La chronique de H. Broncan

Par Rugbyrama
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Comme chaque semaine, retrouvez la savoureuse chronique de Henry Broncan, le manager du SU Agen.

Jeudi 23 avril

La cathédrale de Chartres est bien la plus belle de France…juste après celle d'Auch, et le soleil de l'Eure et Loir est presque aussi chaud que celui de nos coteaux.

Initiative originale de Gérald Mayout s'appuyant sur le partenariat du groupe Parmentine : une journée de détection organisée par le SUA dans le comité du Centre. Idée judicieuse d'autant qu'elle permet d'économiser une partie des frais de déplacent pour les parents, et dans la conjoncture actuelle, ça ne peut être qu'un plus. D'ailleurs les familles sont venues nombreuses pour soutenir leurs progénitures ; des mines inquiètes, visages stressés, ongles rongés : pire que les bacs de mon temps ! Découverte de l'Entente Chartraine, club évoluant en Honneur après avoir connu la Fédérale 3. Stade agréable, 4 terrains de rugby au sein de l'ancien hippodrome reconverti, des bosquets, beaucoup de verdure, l'Eure aux pieds des tribunes coquettes, tout pour quitter les divisions régionales et s'inscrire durablement au niveau national mais voilà, dans ce département, s'occuper de l'ovale est beaucoup plus ardu que dans notre Sud-Ouest : 8 clubs de rugby dans le 28, soit moins que dans la seule agglomération agenaise, peu de spectateurs malgré la gratuité de l'entrée –moins d'une centaine de fidèles – école de rugby pourtant bien en place : plus d'une centaine de mômes – mais du mal à les conduire jusqu'en équipe 1 : les meilleurs filant sur Paris, Massy, Stade Français…les autres stoppant souvent la carrière en juniors : études, copines, travail au loin…Le Président Lavry en bon tarnais de Mazamet, le secrétaire général M. Harguindeguy en bon Basque de St-Palais, ne sont pas découragés et espèrent la montée pour la saison prochaine " De toute façon, on continuera… ".

Les gamins couvrent le Nord de l'hexagone : depuis Cognac au Sud-Ouest, en passant par St-Nazaire et Le Rheu puis Calais et Arras là-haut, Haguenau et Verdun à droite, la ligne gagne Oyonnax avant de revenir par Vierzon. Pas mal de Parisiens, 34 candidats au total. Combien d'élus ? 2 ou 3, c'est pire que le CAPES ! Le club local a mis à notre disposition ballons, plots, boucliers et surtout 3 éducateurs. De mon côté j'ai " récupéré " mes copains de Besse : Chevalier entraîneur heureux car l'Aigle est maintenu après sa victoire sur Rennes ainsi que Bernard Ringuet, saison passée chez les betteraviers de Pithiviers, écrivain à ses heures –voir blog -- un des chercheurs parmi les plus perspicaces des mystères de l'Ovale. 4 ateliers : contact, passes, jeu au pied et le sempiternel 2 contre 1, occupent les ouailles de Francis Portes avant qu'une opposition ne termine l'étalage des qualités ; goûter offert par Parmentine avec le petit sac de pommes de terre en cadeau en sus des pruneaux de Maître Prunille, dons du SUA. Chacun s'en va de son côté ; les résultats seront connus dans une quinzaine de jours. Question a une maman des Flandres dont le fils de 16 ans a fait bonne impression :

- " Et vous allez le laisser partir à Agen ?

- Nous avons pris notre décision ; si vous le voulez, nous vous le confions. "

Un peu plus loin, un jeune gaillard également cadet, dreadlocks, sac à dos et pataugas :

- " Où sont tes parents ?

- Je suis venu tout seul, de Lorraine avec le train et là, je repars…Je veux jouer à Agen ! "

Vendredi 24 avril

La presse gersoise annonce le rugbython d'Auch. Gérard Holtz, l'ami intime de Philippe Martin, s'est proposé pour animer la soirée. On annonce aux enchères son vélo mais aussi des maillots de Kelleher, Carter, Lagisquet, etc…Côté SUA, trois tuniques : celle de Daniel Dubroca, celle de Rupeni Caucaunibuca – idée de Stéphane Rongière - et enfin celle de Murray Mexted offerte par Henri Cazaubon. Le capitaine All-black a porté le maillot du SUA à deux reprises autour de l'année 80 ; il a surtout revêtu la fougère à 72 reprises. Les génrations actuelles s'en souviennent-elles ? Henri me confie que lors du premier match disputé par le Néo-zélandais –c'était à Auch- il fit connaissance avec une pâquerette du Moulias particulièrement malfaisante.

