Vaotoa : "Rester dans les six premiers et ne pas lâcher"

  • Oscars Midol - Dimitri Vaotoa lors de la remise des Oscars Midol
    Oscars Midol - Dimitri Vaotoa lors de la remise des Oscars Midol
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OSCARS MIDOL - Après la cérémonie des Oscars Midi Olympique, où l'Oscar Midol lui a été remis, Dimitri Vaotoa est longuement revenu sur son parcours. Originaire de Nouméa, il représente aujourd'hui Montauban, une ville qui lui ressemble. Il parle de tout ce qu'il a vécu avec le club, mais aussi de la lutte pour les phases finales pour cette saison.

Félicitations pour cet Oscar Midi Olympique, comment avez vous réagi à cette remise de trophée ?

Je suis fier parce que ce maillot je le porte depuis plus de dix ans, mais ce n'était pas évident devant tant de monde...

On vous a vu très timide, aux antipodes du joueur que vous êtes sur le terrain…

Je n'aime pas trop qu'on parle de moi, et devant tout le monde c'était un peu délicat. Je suis comme ça, si on parle de l'équipe ça va, mais je n'aime pas parler de moi, je préfère rester dans mon truc. Il y a des joueurs qui savent comment faire, comment parler, mais moi je ne connais pas tout ça. Sur le terrain, c'est différent (rires).

Pourtant vous êtes un cadre de Montauban, donc il faut parfois que vous preniez la parole pour faire avancer les choses ?

Oui, avec les mecs, quand j'ai un mot à dire, je le dis. Mais c'est souvent des paroles spontanées, qu'on dit sur le coup. Ce n'est pas des paroles qui sont réfléchies et préparées pour être dites devant du monde. C'est à l'instinct. Les mecs, je les connais, donc c'est différent.

Sur scène, David Gérard a même dit que vous étiez grincheux parfois, c’est vrai ?

Ah oui, tous les jours ! Là, je vais arriver au stade pour m'entraîner, je vais râler un peu (rires). Tous les jours je râle et on me dit d'arrêter de râler. Après, je suis content d'aller au stade mais c'est une habitude de râler pour un oui ou pour un non peut-être.

Ou pour des clignotants sur les ronds-points...

Oui, c'est chiant franchement ! Il y a des ronds-points à deux voies et ils ne savent pas les prendre, ils ne mettent pas de clignotants. Ils croient qu'il y a personne à côté d'eux. Souvent pour aller tout droit, les gens se mettent au milieu, mais pour aller tout droit, il faut se mettre à droite !

Cet Oscar, il est forcément aussi la récompense d’une fidélité hors-paire. Plus de 10 ans et 200 maths avec Montauban, ça fait quoi ?

C'est une fierté. Quand je suis arrivé j'avais 22 ans, j'étais jeune. Je ne pensais pas rester aussi longtemps mais à chaque fois, quand j'étais en fin de contrat, je suis resté. Je suis quelqu'un qui, quand il se sent bien quelque part, ne voit pas l'intérêt de bouger. Quand j'avais des propositions ailleurs, ma femme était enceinte aussi donc pour mon fils, c'était mieux de rester.

? Oscar Midol pour Dimitri Vaotoa ! ? #OscarsMidol https://t.co/8Paz2Ov9Wm

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) February 8, 2022

Vous avez tout connu ici...

J'ai vécu la montée quand on était en Fédérale 1, la demi et la finale en Pro D2 mais aussi le maintien pendant deux ou trois ans. J'ai vécu les phases finales du haut et celles du bas.

Quel est votre meilleur souvenir ?

Sans hésiter la demi-finale de Fédérale 1 contre Lille à Sapiac. C'était particulier. Toute la ville attendait ça, avec la descente du club de Top 14 à Fédérale 1, on savait que pour les supporters, c'était vraiment important. On sentait la pression qu'on avait sur nous, tout le monde voulait que Montauban remonte en pro. Cette demi-finale, wah... Il y avait même des gens même sur la piste cyclable assis parce qu'il n'y avait plus de place en tribune ni nulle part ailleurs.

