La chronique de H. Broncan

Par Rugbyrama
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Retrouvez la chronique d'Henry Broncan, le manager du SU Agen, qui revient notamment sur les deux dernières défaites agenaises.

Samedi 27 septembre

Il fait si beau sur Séméac : bonheur d'un soleil d'automne qui vous caresse le dos, après que la fraîcheur matinale a vigoureusement fouetté vos narines ! Avec le FCAG, nous avions pris l'habitude de préparer le derby dans cette cité de la banlieue tarbaise aux installations sportives très convenables. A chaque fois, bien nous en a pris : victoires en 2002-2003, 2003-2004, 2005-2006 et même la saison passée, avec le SUA, grâce à un essai de coquin de Max Carabignac surnommé ce soir-là, par un ami journaliste "la mobylette bleue".

Le Président Dinguidard s'est fendu en quatre pour nous recevoir le plus dignement possible. Il égrène les souvenirs du bon vieux Stado, du si respectable CAL aussi mais le présent n'est pas oublié : aujourd'hui, il est à la tête du Séméac Olympique qui ouvre demain sa saison officielle en recevant le Castelnaud du Madiran, ce vin qui nous grise si bien dans notre Gers.

Dans l'après-midi, place à l'école de rugby locale qui regroupe, dans le cadre du BALS, les clubs de Barbazan, Aureilhan, Laloubère et Séméac ; les enfants sont nombreux, les éducateurs aussi ; les enfants sont passionnés, les éducateurs aussi ! Parents attentifs, inquiets parfois, fiers aussi quand la progéniture échappe à deux plaquages et marque l'essai. Avec Lionel Girardi, nous assistons, spectateurs attentifs, aux séances rondement menées : un quinquagénaire se démène comme un jeune premier au milieu des minimes : il encourage les timides, repousse les mauls, lutte dans les rucks, relève les meurtris, intéresse les satellites, tempère les matamores... Une indiscrétion nous apprend qu'il s'agit d'un sujet de Sa Gracieuse Majesté devenu paysan, quelque part dans la vallée de l'Adour... Je crois que Antoine Marin, le Président d'Armagnac-Bigorre peut donner la labellisation FFR à l'école de rugby du BALS : Pardon, ce doit être réalisé depuis longtemps !

A Tarbes, j'ai de bons amis pari les dirigeants, parmi les joueurs et même parmi les spectateurs. Avec Philippe Bérot, nous avons partagé trois saisons de vie commune à la tête du FCAG, mais aujourd'hui, il est sur des charbons ardents ; Tine Martinez a joué à Auch dans le passé ; nous avons beaucoup de points communs quant à l'approche du rugby : combativité, conquête, occupation... vieille rengaine certainement dépassée de nos jours... Sur la route, nous avons frôlé l'ancien stade Jules Soulé envahi par les mauvaises herbes, l'ancien royaume des Dupuy, Cazaux, Dargeles, Abadie, Cassagne... maintenant transformé en friche rugbystique ; j'ai déjà conté la course altière d'André Boniface au milieu des années 60 lors d'un Stado-Stade Montois où les amateurs d'envolées de trois-quarts mais aussi de volées de coups de poing en avaient eu pour leurs anciens francs.

Ce soir, à Maurice-Trélut, le TPR se doit de s'imposer ; le SUA veut faire de même. Première mi-temps très équilibrée avec cinq coups de pied d'un côté et deux essais de l'autre. Après la pause, l'équipe qui veut gagner le plus s'impose logiquement : l'ouvreur Apanui frappe haut et loin, le seconde ligne Domolaïlaï saute haut et bien, le centre Loftus envoie sa tignasse blonde au-delà de la ligne d'avantage. Défaite sans bonus défensif, retour amer par le Gers. La cathédrale éclaire la ville mais Auch a gagné sans convaincre et sans bonus offensif contre Bourg et les bars de la Patte d'oie ont fermé les rideaux.

Dimanche 28 septembre

Déplacement des Espoirs à Dax. La victoire sur Biarritz et la présence de nombreux équipiers premiers rend le car confiant dans sa traversée landaise. L'excellence du repas de midi ajoute un degré supplémentaire et nous voilà dans la bonne humeur, tous, encadrements et joueurs, dans une douce quiétude. Les Espoirs dacquois au jeu simple mais efficace vont vite mettre à la raison des Agenais apathiques et indolents : pas de soutien offensif, pas de virulence dans les plaquages, des fautes dans le jeu au sol, un super buteur et des gars adroits en face. Retour à la case départ avec 32 points dans les soutes de Pascal. La forêt landaise est plus triste au retour.