Samedi 25 avril

Sans complexe, le Stade aurillacois descend du car et monte à l'abordage sur Armandie, la tête humide mais le coeur au chaud. N'ayant rien à perdre, les Cantalous avec leur 9 lanceur, leurs écrans minutieux, leur mêlée en difficulté mais des sorties de balle rapides, leur alignement bégayant mais des anticipations subtiles gênent la maison bleue un peu fatiguée par l'accumulation des rencontres. Si Bourlon ne réussit pas son 100% habituel, Romain Sola puis Jérôme Miquel lui donnent la leçon et puis…Rups marque l'essai attendu de tous, incroyable " savonnette " au milieu de la moitié des joueurs visiteurs. En seconde mi-temps, il nous gratifie d'un ramassage impossible pour un autre que lui et décale Duplessis ; Daniel joue à la perfection le coup pour Yohan Huget…Caucau, Huget, Vaka, Fonua et Edmond-Samuel, le sens de la ligne, bien mis sur orbite par le travail obscur mais efficace de leurs camarades en particulier la plus jeune première ligne de France : Cabarry 24 ans, Ponneau 22 ans, Anton 22 ans et la plus jeune seconde ligne également : Lagrange 22 ans, Lassalle 22 ans ! Que de la joie sous l'eau !

Dimanche 26 avril

Retour dans le Gers, plus précisément à Vic-Fezensac où nos cadets affrontent en 8ème de finale leurs homologues du Stade Toulousain entraînés par un de mes anciens chouchous Joël Dupuy. Tant de souvenirs avec le " petit Prince " de la côte de Saint-Soulan, arrière du LSC, à 18 ans à peine. La montée en groupe B avec une équipe formée essentiellement par des élèves du collège de Samatan, la finale manquée à Rodez face à Montélimar animé par l'énorme Biau, Joël caché aux Aréous pour réviser son Bac à l'écart des agents recruteurs, l'année suivante, la montée en groupe A avec lui en moteur essentiel, Pierre-Brocas et Paul-Vignaux pleins jusqu'à la Save pour recevoir l'AS Béziers, le Stade Toulousain, Brive, Bagnères, Mont de Marsan… Au printemps 86, on laissera filer l'enfant prodige et c'est le Stade Toulousain si proche et au jeu déjà si élaboré qui remporta le pompon. Je me souviendrai toujours de ce match de fin de saison disputé à St-Christophe de Masseube où le lycée Agricole avait invité le FC Auch et le LSC à disputer " amicalement " le titre de Champion du Gers. A la réception, un très haut ponte de la FFR était venu me trouver dans l'encablure d'une fenêtre : " C'est vous l'entraîneur de Joël Dupuy ? …C'est vous qui l'envoyez au Stade Toulousain ? Et bien, il ne sera jamais international ! "

Joël ne dépassera jamais le statut de France B mais il gagna deux finales. Il restera fidèle aux rouges et noirs, naviguant entre les Espoirs et les Cadets pour entraîner, aimé de tous, oeil du Stade pour le recrutement des meilleurs jeunes du Lombez Samatan Club : les Roumiguié, Chauché, Suderie, Dilhan et dernièrement le jeune Lacroix nous concurrençant sur la zone d'influence auscitaine. Nous échangeons souvent et cette adversité n'a jamais altéré –au contraire !- l'amitié qui nous soude depuis notre rencontre en…1972 : il faisait partie d'une équipe de poussins championne du Gers ! Ils s'appelaient Malet, Briscadieu, les Soula, Miquel, Janotto, Carde, Barrère…

Aujourd'hui, c'est encore lui qui va gagner, ses protégés s'imposant 13-5. Mes petits Agenais ont pourtant donné le meilleur d'eux-mêmes mais l'oubli de tenter une pénalité, 20m face aux poteaux, à 15' de la fin et par la suite, le refus d'un essai, semble t-il valable n'ont pu nous permettre de franchir le cap des huitièmes, le Stade n'a cependant pas usurpé son succès : un ouvreur en réussite au pied à 100%, une bonne mêlée, beaucoup de replacements –la patte de Joël – A l'arrivée, malgré une pluie continuelle, un match de haut niveau et quelques larmes dans les vestiaires. Pourtant, sans aucune bribe démagogique, j'ai félicité les bleus et blancs : leur volonté jusqu'auboutiste, leur combat dans les rucks m'ont séduit : ils feront de bons et braves rugbymen.

Lundi 27 avril

Texto de mon Président du Conseil Général : " Henry, samedi soir, on a fait un " truc " dont tu aurais été fier…En toute amitié. ". Et après la réponse de ma part, je reçois du même expéditeur " Et comme le LSC monte en Fédérale 1 et a gagné le Challenge de l'Essor…je crois de nouveau à notre bonne étoile ".

Sur la route de la Baïse, l'épicier de Beaucaire, la gare de St-Paul, le piège de Pléhaut, l'Amirauté de St-Jean-Poutge, le boulanger du Brouilh, le château de Mazères pouis celui de l'Isle de Noë, les serres de Lamazère, l'entreprise de Compans, la Chapelle de Laffite, les Pins des Cigales…

Même sous la pluie ininterrompue, le Gers a retrouvé le sourire !

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