La chronique d'Henry Broncan

Par Rugbyrama
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Suite de la chronique d'Henry Broncan. Après avoir évoqué les bienfaits du rugby à 7 pour les quinzistes, le directeur du rugby agenais nous plonge dans une de ses sorties à vélo un peu particulières avec deux acolytes et nous fait partager le quotidien de ses vacances.

Mardi 14 juillet

Découverte de Gruissan en juillet car c'est mon premier 14 juillet au pied de la tour Barberousse : Privilège des coachs pros qui bénéficient de vacances en juin quand les autres sont au "turbin". Aujourd'hui, grand pont de la fête nationale aidant, on se bouscule Place des Menhirs et on joue des coudes sur le marché du vieux village. Place des chalets, le m2 de couverture de parasol ou de chaises longues se gagne aux aurores. Même le Grazel, d'ordinaire calme villégiature des grand-parents et de leurs petits enfants, fourmille, piaille, crie, désespérant les goélands et les mouettes de l'Ile aux Oiseaux .

Dans ces conditions, c'est avec joie que j'accueille la proposition de Jean-Louis, dirigeant du SUA, et de son inséparable beau-frère – ils sont mariés avec des jumelles mais ce sont eux qui ne se quittent jamais ! – d'une sortie liberté-VTT dans le massif de la Clape. C'est donc l'occasion de me retrouver au côtés de deux "indigènes" férus de culture locale, profondément Gruissanais – même si l'un est d'Agen et l'autre de Givors mais leurs épouses les ont choisis au bord de l'étang – qui vont me faire découvrir un paysage magique où la terre et la mer, le vert et le bleu jouent si bien aux dames.

Fort de mes entraînements de juin sur les bords de notre canal – c'est quand même autre chose que leur Robine ! – et des conseils de mes amis Vivi Salesse et Henri Roncari, spécialistes en management cycliste, je me suis senti capable d'affronter les deux locaux sur leur territoire même si, dans l'objectif proposé, il est question de gagner la chapelle de Notre-dame des Auzils, chevet ocre dans le vert des pinèdes et encore plus loin la "Vigie", impressionnante tour de guêt, assise tout là-haut sur le Pech dominant. J'aurais du me méfier : il faut toujours se méfier des autochtones. Par exemple, dans le Gers, si vous êtes un adepte du footing, ne vous laissez jamais entraîner par le jogger du pays dans un champ de maïs : vous commencerez par vous étouffer, ensuite vous vous enfoncerez dans la boue des arroseurs, enfin vous vous perdrez. Idem pour l'amateur de tennis ; si vous arrivez en vacances, cheveux pailles et visage pâle de ch'ti , c'est à 14 heures, quand le soleil est au zénith, que le joueur du cru vous invitera et vous infligera une première défaite doublé de votre première insolation.

J'aurais du me méfier de l'envergure de Jean-louis, là-haut en pleine chaleur ! C'est donc en toute confiance que j'aborde les prémices du parcours. Début agréable, Cers dans le dos, route roulante le long des salins de l'Ile St-Martin. Direction les Goules ; passage devant le Domaine Bel Evêque, tout sourire propriétaire Pierre Richard. Sur notre gauche, les étangs de l'Ayrolle et du Campignol. Première difficulté. Bon échauffement puis descente ardue mais les galants guides conseillent sagement le pied a terre pour éviter tout accident : des gentlemen ! Des aides-soignants ? Me croient-ils senior ? Par la Capoulade le temps se gâte ; nous gagnons la Clape et, dans les cailloux, nous attaquons la Goutine : Montée sèche du Rec d'argent, poitrine en ébullition, pédales en désobéissance ; à peine un regard sur la tour Barberousse depuis la Fontaine des Chevriers… Autour de nous les cigales crient à l'amour ? A la terreur ? Au parking bas de Notre-dame des Auzils, nous empruntons sur la droite la route forestière, la route verte. Des tas de cailloux sur une longue pente ininterrompue à 10 %, deux coups de pédales en avant, un en arrière… Christian et Jean-Louis trouvent le moyen d'augmenter le rythme ; coeur en chamade, jambes perdues, je décroche. Orgueilleux (gersois !) je me jure cependant de ne pas mettre pied à terre. Les deux aigles de la Clape m'attendent sur le plateau Notre-dame, à une centaine de mètres de la Chapelle, frais comme deux cigales. "Tu as fait le plus dur, la suite est tranquille !" Si prés de la Vierge des Auzils, je ne pense pas qu'ils aient osé me mentir. C'est donc sans doute mon propre épuisement qui me fera connaître les Marmites de l'enfer dans le final. Pourtant, à la Malemantide, une courte descente me redonne des couleurs, pas pour longtemps ; sur le plateau – un plateau qui monte toujours ! – les pins disparaissent, leur ombre avec ; place à la garrigue, aux chênes kermès et… au vent défavorable ! Même les cigales ne chantent plus !

