Magne: "La pression est clairement sur les épaules de Bayonne"

Olivier, cette finale conclut une saison de Pro D2 enthousiasmante. On a le sentiment que ce championnat a enfin trouvé sa place et qu’il séduit de plus en plus de monde…

Olivier MAGNE: Même si toute la saison n’est pas régulière et qu’il y a du déchet, des imprécisions techniques avec des matches un peu difficiles, on sent une véritable volonté de mettre en place du jeu de mouvement, de déplacer le ballon avec une priorité pour le jeu à la main. J’en suis ravi. Je trouve que la Pro D2 prend un peu le contre-pied à un rugby d’affrontement trop souvent stérile.

Sur ce que vous avez observé cette saison, quelle équipe vous semble la mieux armée en terme d’intentions de jeu ?

O.M: Ce sont deux équipes qui se ressemblent fortement avec un rugby remarquable tout au long de la saison avec bien entendu des passages plus ou moins compliqués. Mais il y a toujours eu la volonté de proposer du spectacle. Aurillac possède un collectif qui évolue ensemble depuis plusieurs années avec une maîtrise de son jeu qui est total et une charnière (le demi de mêlée Paul Boisset et l’ouvreur Maxime Petitjean, NDLR) qui se connaît parfaitement. En face, Bayonne a vraiment retrouvé des couleurs sous la houlette de Vincent Etcheto avec un rugby fait de folie.

Aurillac profite d’une mêlée qui n’est pas hyper dominatrice mais qui lui permet de réaliser de très bons lancements de jeu

Quels sont les joueurs qui pourraient faire basculer cette finale ?

O.M: Il faut citer Maxime Petitjean à Aurillac et Martin Bustos Moyano pour Bayonne. Leur jeu au pied est remarquable et ils ont une maîtrise parfaite du jeu en place. Petitjean est un formidable animateur et un redoutable joueur au pied. Bustos Moyano est un superbe contre-attaquant et met toujours son équipe dans l’avancée. Et c’est l’un des meilleurs buteurs de cette Pro D2. Bayonne et Aurillac maitrisent un rugby pragmatique, efficace avec un jeu au pied toujours judicieux mais elles ne sont pas dépendantes de ces deux joueurs.

Quelle équipe vous a fait la meilleure impression sur le plan de la conquête ?

O.M: Là encore, cela me semble vraiment équilibrée. Peut-être que la conquête bayonnaise, avec une grosse mêlée tout au long de la saison, possède un léger avantage. Mais en demi-finale, contre Colomiers, l’alignement en touche de l’Aviron a rencontré quelques difficultés. De son côté, Aurillac profite d’une mêlée qui n’est pas hyper dominatrice mais qui lui permet de réaliser de très bons lancements de jeu. A travers ces lancements très novateurs et beaucoup de rigueur sur la précision des courses, les Cantalous posent de gros problèmes aux défenses adverses.

Ce sera sans aucun doute une belle finale

Vous le disiez, Aurillac s’appuie sur un vécu collectif important mais l’expérience n’est-elle pas en faveur des Bayonnais ?

O.M: Bayonne a quand même une expérience de Top 14 et s’est souvent retrouvé dans ce genre de situations par le passé. Mais ce n’est pas une surprise de retrouver Aurillac à ce niveau là ! Les années précédentes, ils ont toujours été proches des phases finales. Et sur cette finale, ils n’ont absolument rien à perdre. S’ils accèdent au Top 14, ce sera une très belle surprise. La pression est clairement sur les épaules des Bayonnais qui sont un peu dans l’obligation de s’imposer après leur descente. On verra comment les joueurs arrivent à gérer cette pression.

Faut-il s’attendre à une finale plutôt fermée ou, à l’image des demi-finales, assez débridée ?

O.M: On verra déjà dans quelles conditions météorologiques se disputera cette finale mais les deux équipes ne pourront pas renier leur jeu et revenir en arrière par rapport à tout ce qui a été fait cette saison. Je suis convaincu qu’elles se tourneront vers le jeu et essaieront d’exploiter des situations avec du jeu à la main. Elles pratiquent un rugby remarquable et ce sera sans aucun doute une belle finale.