Tastet: "Il y aura sans doute de la peur dimanche mais notre aventure humaine est bien plus forte"
Troisième-ligne aile du Stade montois, Julien Tastet (28 ans, 1,87m, 102kg) disputera dimanche face à Agen (15h05) sa troisième finale d’accession de Pro D2. Pour le capitaine du club landais, l’état d’esprit de ses coéquipiers peut une nouvelle fois créer la surprise.
Quels ont été vos mots dans le vestiaire à l’issue de la victoire face à Albi (22-8) en demi-finale ?
Julien TASTET: Il n’y a pas eu de grand discours. On s’était surtout dit les choses la semaine précédent cette demi-finale. C’est notre joie qui a éclaté. On est heureux de pouvoir profiter une semaine de plus. Le Stade montois a une culture très festive des phases finales. C’est vraiment ce qui unie notre groupe. Quand on bataille au cœur de l’hiver et qu’on est dans le dur, c’est pour vivre de tels moments. Ce sont des moments qui nous marqueront toute notre vie. Des joueurs vont nous quitter et on souhaite terminer sur une bonne note pour se remémorer ces instants si intenses dans quelques années.
Avant la demi-finale, on avait le sentiment que le groupe subissait une grosse pression des médias qui vous voyaient grand favori… Est-elle évacuée ?
J.T: Tout le monde nous voyait très beau. On s’était mis beaucoup de pression tout en sachant que les Albigeois allaient venir avec une envie féroce. Ils l’ont montré sur le terrain et ils méritaient également de passer. On a senti après ce match qu’un poids en nous s’était enlevé. Dimanche, on abordera cette finale avec davantage de sérénité et l’envie de livrer un gros duel à ces Agenais. On a tous envie d’aller chercher ce match.
Avez-vous ressenti de l’euphorie après cette qualification ou vos coéquipiers se sont-ils immédiatement remobilisés ?
J.T: On a bu quelques verres mais sans trop d’excès. Il y en aura dimanche mais là on souhaitait savourer en toute simplicité. On sait que la fraîcheur et la récupération seront déterminantes. On veut soigner tous les petits détails pour arriver dans les meilleures conditions. Ce n’est pas le moment de tomber dans l’à peu près.
On a senti après la demi-finale qu’un poids en nous s’était enlevé. On s’était mis beaucoup de pression.
La sérénité est un mot qui revient dans tous les discours. D’où vient-elle ?
J.T: Depuis plusieurs années, un état d’esprit est né dans ce club avec des anciens joueurs comme Laurent Travini ou Jérôme Dhien qui ont énormément transmis. On est souvent en haut du classement ou à jouer des phases finales. Pour un petit club, c’est énorme. Du coup, on n’a jamais de pression. On est le huitième budget du championnat et c’est déjà beau d’être là. Au fond de nous, même s’il y a une forme de décontraction, on prend tout ce qui nous arrive avec beaucoup de recul mais une envie dingue. Il y aura sans doute de la peur dimanche mais notre aventure humaine est bien plus forte. On a confiance en nous et au potentiel de ce groupe.
Quand on connaît l’économie de ce club qui est une exception à ce niveau-là, que vous inspire cette troisième finale d’accession depuis 2008 ?
J.T: Il y a un noyau dur de joueurs présents depuis quelques temps et les dirigeants comme le staff font en sorte d’être malins dans leur recrutement. Nos moyens sont petits mais on arrive toujours à aller chercher des joueurs de Fédérale, des jeunes qui ne sont pas conservés dans de grands clubs ou des étrangers des Fidji ou des Samoa qui nous amènent des qualités qu’on n’a pas en France. Ça fait longtemps qu’il n’y a pas eu un groupe aussi homogène. Cette alchimie amène une vraie force à ce groupe. Le club avance d’années en années en se structurant.
On a coutume de dire qu’une finale ne se joue pas, elle se gagne…
J.T: Chaque finale est différente. On a connu celle du Métro en 2008 où on se demandait ce qu’on faisait là. Celle contre Pau en 2012 où on n’était toujours pas favoris et dimanche, ce sera la même chose. Mais il y a quand même pas mal de joueurs d’expérience dans ce groupe qui ont vécu des phases finales. On sait bien que c’est un jour particulier, un match qui n’est pas comme les autres quoi qu’on en dise. L’effervescence va monter. J’essaye de sensibiliser le groupe sur l’attente des supporters.
On prend tout ce qui nous arrive avec beaucoup de recul mais une envie dingue.
Depuis trois ans, les Agenais vous mettent en échec avec six victoires face à vous. Pourquoi rencontrez-vous de telles difficultés ?
J.T: On a du mal à maîtriser cette équipe d’Agen. On se met trop de pression avant de les jouer. On la connaît très bien mais elle nous fait souvent déjouer. On veut mettre des stratégies en place par rapport à leur jeu et cela ne nous correspond pas. On va arriver avec cette étiquette d’équipe qui ne réussit pas contre les Agenais. Mais on aime bien créer des surprises. Et pour en avoir parlé avec Christophe (Laussucq) et David (Auradou), on ne va pas changer nos habitudes et nous appuyer sur nos fondamentaux: la défense, la discipline tout en mettant en place notre jeu de mouvement. Il faut arrêter de se poser des questions. Ce qu’on fait le mieux, c’est déplacer le ballon pour mettre du volume.
Vous êtes à un match d’un retour en Top 14. Que répondez-vous à tous ceux qui affirment que le Stade montois n’a pas sa place dans ce Championnat ?
J.T: Ça me met en colère mais c’est un peu normal que les gens pensent ça compte tenu de notre dernière prestation (2 victoires sur la saison 2012/2013, NDLR). Les gens ne se souviennent pas de nos prestations où on accroche le bonus défensif à Toulon. On avait également mis Toulouse en difficulté chez eux. Il nous avait manqué ce petit plus mentalement. Mais les gens disent ce qu’ils veulent. Le Stade Montois ne s’est jamais échappé sur un terrain de rugby.
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