Laussucq: "Quand je vois ce que mes joueurs réalisent, je n’ai peur de personne"

  • Christophe Laussucq, le manager du Stade montois - novembre 2014
    Christophe Laussucq, le manager du Stade montois - novembre 2014
  • Les hommes de l'entraîneur, Christophe Laussucq, veulent valider leur bonne saison régulière en phases finales - janvier 2015
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  • Christophe Laussucq et David Auradou ont permis au Stade montois d'atteindre les demi-finale de Pro D2 - janvier 2015
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  • Christophe Laussucq (Stade montois) est admiratif de la performance de ses joueurs cette année - janvier 2015
    Christophe Laussucq (Stade montois) est admiratif de la performance de ses joueurs cette année - janvier 2015
Publié le Mis à jour
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Aux commandes du Stade Montois avec David Auradou, Christophe Laussucq s’apprête à vivre une demi-finale de Pro D2 sulfureuse face à Albi (dimanche, 14 heures). Mais à l’image de ses joueurs, le manager du club landais aborde cette confrontation avec sérénité.

Christophe, en début de saison, cette seconde place aurait pu sembler inespérée. Etes-vous surpris par le parcours de votre équipe?

Christophe LAUSSUCQ: Franchement, oui. Mais agréablement surpris. On a toujours été convaincu de notre potentiel, de nos qualités. Mais ce championnat de Pro D2 est tellement long, tellement aléatoire. On a toujours été dans le stress et eu peur de lâcher. Sur le papier, il y avait beaucoup d’équipes bien mieux armées, avec des joueurs d’expérience. On ne pouvait pas dire que l’on visait la seconde place même si on n’a jamais pris de branlées. Dans le même temps, on voyait Perpignan prendre 40 points à Carcassonne et 50 à Aurillac… Idem pour Biarritz à Montauban (43-3) et Perpignan (48-15). Mais j’ai toujours eu la crainte de ces clubs plus riches, avec de gros effectifs. Mon inquiétude a été permanente.

Les trois défaites consécutives du mois de janvier (Massy, Agen, Bourgoin) vous ont-elles fait douter?

C.L: (agacé) On s’est fait défoncer par tout le monde parce qu’on retombait à la 8e place. Alors oui, c’était trois vilaines défaites mais heureusement, on a eu cette force mentale de rebondir. Je n’ai jamais considéré qu’on était en surrégime ou que notre parcours était flatteur. J’avais surtout peur qu’on décroche et que ce soit définitif. Au fond de moi, je me disais qu’on ne méritait pas ça.

Vous avez été les premiers à faire chuter la Section paloise (15-6, 9e journée). Et certains de vos résultats ont toujours souligné votre potentiel…

C.L: Il y a tout le temps eu des signaux de bonne santé. On n’a jamais perdu de beaucoup et notre défense a toujours tenu la route. Mais ça tourne sur presque rien. En Pro D2, il est extrêmement difficile d’être sûr de ses forces.

Les hommes de l'entraîneur, Christophe Laussucq, veulent valider leur bonne saison régulière en phases finales - janvier 2015
Les hommes de l'entraîneur, Christophe Laussucq, veulent valider leur bonne saison régulière en phases finales - janvier 2015

Vous avez terminé la saison régulière avec la 5e meilleure attaque, la 2e meilleure défense et vous êtes l’équipe la plus disciplinée. Quelle est votre plus grande satisfaction?

C.L: C’est sûr que notre défense nous a permis d’exister. C’est une garantie d’être capable d’aller partout en concédant très peu de points. Mais ce n’est pas un hasard: on n’a pas perdu un match de plus de quatre points à l’exception de notre défaite à Pau (31-15). On n’a pas à rougir. On a ces qualités pour éviter le creux de la vague. Même quand tu n’es pas bon, avec une bonne défense et une discipline, tu es quand même dans le coup. Mais le côté le plus agréable est d’être capable de marquer de beaux essais et que tout le monde touche le ballon. Je suis très fier de ça. Notre jeu est complet et on a su conquérir un public difficile.

Je ne crois pas à ces pseudo techniciens qui arrivent avec une méthode toute faite. C’est à l’entraîneur de s’adapter aux qualités et aux désirs de ses joueurs.

A votre arrivée en juin 2013, quelle identité de jeu recherchiez-vous?

C.L: Je ne crois pas à ces pseudo techniciens et stratèges qui arrivent avec une méthode toute faite. Il faut d’abord connaître ses joueurs. C’est à l’entraîneur de s’adapter à ce que les joueurs souhaitent faire, à leur qualité, leur désir. Je pourrais vous citer des dizaines d’entraîneurs étrangers qui arrivent avec leur méthode et qui se plantent. Ça ne marche pas et ils continueront à se planter. C’est un drame. Et on continuera à faire venir des pseudo techniciens qui réussissent dans le Super 15 et qui se planteront en France. Ce sera toujours comme ça. Il faut travailler ensemble pour trouver un système de jeu, un projet de jeu. Je ne suis pas arrivé avec un truc fermé. A mon arrivée, j’ai dû apprendre pas mal de choses.

