La chronique de H. Broncan

Par Rugbyrama
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Henry Broncan est de retour avec sa chronique. Toujours au SU Agen pour qui c'est la reprise, mais dans un rôle différent cette saison...

Jeudi 3 juillet

1200 personnes pour la présentation des trois entraîneurs aux supporters du SUA ! Décidément, ce pays est bien "dingue" de l'ovale, "le Marseille du rugby" me glisse un voisin à qui je viens d'exprimer mon étonnement, mieux, mon admiration. Les questions fusent, laissant percer quelques inquiétudes sur la coexistence du trio : cohabitation ? Coopération ? Collégialité ? Le Président qui n'aime pas faire dans la dentelle, réitère ses propos sur la "Dream Team" : Nous avons un objectif commun : retrouver le Top 14 avant, ou en 2010 et je pense que nous avons, tous les 4, conscience que c'est par l'union que nous y parviendrons. Pour ma part, j'ai su accepter de laisser le terrain à Christian et à Christophe, plus jeunes, plus ouverts, plus "agenais", et je compte bien les soulager de tous les à-côtés qui entravent les processus des entraînements ; j'accomplirai avec passion ma fonction de Directeur-rugby consistant avant tout à suivre la progression des meilleurs jeunes du club, depuis les cadets jusqu'à l'équipe 1. Pour ce faire, je vais m'appuyer sur un groupe d'éducateurs performants et dévoués à la cause du SUA, des gens qui savent placer cette identité bleue et blanc au-dessus de leurs ambitions personnelles. Ce ne sera pas facile ; les tiraillements naîtront ; les persifleurs et les détracteurs n'oublieront pas de viser les failles. A nous de tenir nos engagements et de faire la sourde oreille aux langues vipérines.

Vendredi 4 juillet

Mes amis de Lombez-Samatan-Club n'ont pas oublié de m'avertir : "Il y a un trois-quarts centre exceptionnel en minimes à l'école de rugby. Depuis Joël Dupuy, nous n'avons pas eu le même !" Les coordonnées tombent aussi vite. Surprise : il est de Simorre ! Simorre, c'est une petite bourgade du canton de Lombez, célèbre par son église fortifiée –allez la visiter – et…ses équipes de football. Le ballon rond est roi dans cette cité et j'ai souvent râlé, entraîneur du LSC, de ne jamais pouvoir découvrir la moindre graine de rugbyman sur ces bords de Gimone. J'envoie mes meilleurs limiers à la chasse de cette perle rare. "Recruter un minime !", j'entends d'ici les sarcasmes et c'est vrai, que dans notre dérive vers le football, cette démarche peut sembler inconvenante. Pourtant ? C'est la réalité pure, dure, logique du professionnalisme. Dans l'après-midi, j'apprends la mauvaise nouvelle : le "solitaire" de Simorre a signé au Stade Toulousain ; il évoluera, la saison prochaine, en cadets et sera entraîné par…Joël Dupuy ! J'en suis très heureux.

Samedi 5 juillet

Depuis hier, nous sommes une quinzaine à nous retrouver à l'Hôtel Sabrina de Super-Besse. Le stage –le 15ème de rang- a connu ses heures de gloire dans les années 90 : une quarantaine de participants, la plupart de haut vol, des intervenants de la plus haute qualité : Berbizier, Saisset, Villepreux –ordre alphabétique ! - …Depuis la tournée en Nouvelle-Zélande en 2004 – ma seule absence –trop d'avion- notre nombre s'est considérablement restreint mais je n'en reste pas moins fidèle à ce formidable rendez-vous de l'amitié. Il y a là Loulou, redoutable play-boy malgré la soixantaine bien sonnée, aux succès féminins plus nombreux que ceux acquis sur les terrains de rugby ; Christian, ancien pilier redouté des poêles des Alpes, imperturbable malgré les coquineries que les "petits" lui infligent ; Claude, notre homme de couleur, plus élégant tu meurs, ivoirien, normand, savoyard et maintenant suisse ! Pierre, Belge ! –comment peut-on jouer au rugby en Belgique ? – fonctionnaire de la Commission Européenne et donc meilleur défenseur du thon rouge que de la ligne d'avantage ; Christophe, le Gersois, formé en tant que coach au LSC, passé ensuite par Mauvezin, l'Isle-Jourdain et maintenant responsable de l'AS Fleurance, chère à Michel Courtès et Pierre Zachariades : Quels derbies puisque le LSC, l'USL et l'ASF seront dans la même poule ; Didier, 30 ans de Vitry, passé depuis 3 saisons au prestigieux Racing-Métro, toute la couronne à parcourir, P.B à admirer, le pied de Wisnieski à maudire mais l'espoir retrouvé avec l'arrivée de Jérôme Fillol ; Pascal, si profondément marqué par son éducation creusotine qu'il prend tout au premier degré ce qui lui vaut quelques désagréments de la part du clan des méridionaux ; Bernard enfin, le révolté perpétuel, pourfendeur de moulins à vent, les faux et les …vrais, insoumis éternel –vous devinez les difficultés que cela peut occasionner de nos jours – parti maintenant planter son ovale parmi les betteraves sucrières.