Lundi 29 septembre

La forêt domaniale de Campet. Décidément, ce Lot-et-Garonne a toutes les chances : même la forêt landaise a élu domicile sur son territoire ! C'est d'ailleurs mieux que dans les Landes car ici, les chênes concurrencent abondamment les pins ; les fougères ont revêtu leurs habits d'automne ; et plus loin le Ciron tournicote. J'apprends qu'Henri IV, depuis Nérac, avec ou sans Fleurette, goûtait y chevaucher. Mieux, je sais maintenant que Pierre Lacroix vient d'Houeilles et Henri Cazaubon de Durance. Nul doute que les allées forestières ont dû servir de parcours d'entraînement pour les deux grands demis de mêlée. Aujourd'hui, même si les champignons se cachent trop bien, la promenade console des échecs précédents.

Retour sur le Gers par Condom. A Lavardac, le panneau indique Nérac à 6 kms ; je sais qu'hier les deux équipes s'affrontaient en Fédérale 3 ; les visiteurs ont-ils eu besoin d'un bus pour se déplacer ? Je me souviens des Tyrossais qui lors d'un match en pro D2 à Dax, - en 2004 ? - s'étaient rendus dans la cité thermale en vélo et avaient pique-niqué sur les bords de l'Adour. Sacrés Tyrossais qui, avant-hier, fêtaient leur centenaire en recevant Hagetmau !

En passant dans la sous-préfecture de mon département, j'apprends que le SAC a perdu à domicile contre Adé 29 à 3 ! Michel Blancuzzi, qui se vante toujours de huit saisons passées sous le maillot rouge et noir, le sait-il ? Une pensée pour les Grand, Gourragne, Strucviel, Montaugé, Lanepain, Bégué et beaucoup d'autres !

J'apprends que le derby de la Save est revenu au Lombez Samatan Club grâce à un essai de son pilier Limousin, un pur produit malgré son nom, de la vallée, en fait du coteau de Sauveterre. Raphaël Bastide, maintenant lislois, a dû râler de perdre sur une terre où il avait l'habitude d'être presque invincible !

Fleurance et Christophe Pigozzo - toujours la Save - sont tombés à Castanet sous le pied gauche de Nicolas Rouxel - encore la Save-.

Cet ancien élève du collège de Samatan fait partie des éléments les plus doués que notre école de rugby ait pu compter. Au LSC, nous l'avons fait débuter, à l'aile, en équipe 1, alors qu'il avait à peine 17 ans. Le SU Agen et Daniel Dubroca sont venus le chercher à vingt ans pour préparer la succession de Pierre Montlaur. Armandie ne lui a pas convenu et par la suite il s'est contenter de faire le bonheur de clubs de la Fédérale 1 et 2. A 35 ans, il fait le bonheur d'un club de la banlieue toulousaine.

Mercredi 1er octobre

L'Ecole de rugby, les Cadets, les Crabos, les Reichels, les Espoirs... Les crampons se multiplient entre les vestiaires de la tribune Ferrasse et les terrains annexes : 600 pieds environ, dans l'excitation de la quête d'un ballon qui pour plusieurs reste insaisissable. Lesquels deviendront Philippe Sella, Jacques Gratton, Dominique Erbani, Philippe Benetton ? Quelle formation fera d'eux des vedettes de notre sport ? A 64 ans, après avoir amoncelé des strates de certitude, je ne suis plus sûr que de n'être plus sûr de rien ! Global, analytique, toucher, plaquer, âge des débuts, pluridisciplinarité, la main, le pied, autoritarisme, égalitarisme, individualisation... ?

Pourvu qu'ils jouent... !

