent de ralentir le match. Même l'arbitre Albert Capelle se mit au diapason. Il était hors de forme et constamment dépassé par le jeu qu'il devait diriger. De mauvaises décisions en compensations maladroites , il jouerait un rôle néfaste sur le déroulement de la finale. Pour couronner le tout, la rivalité des deux équipes n'avaient rien d'amicale.

La partie fut émaillée de coups défendus et de règlements de compte. Point d'orgue : une manchette du pilier Cazals qui assomma son vis à vis Bérilhe par derrière. Un geste qu'on trouverait inqualifiable aujourd'hui mais qui ne fut puni que d'une simple pénalité.

Des couacs assez désagréables

Le plus grand derby de l'Histoire aurait mérité mieux que cet affrontement marqué par l'aigreur et par une série de couacs assez désagréables. Et pourtant, les frères Boniface avaient ouvert le chemin de l'essai par une de leurs fameuses passes croisées. Hélas, Albert Capelle y vit un en-avant et refusa ce qui aurait fait un parfait symbole du style Montois.

Au lieu de cela, les rois de l'attaque furent couronnés, 9-6, sans avoir marqué d'essai, André Boniface ne meubla le tableau d'affichage que par deux coups de pied. Seul le demi de mêlée dacquois Jean-Claude Lasserre eut le privilège de pointer dans l'en-but dès la 28e minute. Enfin, pointer, c'est un bien grand mot puisqu'une photo prouva que le deuxième ligne adverse Tignol l'avait devancé. Cette essai ulcéra les Montois et rajouta de l'huile sur le feu.

André Boniface
André Boniface

Dax menait 6-3 à la pause mais Mont-de-Marsan finit par revenir grâce à deux drops dans le dernier quart d'heure (André Boniface et Pierre Lestage, le demi de mêlée) passés sous un déluge de fin du monde. Victoire 9-6 pour les Jaunes et Noirs qui avaient en plus fini à quatorze car leur ailier sprinteur Christian Darrouy s'était claqué et avait laissé sa place au troisième ligne Couralet (il n'y avait pas de remplacements à l'époque).

Ca compensait la galère du pauvre Bérilhe encore sonné par le coup de Cazals. Il ne pouvait apporter son écot à la résistance du pack de Dax. Les Landais exultaient évidemment, leurs avants avaient tenu la dragée haute à leurs voisins. Cerné par une foule en délire André Boniface, toujours magnifique, expliqua que le vrai Stade Montois, avait déployé son panache en demi-finale face à Lourdes (9-8).

Mais ce match-là, presque personne ne l'a vu. Il confirmait qu'un derby, ce n'est pas fait pour être beau.

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