En cours de saison, André Boniface dénonçait la perte d’identité du club. Votre équipe affiche pourtant un état d’esprit et une qualité de jeu séduisants…

C.L: J’ai beaucoup de respect pour André Boniface mais ce jour là, ses propos étaient hors sujet. Je n’ai pas compris. Ça ne tient pas debout. C’est ridicule. Je veux bien être critiqué mais il n’est pas venu me voir une seule fois. Mais que devrait dire les anciens de Dax, Béziers, Bourgoin? On est le contre exemple de ce qu’il affirme. On est qualifiés pour les phases finales en procurant, à les écouter, du plaisir aux gens. Et la présence des Landais dans notre groupe est forte. On est obligé de s’appuyer sur l’ADN de ce club, sa jeunesse sinon on est morts.

Christophe Laussucq et David Auradou ont permis au Stade montois d'atteindre les demi-finale de Pro D2 - janvier 2015
Christophe Laussucq et David Auradou ont permis au Stade montois d'atteindre les demi-finale de Pro D2 - janvier 2015
En tant que joueur, quand je me rendais compte qu’un entraîneur ne me faisait plus progresser, j’avais envie de le virer. L’entraîneur doit sublimer ses joueurs.

Après le départ de Marc Dal Maso en 2012, les avants se sont retrouvés orphelins d’un entraîneur. En quoi l’arrivée de David Auradou a-t-elle été décisive?

C.L: David (Auradou) faisait partie des manques évidents du club. Je savais qu’il allait nous apporter de la rigueur. La conquête, ce n’est pas du talent. C’est de la compétence, de la répétition, de la minutie. Ce n’est pas forcément drôle mais David est bon dans ce registre. On n’a pas hésité une seconde. Quand on regarde les statistiques de notre touche entre la saison dernière et cette saison, il n’y a pas photo. Quand tu es bon sur les contres en touche, tu défends mieux. On était faible là-dessus. Aujourd’hui, dans ce secteur, les joueurs ont gagné en maturité. Ils avaient besoin d’entendre un discours rassurant qui les fasse progresser. En tant que joueur, quand je me rendais compte qu’un entraîneur ne me faisait plus progresser, j’avais envie de le virer. L’entraîneur doit sublimer ses joueurs.

Que vous inspire cette demi-finale contre les Albigeois sachant que vous les avez battus à deux reprises cette saison?

C.L: On parle de deux matches en novembre (26-17) et février (19-23). Ça ne veut rien dire. Ils finissent super bien l’année avec deux victoires à l’extérieur dont une à Perpignan (21-22). Cela prouve qu’ils ont des ressources. C’est une bonne équipe avec des mecs denses devant et de très bons joueurs derrière. Je pense notamment à Mathieu Peluchon qui est à mes yeux le meilleur arrière de Pro D2. Leur présence en demi-finale est loin d’être un hasard. Après, quand je les entends dire qu’il leur faudrait un miracle pour s’imposer dimanche, il faut arrêter. (il souffle) Ils ont des blessés comme tous les clubs. Et il faut arrêter de pleurer en disant qu’on est un club riche et eux un club pauvre. Ils ont le 7e budget de Pro D2 (5,39M) et nous le 8ème (5,21M). Il pleure depuis le début de l’année à dire qu’ils jouent le maintien. Et ils vont venir dimanche en disant qu’on est les super favoris…

Tout le monde semble surpris que l’on finisse second. Comme si on avait été invisibles toute l’année. Mais la culture rugby de ce club est exceptionnelle. Même si personne ne s’en rend compte.

Médiatiquement, l’impression générale est que le Stade montois a traversé cette saison dans un certain anonymat…

C.L: Tout le monde semble surpris que l’on finisse second. Comme si on avait été invisibles toute l’année. On a seulement été télévisés cinq fois… pour plus de quinze retransmissions pour l’USAP ou le BO. Mais il faut regarder ce que fait ce club depuis 2002 avec trois montées dans l’Elite (2002, 2009, 2012). Quelle autre formation de notre envergure a fait mieux ? Quand vous regardez les ressources économiques de notre club, c’est hallucinant. On n’a pas le droit de se tromper. On doit être très bon au niveau de la formation, du recrutement et que notre politique de salaire soit cohérente. Mais la culture rugby est exceptionnelle. Ça fait partie de la magie du Stade montois même si personne ne s’en rend compte. Mais ça me va très bien. On est dans le rôle du petit poucet, sans pression démesurée.

Dans un passé récent, le Stade montois a démontré sa faculté à surmonter l’enjeu écrasant des phases finales. Dimanche, ce sera votre principal allié ?

C.L: Depuis la dernière finale d’accession contre Pau en 2012, il faut quand même rappeler que le groupe a profondément changé. Mais l’état d’esprit des joueurs ne cesse de me surprendre. Il y a une âme profonde qui se transmet génération après génération. Je sens mes joueurs prêts, investis, sereins, avec ce club dans le sang. On se rend compte que les équipes se méfient de nous. Et quand je vois ce que mes joueurs réalisent, je n’ai peur de personne.

Christophe Laussucq (Stade montois) est admiratif de la performance de ses joueurs cette année - janvier 2015
Christophe Laussucq (Stade montois) est admiratif de la performance de ses joueurs cette année - janvier 2015
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