Etcheto: "Je suis un peu provoc'. J’aime ça, c’est mon moteur"

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Publié le Mis à jour
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PRO D2 - Vincent Etcheto est de retour à Bayonne. Celui qui incarnait le jeu de l'UBB ces dernières saisons revient dans le club qui l'a vu grandir depuis l'école de rugby. Pour le technicien, réussir chez lui est sans doute le challenge le plus difficile de sa carrière. Mais il n'a pas l'intention de se renier.

Vous avez quitté l’Aviron Bayonnais joueur et vous revenez en tant qu’entraîneur. Comment retrouvez-vous le club ?

Vincent ETCHETO: C’est une catastrophe. Je l’ai dit il y a trois ans et je m’étais fait insulter. Je le dis, je le répète et ça ne fera pas plaisir à beaucoup de monde mais j’avais raison quand je disais que le jeu était d’une pauvreté sans nom, que la valse des entraîneurs était ridicule, qu’il n’y avait ni projet sportif, ni projet de club et que ce bon public se contentait de très peu. Beaucoup de monde le pensait mais n’osait le dire. Parce que j’étais détaché de ce club, je le disais sans aucune prétention mais je ressentais le besoin de le dire. Je n’aime pas garder les choses pour moi quand ça me touche. Et ce club, on a beau dire que je n’aime pas l’Aviron, j’aime l’Aviron. Mais c’est vrai, cet Aviron-là je ne l’aimais pas.

Je préfère m’engueuler avec un mec parce que je n’ai pas fait jouer tel joueur, plutôt que de passer et qu’on me dise "on t’a vu aux Spécialistes"

Vous êtes un enfant de Bayonne. Le challenge est osé de revenir ici, quand vous auriez pu vous satisfaire de l’image du mec qui a réussi à l’UBB tout en dissertant sur le rugby aux Spécialistes...

V.E: Pierre, mon grand frère m’a dit quand il a su: "fais attention avec l’Aviron…" Je lui ai dit que j’avais envie d’entraîner. C’est mon métier. L’oisiveté j’aurais pu, mais ce n’est pas ma vie, je ne serais pas épanoui. Je préfère m’engueuler avec un mec parce que je n’ai pas fait jouer tel joueur, plutôt que de passer et qu’on me dise "on t’a vu aux Spécialistes". Je suis venu parce que c’est un challenge, que je suis un peu provoc'. J’aime ça, c’est mon moteur. Quand je provoque, c’est un jeu. Ça me met en danger et le fait d’être en danger m’oblige à être encore plus éveillé, plus exigeants avec moi. Le fait de se mouiller ça provoque. C’est mon côté pénible mais c’est mon moteur. J’ai besoin de me situer, de défi et celui-là est un beau défi. Affectivement, il me plaît en plus.

Vincent Etcheto, l'entraîneur des trois-quarts de l'UBB - 2014
Vincent Etcheto, l'entraîneur des trois-quarts de l'UBB - 2014

Petit fils de Jean-Dauger, fils de Roger Etcheto, vous sentez-vous une obligation de faire bien jouer l’équipe que vous entraînez et spécialement l’Aviron bayonnais aujourd’hui ?

V.E: Je n’ai pas d’obligation. Je suis fait comme ça. J’ai commencé par les Cadets ici à l’Aviron. On m’a dit: "oui c’est bien, mais ce n’est que les Cadets". Puis je suis allé en Italie (Breccia en Série A) et c’était bien. Ensuite le Boucau (Fédérale) qui était plutôt une équipe de combattants et à la fin on joue et on se régale. Enfin, l’UBB. Moi j’ai envie de ce rugby-là. Et quand j’en parle aux joueurs de l’Aviron, les mecs ils sont heureux. Ils ont envie de ça, on a tous envie de ça.

Si je devais faire du copier-coller de tout ce qu'il se fait, je m’emmerderais et je ne ferais pas ce métier-là

La Pro D2 se prête à ce jeu ?

V.E: Bien sûr, pourquoi elle ne s’y prêterait pas ? C’est facile de dire qu’on ne peut pas jouer, que les défenses ont pris le pas sur l’attaque. Les défenseurs sont plus costauds, mais les attaquants sont aussi plus costauds. Ce sont de fausses excuses. Mais c’est plus facile de dire à des mecs: "on va faire du jeu à zéro passe, on va occuper et on va attendre la faute de l’adversaire". Je ne dis pas que ce n’est pas bien, mais ce n’est pas ma philosophie du rugby. J’ai envie d’initiatives. Quand je suis sur le banc j’ai envie de vivre le match, de me faire plaisir, de voir ce qu’on a fait à l’entraînement se mettre en place, comprendre les échecs. Tout ça est passionnant. Si je devais faire du copier-coller de tout ce qu'il se fait, je m’emmerderais et je ne ferais pas ce métier-là. Il y a quand même des équipes qui jouent bien au rugby et qui gagnent. Les All Blacks, les Australiens, même les Sud-Africains se font des passes et ne s’ennuient pas sur le terrain. Le rugby moderne est en perpétuelle évolution. Il y a toujours des cycles restrictifs, mais là on est dans un cycle ou les équipes ont compris qu’elles devaient jouer.

