Blin: "Il n'a jamais été question que le staff d'Agen démissionne"

  • Mathieu Blin, le manager sportif d'Agen - Novembre 2014
    Mathieu Blin, le manager sportif d'Agen - Novembre 2014
  • Blin Crenca - Agen - Avril 2013
    Blin Crenca - Agen - Avril 2013
  • Philippe Sella aux côtés du président d'Agen, Alain Tingaud
    Philippe Sella aux côtés du président d'Agen, Alain Tingaud
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Mathieu Blin, le manager sportif d'Agen, vit très mal la situation délicate que vit le club à l'image du staff et de son président Alain Tingaud. Il se livre sans concession et espère vite une réaction positive sur le terrain afin de pouvoir lancer la saison des Lot-et-garonnais vers la qualification aux phases finales.

Mathieu, cette victoire contre Dax a été une bonne bouffée d'oxygène pour le staff et les joueurs ?

Matthieu BLIN: Oui car la gagne, la victoire, les quatre points, c'est ce qui nous manque en ce moment. Il y a un début de saison dans sa globalité très loin de nos attentes. On est évidemment au travail en permanence en laissant peu d'espace à l'imprécision, au relâchement et pourtant, nous n'arrivons pas à mettre les choses dans l'ordre. Ce succès nous fait du bien. Il confirme une certaine solidité défensive puisque sur les cinq derniers matchs, nous sommes à plus de 80% de réussite. Mais bon, quand tu en as pris quarante à Biarritz, que tu perds 20-9 à Albi sans prendre le moindre bonus et que tu gagnes difficilement contre Dax, tu ne peux pas te permettre d'avoir beaucoup de satisfactions si ce n'est la victoire.

A deux matchs de la trêve et du début de l'année 2015, l'envie est-elle de faire un carton plein afin de passer de bonnes fêtes de fin d'année ?

M.B: Oui c'est le but du jeu évidemment. Comme l'envie de préparer chaque match. Carcassonne (prochain déplacement) a démontré une certaine solidité et retrouvé par son staff, un projet de jeu intéressant. La saison dernière, nous avions gagné chez eux dans des conditions particulières et avec une certaine réussite. Nous ne l'avons pas oublié et je pense aussi que eux non plus ne l'ont pas oublié. Hormis à Tarbes, nous avons des difficultés en déplacement. Nous nous attendons donc à un match très compliqué. Quant à Massy qui sera le dernier match et la dernière réception de l'année 2014, ce sera évidemment difficile. Ils connaissent déjà la Pro D2 pour y avoir été il y a deux saisons. On voit qu'ils ont appris de ce qu'ils avaient pu vivre avec un groupe conservé dans son ensemble. Tout le rugby français et la Pro D2 en particulier voient à quel point sa politique du jeu a assis un cycle important. Et puis, quand tu es dixième du championnat à la treizième journée, tu ne fais plus peur à personne et on sait que toutes les équipes se déplacent chez nous pour faire un coup.

Le classement de manière très mathématique n'est pas encore alarmant mais il est quand même suffisamment préoccupant pour qu'il y ait une mobilisation générale

Vous êtes à la dixième place certes mais seulement à cinq points du quatrième ce qui n'est pas non plus très alarmant...

M.B: Le mécontentement, la colère, la frustration, la désillusion etc... tout cela est lié à la formidable saison que nous avons effectuée la saison dernière en finissant deuxième et une finale perdue. C'était une vraie démonstration de force avec un groupe recomposé que ce soit chez les joueurs, le staff... Dès le 30 juin quand on s'est tous retrouvé, on avait prévenu les mecs que d'une part la régularité était un facteur que nous devions aller chercher car l'année dernière, il y avait eu énormément de défaites à l'extérieur puis des points de bonus offensifs perdus à la maison. D'autre part, nous avions aussi prévenu tout le monde que même si tu perds en finale, les équipes te craignent quand elles te jouent par la suite et on sait très bien que, quand tu crains quelqu'un, tu as toujours tendance à te sublimer et aller chercher encore plus de forces. Et quand à la treizième journée, les équipes adverses qui regardent ton parcours voient que tu as perdu une fois à domicile contre un promu, d'avoir pris des quarante points à Biarritz, à Perpignan plus des matchs à l'extérieur où tu ne prends aucun point de bonus comme à Albi ou Aurillac par exemple, et bien ces adversaires constatent que tu es fragile, que tu as la confiance qui n'est pas en place. Le classement de manière très mathématique n'est pas encore alarmant et c'est à la fin du bal que l'on paie les musiciens mais il est quand même suffisamment préoccupant pour qu'il y ait une mobilisation générale. Pour reprendre les mots de Richard Dourthe après son match contre nous, nous avons aussi "dix-sept finales à jouer" si nous voulons prétendre à aller chercher une place dans les cinq premiers.

