La chronique de Pierre Villepreux

Par Rugbyrama
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Cette semaine, notre expert Pierre Villepreux revient sur la règle plaqueur-plaqué dans les rucks et son évolution.

Les nouvelles règles interpellent la vieille Europe très ancrée sur ses convictions. Particulièrement la règle plaqueur-plaqué et le post plaquage. Les nombreuses situations de ruck (en moyenne 150 rucks par match) que celle-ci procure sont aujourd"hui au coeur du débat tactique puisque la permissivité que les arbitres ont au fil des années concédée aux joueurs ne leur permet plus à ce jour d"arbitrer les nombreuses fautes que cette phase génère.

Il ne s'agit pas de les répertorier de manière exhaustive, mais plutôt de comprendre que si elles se cumulent et ne sont pas sifflées, c'est dans un esprit positif, à savoir, assurer la vie du ballon donc la continuité du jeu. L'arbitre, dans cette phase "chaotique" fait forcément un tri subjectif en fonction de la situation momentanée et des chances de voir le jeu se continuer favorablement. C'est en ce sens que lui a été accordé le droit de dicter aux joueurs comment se comporter quand lui-même apprécie que l'on est entré dans la situation de ruck. La contestation du ballon est alors impossible pour les défenseurs.

Il n'est pas inutile de rappeler que la règle du ruck est une phase où un ou plusieurs joueurs de chaque équipe sont sur leurs pieds, au contact et entourent le ballon lui-même au sol.

A des fins de simplification, cette définition a été étendue à la situation de plaqueur-plaqué. Pourquoi pas ? Mais cela se complique puisqu'il est demandé aux joueurs, pour que le ruck soit réglementaire, que non seulement les joueurs soient sur leurs pieds mais qu'ils ne doivent pas avoir la tête et les épaules plus basses que les hanches, ce qui n'est que très rarement respecté. Je ne parle pas des déblayages et autres entrées et positionnement illicites que développe cette phase.

A des fins de continuité, la tolérance est de rigueur et l'arbitre, pour éviter d'accepter de voir les fautes se multipler, rend la situation plus claire "en décrétant" le plus rapidement possible que de ruck est constitué. Ceci impliquant pour les défenseurs de ne plus contester la balle avec les mains. Le "hand off" des arbitres British devenant pour les défenseurs significatif puisqu'on délaisse la zone de ruck, devenue zone de non contestation, pour se distribuer latéralement créant les conditions d'un rapport de force favorable à la défense.

De nombreux essais entachés de fautes dans la phase plaqueur-plaqué-ruck ont conduit à des essais. La visibilité est aujourd'hui devenue difficile dans cette phase pour les arbitres - bien sur aussi pour les joueurs - et forcément les spectateurs. Elle devient pour les entraîneurs un lieu privilégié d'analyse donc forcément aussi de contestation arbitrale, puisque la subjectivité est rigueur.

Cette règle du ruck n'étant pas respectée, il convenait de l'aménager. Pour la clarifier et la rendre plus arbitrable, la commission IRB planchant sur l'évolution des règles propose de donner à la défense le droit de contester la possession du ballon avec les mains à condition d'être debout et d'être entré par la porte définie par le plaqueur et le plaqué (conditions qui existent dans le jeu actuel mais qu'il s'agira d'appliquer rigoureusement, ce qui n'est pas le cas.)

Cette possibilité de contestation du ballon dans la phase de ruck est d'autant plus intéressante pour la défense qu'elle bénéficiera, si le ballon devient injouable, de l'attribution du ballon sous forme de coup franc donnant le choix de - jouer vite ou mêlée – celle-ci devenant particulièrement intéressante puisque les joueurs (sauf le demi de mêlée) non impliqués dans la mêlée se doivent de se placer à 5 mètres des pieds du dernier joueur participant.

En donnant à la défense plus de possibilités pour contester et récupérer le ballon, on conçoit logiquement que cet intéressement devrait mobiliser plus de défenseurs dans la zone plaqueur plaqué, ce qui du même coup devrait profiter aux attaquants qui verraient le rapport de force se modifier favorablement sur les mouvements successifs au large.

Pour les arbitres, plus contraints de dicter aux joueurs leurs comportements,cette phase devient plus lisible, puisque seuls, les hors jeu et le jeu déloyal donneront lieu à des pénalités et à des coups francs pour les autres fautes. Le degré de subjectivité arbitrale est très amoindri même si l'aspect subjectif existera encore sur le temps accordé pour libérer le ballon et décréter qu'elle devient injouable.

Cette règle plaquage-ruck n'a pas été testée au plus haut niveau (Super 14). En revanche dans les compétitions moins relevées où elle a été mise en application avec toutes les autres règles, l'évaluation faite par joueurs, arbitres et entraîneur s' est avérée largement positive. Le plaisir pris pour les pratiquants de pouvoir jouer avec les règles qui leur conviennent me semble également déterminant.

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