Nous sommes des amis et je me demande parfois si cette amitié si forte pourrait résister à une collaboration quotidienne à l'intérieur d'un club. En attendant, ce soir, ils ont trouvé le moyen de virer mon lit sur la margelle du balcon et de me planquer pantoufles, chaussures de tennis et de ville, crampons…, de quoi circuler en chaussettes pendant deux jours !

Dimanche 6 juillet

Le problème à Besse c'est qu'il pleut toujours ; quand il ne pleut pas, c'est le brouillard et quand vous n'avez ni pluie ni brouillard, et bien, il neige, même en juillet. Jeudi prochain, le Tour de France arrive dans la station. Comment les coureurs vont-ils faire pour ne pas se perdre ? Réception des stagiaires par Monsieur le Maire. Il reste optimiste à l'image de ces Bretons qui pendant une tempête vous proclame : "C'est un petit grain, ça va passer !". L'Auvergne, c'est l'A.S.M ! Du mal à encaisser la 9ème finale perdue. La conversation glisse sur les recrues : "Vous nous envoyez deux joueurs de chez vous, Debaty et Mignardi…Comment sont-ils ? Sachez que nous attendons beaucoup d'eux !"

Pour notre pèlerinage traditionnel à Notre-Dame de Vassivière auprès de la Vierge noire, mes tortionnaires ont daigné me restituer les chaussures de marche. La Vierge leur en saura grâce.

Lundi 7 juillet

Travail sur les nouvelles règles à partir de la vidéo du match de samedi dernier entre les Blacks et les Boks, à Wellington. Tout le monde connaît, par Super 14 interposé, l'essentiel des changements : l'écroulement des mauls, le nombre illimité des joueurs dans l'alignement, les touches rapidement jouées avec possibilité d'une passe vers l'arrière, les lignes de défense et…d'attaque à 5 mètres sur mêlées constituent la base des modifications. La règle de la transformation des coups de pied de pénalité en coups de pied franc sur fautes autres que les hors-jeu et le jeu déloyal ne sera pas appliquée dans notre championnat. Par contre, une passe à un joueur placé dans ses 22 mètres ne permettra plus à celui-ci de dégager directement en touche ; pour le faire, il faudra passer par un plaquage ou un ruck. Sur le premier match des Tri Nations disputé dans le froid et sous la pluie, peu d'enseignements majeurs. Nous attendions des touches rapidement jouées ; il n'y en a eu que deux…et aucune lors de la rencontre de Dunedin du 13 juillet.

Dans l'alignement, rien que du très classique : une seule touche à effectif réduit et pratiquement pas de surnombre défensif. Au stade Carisbrook, Matfield promu capitaine, va rectifier le tir multipliant habilement des touches à 3 et 5, désorientant les hommes de So'oialo qui vont commettre des fautes sanctionnées justement par M. Goddard. L'essai de Pietersen, toujours lors du second test, démontre tout le parti que l'on peut tirer maintenant d'une mêlée à 5 m mais la défense black nous a parue bien naïve sur l'action. Toujours est-il que Peter de Villiers que nous avons bien connu à Samatan, au printemps 1998 –Jantjes et Van Niekerk étaient déjà avec lui – a très bien su préparer ses joueurs aux changements. Maintenant l'exploit de Januarie rappelle qu'en rugby, il y a toujours place pour l'inspiration individuelle.