Un bon quart d'heure après mes hôtes, j'atteins la vigie. Dans la baie vitrée, des pompiers se relaient, nuit et jour, pour surveiller les éventuels feux de forêt. Paysage magnifique depuis Sète et le Mont St-Clair à l'est jusqu'au Canigou au sud. Le littoral se déroule : le cap d'Agde, Valras, St-Pierre, Narbonne plage, Gruissan, Port la Nouvelle, Leucate, Le Barcarès… Le spectacle me requinque : on va bien voir dans la descente ! Nouvelle déception ; les deux kamikazes – l'un d'eux évolue sans casque ! – me lâchent dans le col de Vente Farial et filent dans les Caunes et vers Chauchole. La chaîne saute, j'évite deux cyprès, j'atterris dans un cep de vigne et pourtant il n'y a pas beaucoup de carrés de vigne dans la Clape !

Plus bas, c'est au château du Bouïs que je reprends goût à la vie : un air de jazz dans le soir comme une sirène rassure le cycliste désemparé. Plus bas, à l'Oustalet, je me souviens de la devise : "Ba sap qui 'n tosta" ("le sait qui goûte")… C'est vrai que j'ai goûté ! J'ai donc grimpé comme un "qataras" (un fainéant) et je suis descendu comme un "goullamas" (un maladroit).

Vers le final, je croise un cycliste dodelinant de la tête grise en train d'amorcer la montée : Monsieur le Maire en personne, Didier Codorniou à l'assaut de la montagne – forteresse… Si un jour, le Petit Prince me propose une sortie vélo, je lui demanderais de me laisser le soin de fixer l'itinéraire : Gruissan, Narbonne-Plage par les Aygades, le long de la piste cyclable… Rien que du plat… Comme sur notre voie verte !

Mercredi 15 juillet

Plage des chalets, restaurant du soleil : rencontre avec Bernard Jalbert préparateur physique du Maroc, tout récent vainqueur de l'Africa Trophy , après avoir battu le 8 juillet le Cameroun – Tchalé-Watchou n'était pas là mais N'gomo a fait très forte impression (quel trio de gauchers : Cabarry, Synaeghel, Arsene ! ). Et en finale, le 11 juillet, le Kenya faible devant mais vif à l'arrière. Cette victoire est une belle satisfaction pour le Président Bouhajed qui se bat de toutes ses forces pour relancer le rugby dans un pays traumatisé par son élimination dans la course à la qualification pour la coupe du monde 2011. Il lui reste à préparer d'ores et déjà 2015 !

En France, un peu partout, les clubs Pro ont repris, pour Agen c'etait lundi, pour Auch et Aurillac aujourd'hui. Pau et Grenoble ont devancé tout le monde.

Quotidiennement, le Midi Libre rapporte les efforts de Narbonne et de Montpellier alors que l'Indépendant n'a d'yeux que pour Perpignan. Jacques Brunel, coeur fortifié, est présent pour la reprise : les Gersois sont quand même des rudes !

Ce week-end, beach rugby sur deux jours à Valras : si j'étais sûr que Midol participait, je ferais bien un saut surtout si la vigie Nicolas Augot est sur le sable. Le samedi suivant, Narbonne et Montauban ouvre le cycle des matchs amicaux à Port la Nouvelle. L'occasion de faire une vingtaine de kilomètres à vélo entre l'Ayrolle d'un coté et l'étang de Bages de l'autre plus une visite à l'île Sainte Lucie avant de rejoindre le stade : pas une seule cote !… Et si je convoquais les deux acolytes sur le plat ? ! Et si je leur faisais du Cavendish à l'arrivée ?

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