Il reste Nicolas Agnesi et Leka Tupuola qui ont vécu ça avec vous...

Il y avait David Byrnes aussi ! C'était le demi de mêlée, il nous fait marquer sur un coup de pied ! On en reparle, avec les anciens, etc. C'était une autre ambiance parce que ça jouait le samedi, le stade était toujours plein.

Cette saison, c’est celle de la fameuse quête aux émotions avec les phases finales à aller chercher ?

Oui, après trois saisons de galère, où c'était dur pour nous et les supporters, maintenant on y est et on a envie d'y rester dans ce top 6. Les phases finales, ceux qui les ont vécus savent que c'est vraiment différent et qu'il y a beaucoup d'émotions. Si tu perds un match t'es éliminé, c'est un truc à vivre. Faire ces phases finales après ces trois saisons galères, ce serait le top.

Vous êtes bien placés pour le moment ?

Oui, mais c'est très serré. Beaucoup d'équipes peuvent encore se qualifier. Surtout que nous on se déplace plus qu'on ne reçoit et on a un match en retard... On va enchaîner les blocs. Ça va être très dur. On va jouer que contre des gros, c'est le sprint, il va falloir tout donner.

Ça nous coupe les vacances, c'est compliqué parce qu'on s'entraîne à effectif réduit et on n'arrivé pas à enchaîner les matchs. Pour le rythme, c'est un peu compliqué. Mais il faut s'adapter, rester dans les six et ne pas lâcher.

Des anciens coéquipiers vous ont offert le maillot symbolique de Montauban, que représentent-ils pour vous ?

Pour moi Sapiac, c'est une famille. À partir du moment où on a le même maillot vert et noir sur le terrain pendant 80 minutes, on est des frères. C'est comme ça que les liens se créent. Ceux qui m'ont offert ce maillot à la cérémonie, on a fait tellement de choses ensemble, on a bataillé partout. On est uni par ce maillot.

Bravo à l’@usm_sapiac ! ?? #OscarsMidol pic.twitter.com/T6ACwqGTPq

— Midi Olympique (@midi_olympique) February 8, 2022

On dit que le club est à votre image : féroce sur le terrain mais familiale et accessible en dehors, vous êtes d’accord ?

Moi je l'ai connu comme ça et c'est comme ça que je l'aime. Les gens autour le font évoluer et c'est une bonne chose pour la nouvelle génération. Mais ça reste un club familial. Les supporters, je les connais depuis dix ans.

Il y a d’ailleurs votre frère qui joue avec vous, une énorme fierté on imagine ?

J'ai de la chance de jouer avec mon frère encore une année. Je ne sais pas si on est beaucoup à avoir cette chance mais c'est top. Une fois, je suis rentré à Nouméa et je lui ai dit : "tu rentres avec moi" !

Vous représentez Montauban, pourtant vous êtes né et avez grandi à plus de 17 000km, à Nouméa…

On pense que ça n'a pas grand-chose à voir, mais Montauban est comme Nouméa. C'est petit et familial. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas du soleil toute l'année et pas la plage que ce n'est pas pareil. Si je suis resté, c'est que je me sens comme chez moi et les gens sont pareils aussi. Je ne me voyais pas être dans une grande ville.

De plus en plus de joueur d’outre-mer s’imposent en métropole, comment voyez-vous cela ?

C'est trop bien ! Avec tous les joueurs des îles Walis qui sont en équipe de France, ça donne envie à tous les autres jeunes des îles. Moi, à mon époque, on ne connaissait que les All Blacks. Quand Jocelino Suta a commencé à jouer en équipe de France et à Toulon, tout le monde était trop fier à Nouméa. Et après ça a enchaîné avec Seb Vahaamahina et maintenant les jeunes à Nouméa ont envie parce qu'ils voient qu'on peut réussir.

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