"Les Anglais sont plus professionnels"

Par Rugbyrama
  • Capdevielle Gloucester
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Ce vendredi, Gloucester jouera un match de Premiership très compliqué contre Leicester. Dixième du championnat, le club de Pierre Capdevielle a une grosse pression avant ce rendez-vous. Le pilier français nous livre son sentiment avant cette rencontre et après ses premiers mois en Angleterre.

Tout d'abord expliquez nous pourquoi après huit saisons passées à Brive, avez-vous voulu changer d'air ?

Pierre CAPDEVIELLE : A 35 ans, j'avais envie de me fixer un dernier challenge. J'avais envie de goûter à autre chose, d'enfin saisir l'occasion que j'avais eu de partir à l'étranger un peu plus jeune. Par deux fois dans le passé, Philippe Saint-André m'avait proposé le rejoindre en Angleterre. La première fois, c'était il y a dix ans quand il entraînait Gloucester. La seconde fois c'est quand il avait rejoint Sale en 2005. Mais à chaque fois, je n'ai pas osé franchir le pas par peur de l'inconnu. Quand Gloucester est revenu à la charge l'an dernier, je n'ai pas hésité une seconde. J'avais bien senti que Brive ne voulait pas me garder à tout prix. Je n'avais pas envie de finir avec le CAB en quatrième voir en cinquième roue de secours. Même si pour le moment, cela ne tourne pas rond pour nous, je ne regrette en rien mon choix.

N'êtes vous pas tout de même déçu de devoir lutter pour la relégation alors que vous étiez venu pour jouer les premières places?

P.C. : Oui, bien sûr que je le suis un peu. Depuis dix ans, Gloucester est habitué à faire de gros débuts de saison et à lutter pour les cinq premières places. Pour le moment, ce n'est pas le cas. Les nombreux changements effectués au niveau de l'encadrement et de l'équipe ont quelque peu perturbé l'équilibre du groupe. Dans le jeu, nous avons des difficultés de concrétisation de nos actions. Malgré tout, l'expérience demeure sympa à faire. Je n'ai vraiment pas l'impression que nous sommes actuellement au bord de la zone rouge avec seulement trois points d'avance sur la lanterne rouge (N.D.L.R: avant la réception de Leicester, Gloucester est dixième). Il n'y a pas de pression comme en France qui vient des instances dirigeantes. En Angleterre, un club fonctionne un peu comme une entreprise. D'un côté, il y a le patron du club, de l'autre il y a les entraîneurs. Ce n'est pas comme en France où vous avez au milieu de nombreux intermédiaires. J'ai l'impression que cela fonctionne bien mieux ainsi. A Brive, il y a toujours eu de nombreux courants dans les instances dirigeantes, ce qui à la longue finissait par nuire au fonctionnement du club.

Avez-vous l'impression que les clubs anglais vivent mieux la pression que leurs homologues anglais?

P.C. : Ici, il n'y a pas de catastrophisme comme en France. Nos clubs vivent très mal de se retrouver au bord de la zone de relégation alors que les Anglais ne s'affolent pas outre mesure. Au lieu de se perdre dans des règlements de compte sans fin, les Anglais préfèrent s'entraîner dur et réserver leur seul réponse au terrain. Ils sont plus optimistes que nous. Se mettre la tête dans un sac ne leur ressemble pas. Ils savent mieux faire la part des choses.

Cela vaut également pour la préparation des matchs...

P.C. : Cela m'a fait un véritable choc au début quand j'ai vu que les gars débarquaient seulement une heure avant le coup d'envoi. Puis, j'ai appris à apprécier cette manière de se préparer. En France, on est friand des longues mises au vert avant les matchs. C'est franchement tout sauf idéal pour se préparer car tu te fais vraiment ch... Ici au moins, les gars arrivent, posent leur affaires. Une fois changés, ils sont de suite dans le match. Ils ont une manière de se préparer qui n'est pas lourde. Je suis persuadé qu'à la fin, tu t'économises plus mentalement. Ils ne ressentent pas la lassitude comme on peut avoir à la fin de la saison en Top 14 où on en a bien souvent ras le bol. Notre seule hâte est d'alors être en vacances. Je trouve aussi que les Anglais sont plus professionnels car une fois le match est terminé, il n'en parlent plus.

Comment expliquez-vous votre début de saison catastrophique?

P.C. : Avant tout, par nos problèmes défensifs (N.D.L.R: Avec 164 points d'encaissés, Gloucester est actuellement la deuxième défense la plus poreuse du championnat d'Angleterre après Leeds). Nous avons en début de saison changé de système défensif qui a du mal à être absorbé. Nous avons mis en place un schéma très exigeant au niveau de la redistribution et un peu compliqué à mettre en place. C'est un système très exigeant qui ne pardonne pas le moindre relâchement, ni la moindre erreur d'inattention. Or avec la fatigue en fin de match, il nous arrive de laisser un trou important entre le quatrième et cinquième joueur. Les autres équipes en profitent. L'autre problème vient aussi du fait que nous sommes un peu trop "foufous". Par moments, nous voulons trop jouer et cela se retourne contre nous. Là encore, le changement a été trop radical car l'équipe est passé d'un jeu stéréotypé, préétabli sous Dean Ryan à un système moins structuré faisant la part belle au mouvement à outrance.

Comment malgré toutes ces insuffisances, pouvez-vous parvenir à battre Leicester vendredi soir dans une rencontre qui s'annonce cruciale quant à votre avenir?

P.C. : En ayant l'esprit un peu commando. Il nous faudra avoir une grosse conquête et tout tabler sur la conservation. Si nous pouvions également disputer tout le match à quinze ce serait bien car nous avons pris beaucoup trop de cartons depuis le début de saison. Nos derniers matchs en Coupe anglo-galloise montrent qu'il y a eu du mieux à ce niveau. Nous sommes une bonne équipe composé de joueurs de qualité, il n'y a pas de raison que nous ne puissions pas battre Leicester.

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