Jeudi 2 octobre

A propos de formation, me voici, cette après-midi devant 26 jeunes, des Crabos aux Espoirs, venus se perfectionner entre 16 et 18 heures. C'est une fête de retrouver le terrain ; sur l'annexe 3, le père Maniaval instruit les lycéens de De Baudre - la majorité opèrent au SUA - mais il y a autour de lui, beaucoup de novices qui se prennent d'affection pour l'ovale ; de l'autre côté, sur l'annexe 2, ce sont les collégiens de Chaumié - une section sportive - qui entourent Henri Cazaubon - la mémoire du SUA - et Thomas Darracq - le CTR du Périgord-Agenais - Partout, la même passion, l'envie de progresser, de se perfectionner, de devenir un grand joueur. C'est un régal : aujourd'hui, nous travaillons l'envoi et la réception des balles aériennes, un domaine peu ancré dans la culture agenaise où la main a toujours prévalu sur le pied mais il faut s'adapter au rugby actuel. On saute, on loupe, on recommence : pas facile de réceptionner un ballon, jambes et mains levées ; tout le monde ne s'appelle pas Badenhorst.

A 18 heures, mes jeunes gagnent la sacro-sainte salle de musculation ; les étudiants de Sciences Sociales prennent notre place sur le terrain ; à 19 heures, les Anciens du Club des Partenaires et ceux de l'Association des Charlots vont arriver et je suis invité à assister, un autre jeudi soir, pour l'entraînement de l'équipe corporative de l'Hôpital. Comment voulez-vous que je puisse ne pas aimer Agen ?

Samedi 4 octobre

En Gauderman et en lever de rideau, les Cadets A nous régalent face à Dax. Certes un capitaine Pujade, fils d'un beau seconde ligne d'une des grandes époques, un trois-quarts centre dénommé Sella, fils de qui vous savez, mais aussi beaucoup d'excellents joueurs avec une mention spéciale pour un arrière longiligne encore bien fin mais de la vitesse et un coup de botte exceptionnel. Je me souviens l'avoir rencontré dans le bureau de Gérald Mayout où, en plein mois de juillet, il était venu demander des ballons pour s'entraîner ! Dans les rangs agenais, trois enfants du Lombez-Samatan-Club, tous trois formés à la Section Sportive du Collège, venus (me) rejoindre au SUA. Le bonheur de les retrouver titulaires dans ce club : la Vallée de la Save peut être fière de son école de rugby et Claude Bellard de ses élèves.

A 20 heures, les vestiaires girondins chantent leur bonheur d'une victoire à Armandie. Côté opposé, têtes basses et des larmes ; l'un d'entre nous, le c&oeligur peut-être plus bleu et blanc que les autres, peut-être plus fatigué par les courses et les plaquages, ne peut réprimer ses sanglots. Cette equipe inexpérimentée, à 6-0 pour elle, s'est lancée dans une relance suicidaire redonnant du corps à la résistance béglaise ; par la suite, toujours à 14 à 7 pour elle, elle n'a pas su ? pas pu ? "tuer" - quel vilain mot - un match qui paraissait imperdable mais la victoire des hommes de Patrick Laporte est loin d'être usurpée : il y a du métier chez Sourgens, Jackson, Yachvili et Vernis, de l'assurance chez Ferrères moins téméraire que par le passé, du pied gauche avec Duvallet, toujours de la vitesse dans les jambes de Marlu, des appuis dans celles de Fekitoa et comme le talonneur Montagnat a beaucoup progressé...

Deux semaines pour se reprendre.

Dimanche 5 octobre

Toutes les équipes jeunes ont gagné ce week-end : les Crabos et les Reichels à Mont de Marsan ; les Cadets A et B contre Dax et cet après-midi, les Espoirs l'emportent largement contre le TPR 49-15. Pourtant au sujet de ces derniers, je suis loin de pavoiser. Après une première mi-temps de très bon niveau grâce à Mathieu Barrau parfait dans son rôle de chef d'orchestre et Sofiane Guitoune énorme dans l'offensive, après la pause, l'équipe est retombée dans ses travers : jeu au pied inopportun, manque d'agressivité, individualisme exacerbé... A la fin du match, j'ai entendu les chants résonner dans nos vestiaires et je n'ai pas cru bon de les interrompre pour crier mon désappointement : je deviens sage !

Lundi 6 octobre

Sur la route du Gers, détour par Mézin, pays d'Armand Fallières ; le Lot-et-Garonne n'a pas seulement donné à la France des Présidents de la Fédération de Rugby.

P.S : Courrier des lecteurs de M.O ; Auteur André Veran, la Méditerranée, la truculence, le c&oeligur plus large que la Rade, le cri plus fort que le Pilou-Pilou... le cri d'un amoureux du rugby.

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