Blin Crenca - Agen - Avril 2013
Blin Crenca - Agen - Avril 2013

Vous avez eu récemment des propos très durs envers vous-mêmes. Cela venait-il d'un ras le bol de la situation ou de la non-satisfaction des joueurs sur le terrain ?

M.B: C'est plusieurs choses en même temps. D'abord, je devrais garder mes états d'âme pour moi-même ce qui fait partie des prérogatives de la fonction d'un manager. On sait que souvent, les réactions à chaud sont soient inefficaces ou débiles. C'est évidemment une insupportabilité de notre situation et insupportabilité d'être dans le train-train des bons entraînements, de la bonne planification, de la bonne programmation... mais ça, c'est sur le papier, c'est de la théorie. C'est très important mais tout cela doit être animé par la gagne, par la révolte, par la capacité à pouvoir imaginer se faire battre par son adversaire, par ce sentiment qui doit habiter tout joueur de rugby et surtout tous les joueurs de notre groupe. Trop souvent, je me dis que ça ne doit pas assez faire mal au ventre, que ça ne doit pas assez vexer les mecs par rapport à eux-mêmes. Avec Philippe (Sella), Jeannot (Crenca), Stephane (Prosper) et l'ensemble du staff, on essaie de leur dire qu'il y a une obligation envers eux-mêmes mais aussi envers tous les gens qui se battent comme nos dirigeants, nos partenaires, nos abonnés, nos bénévoles. Il faut être fier de soi alors certes on est fier que dans la victoire mais on peut aussi être fier dans l'engagement, dans la capacité à tout donner et je trouve que l'on est trop loin de tout cela.

Il est obligatoire que l'équipe première doit porter un sentiment positif, une lumière et on en est trop loin. Ce qui m'insuppporte

Et sur le plan personnel ?

M.B: Si je prends mon cas à l'époque où j'étais joueur, j'étais toujours obligé d'en faire beaucoup plus car j'étais ridicule physiquement et j'ai surtout énormément bossé. Je ne supportais pas de laisser le moindre centimètre à qui que ce soit ! C'est ce qui m'a fait aimer cet environnement au quotidien car tu es obligé d'aller plus loin tous les jours, il n'y a pas de limite. Et puis, il y a un différentiel tellement fort entre le travail réalisé par le staff et le travail accompli... les caricatures des entraineurs qui deviennent des fusibles peut m'insupporter. Nous avons la chance d'avoir un président, Alain Tingaud et notre conseil d'administration, qui voient que nous travaillons énormément et que l'on essaie à chaque fois de se poser les bonnes questions et pas simplement travailler pour travailler car cela ne sert pas rien d'enchaîner de nombreuses heures au détriment de l'efficacité qui reste le but premier. On travaille beaucoup avec Philippe sur l'unification du SUALG dans tout son ensemble. Il est donc obligatoire que l'équipe première doit porter un sentiment positif, une lumière et on en est trop loin. Ce qui m'insuppporte.

Vous parliez du président Tingaud: avez vous échangé sur la situation et sur votre cas personnel ?

M.B: Déjà, heureusement qu'il est là même si cela ne satisfait pas tout le monde. Je crois qu'il a trouvé une très grosse relation avec son staff et c'est très intéressant. Il donne le cap en tant que commandant de bord et en même temps, il est très respectueux des prérogatives de chacun. C'est un mec qui a un très fort respect pour les hommes et qui essaie de se retenir tellement il ne supporte pas l'échec. Il a tendance à le prendre souvent pour lui alors qu'il n'est pas sur le terrain. Il l'a dit aux joueurs mais être champion, ça ne se décrète pas, ça se construit ! Le plus gros reproche que le président pourrait nous faire, ce serait de se mettre à douter. Et en même temps, une fois qu'il a dit cela, il exige que le maillot soit mouillé. Il a toujours porter le maillot comme il se doit c'est à dire comme une institution. Enfin, il n'a jamais été question que le staff parte, démissionne.

Philippe Sella aux côtés du président d'Agen, Alain Tingaud
Philippe Sella aux côtés du président d'Agen, Alain Tingaud
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