Vincent Etcheto, l'entraîneur des trois-quarts de l'UBB
Vincent Etcheto, l'entraîneur des trois-quarts de l'UBB

N’est-ce pas difficile de mettre ça en place quand on connaît vos soucis d’effectif lors de cette intersaison ?

V.E: Si on prend l’Aviron aujourd’hui, il y a quasiment une équipe-type qui se dégage. Le problème est que j’ai 15 joueurs, je n’en ai pas 25. Quand je me réveille la nuit à cinq heures du matin et que j’imagine ce que je peux faire avec ces joueurs-là, j’ai une bonne équipe de Pro D2. J’espère qu’on va se maintenir, qu’on va bien jouer au rugby car j’ai les joueurs pour. Dwayne Haare est aussi pénétrant que Peter Saili. Jean-Jo Marmouyet peut être aussi aérien et mangeur d’espace que l’était Hugh Chalmers. Jean Monribot c’est le plaqueur-gratteur qu’on n’avait pas à l’UBB. J’ai un cinq de devant costaud. J’ai quand même une équipe équilibrée mais juste en nombre. Si je garde Rokocoko... (il regarde en l’air et sourit). Oui je rêve de garder Joe Rokocoko, j’ai passé une semaine avec lui, je suis fier d’avoir entraîné Joe Rokocoko une semaine.

Que faire pour qu’il reste ?

V.E: Lui proposer des choses qui vont lui plaire niveau rugby et appeler Francis (Salagoity) toutes les deux heures: "bon, Joe, qu’est-ce qu’on en fait ? On en est où ? Est-ce qu’on peut, a-t-on trouvé un mécène, de l’or dans la cave ?" Qu’est-ce que je peux faire de plus ? J’ai envie de l’avoir…

Trouver de l’alternance et que tout le monde soit content. Que les gosses voient des mecs percer les défenses, qu’il y ait une bagarre de temps en temps, qu’il y a des ballons portés, quand il pleut que l’on soit capable de mettre des chandelles et de décaniller dessous

Que vous manque-t-il comme joueurs dans cet effectif ?

V.E: Pour l’instant on ne peut recruter que des joueurs qui étaient chômeurs au premier juillet ou des prêts, et deux joueurs supplémentaires. Et il nous faut, un demi de mêlée, un demi d’ouverture, un pilier gauche et deux deuxième lignes. Et un centre si on ne garde pas Joe Rokocoko.

Joe Rokocoko face à Biarritz - juillet 2014
Joe Rokocoko face à Biarritz - juillet 2014

Quelles sont vos ambitions avec l’Aviron Bayonnais ?

V.E: Se maintenir. Mais quand je dis se maintenir, j’aimerais que l’on soit maintenu à Noël avant la trêve et que l’on dise: "P…. l’Aviron joue bien au rugby". Gagner sans jouer n’a aucun intérêt, comme disait mon père. Je veux qu’on gagne, parce que je suis payé pour ça, pour maintenir le club, pour avoir des résultats et que les gens soient portés par une équipe qui gagne. Mais tout ça ne m’intéressera pas s’il n’y a pas cette notion de plaisir et d’échange avec le public. Je veux que les gens se reconnaissent dans cette équipe. Ce n’est pas: "la balle à l’aile la vie est belle", c’est trouver de l’alternance et que tout le monde soit content. Que les gosses voient des mecs percer les défenses, qu’il y ait une bagarre de temps en temps, qu’il y a des ballons portés, quand il pleut que l’on soit capable de mettre des chandelles et de décaniller dessous. J’ai envie que cette équipe ait de la vie et qu’elle soit généreuse. En quatre matchs, les quatre premiers de la saison, il faut que les gens qui hésitent encore aient envie de reprendre l’abonnement, que les partenaires aient envie de mettre un peu plus d’argent dans le club, qu’ils se disent, c’est reparti. C’est un défi que je me suis lancé, une envie que j’ai voulu insuffler au staff et aux joueurs. Je leur ai dit: "on va faire profil bas, on est modeste, la Pro D2 est difficile, mais on ne doit pas se contenter de subir ou d’attendre".

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