Mardi 8 Juillet

Joël Dumé vient à notre secours car le groupe commençait à désunir sur l'interprétation de certaines des règles. D'abord en salle, puis sur le terrain, l'ancien n°1 de l'arbitrage français devenu maintenant conseiller dans ce domaine, va réussir, par son savoir, mais surtout par sa pédagogie, à faire taire nos dissensions. Il nous apprendra que sur des mauls, l'écroulement à plusieurs sera autorisé. Même un effondrement avec un seul bras et le corps en opposition au sol sera licite bien que dangereux pour l'auteur. On pourra faire action sur un non-porteur pour effondrer le maul. C'est l'action avec les bras qui est primordiale. Il y aura écran avec les jambes mais ce n'est pas interdit. Par contre, il faudra agir uniquement sur la partie du corps entre les épaules et les hanches. Pas question d'agir sur la tête de l'adversaire ni de soulever un appui au sol. De plus, quand un joueur est au sol, par exemple l'écrouleur, il lui est interdit de jouer. Très important, la règle des 5 secondes disparaît en catégorie A et B et si l'équipe non porteuse se retire du maul, ce dernier continue. De même l'effondrement ne correspondra pas à un arrêt du maul sauf s'il emmène le ballon au sol et le transforme donc en ruck. Par contre, s'il y a désaxage, ce sera un second maul. Il s'agit là des clarifications sur les points 2 et 3. La semaine prochaine, nous irons sur les règles 4 et 5.

Mercredi 9 juillet

J'apprends que le 19 et le 20 juillet, à Gruissan, la plage des Chalets sera le théâtre d'un grand tournoi de Beach Rugby. Des joueurs pros seront de la partie. Je rêve d'une formation auscitaine constituée par Idieder, Menkarska, Marty, Bourrust et Montanella. Attention à vos côtelettes ! Par contre, les journalistes de Midi Olympique formeraient une équipe de haut niveau. La joie de voir Nicolas Augot se prendre pour son beau-frère – Arnaud Mignardi - Nicolas Zanardi prouver qu'un trois-quarts centre peut pousser à Grenoble, Grégory Letort qu'un Agenais peut attraper un ballon et que Marc Duzan démontre qu'on peut jouer derrière à Baïgorry. J'espère que les anciens Verdier, Piquemal, Gonzalez et surtout Souquet, leur donneront quelques conseils techniques sinon je crains le pire. De mon côté, bien qu'invité, je ne me déplacerai que si je suis sûr qu'Emilie Dudon et Myriam Périssat soient de la partie. Dans ce cas, je sais que je n'aurai pas tout perdu.

Jeudi 10 juillet

Arrivée du Tour à Super-Besse et grand soleil sur la station ! Hier encore, nous portions le K-way et deux pulls. Aujourd'hui place aux torses nus ! Depuis la veille, quel engouement et quelle fête ! Multitudes de camping-cars, de drapeaux nationaux, d'inscriptions sur la route. C'est toujours la fête. La montée qui nous fait tant souffrir quand nous empruntons des vélos est absorbée pratiquement au sprint par les coureurs pros. Notre auscitain, Portal, souffre mais s'accroche en bon Gersois. De mon côté, profitant d'un moment d'inattention de sa part, j'ai enfermé Pascal dans sa chambre, l'obligeant à regarder l'arrivée du Tour…à la TV. Juste vengeance pour mes pieds meurtris par des marches sans chaussures !

Vendredi 11 juillet

L'Express publie 15 pages sur les Gascons. Notre Gers me parait bien négligé. La Gascogne, c'est quand même, d'abord nous. Les autres ne sont que des périphériques que nous n'avons jamais voulu conquérir et encore moins imiter. Quelques oies de Fleurance, le château de Castelmore et les Romains ( ?) d'Eauze qui étaient avant tout des gaulois sauvent notre orgueil d'autant que le producteur d'Armagnac interrogé se trouve être des Landes ! Heureusement, un vieux paysan de Samatan nous sauve en terrassant Christian Millau : "Ici Monsieur, on ne voudrait pas changer parce que c'est un pays qui a du goût et du coeur…Nous autres, on ne sait pas d'où on vient parce qu'on a toujours été là. "Vivement que les Parisiens du Stade Français viennent se faire étriller une nouvelle fois à Jacques-Fouroux !

Samedi 12 juillet

A propos du Stade Français, Dave Vainqueur va nous quitter pour rejoindre Jean-Bouin et Dominici. Même si, trop souvent blessé, je n'ai guère pu apprécier le joueur, je vais regretter l'homme, simple, sensible, parfois d'un autre monde.

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