La chronique d'Henry Broncan

Par Rugbyrama
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Retrouvez "Les pas perdus d'un coach", la chronique d'Henry Broncan qui revient cette semaine sur la défaite du SUA à Limoges.

Samedi 15 mars

Le centre Chéops à Limoges, un établissement aux mains du Conseil Général de la Haute-Vienne : une réalisation remarquable conçue pour accueillir séminaires, stages, entreprises, étudiants, sportifs... Tout est étudié afin que le séjour soir le plus performant possible. Nos adversaires de l'USAL pour préparer la rencontre : "le premier des douze rounds" qui devait leur permettre d'éviter la descente, ont passé 3 jours ici en début de semaine ; un terrain de rugby et deux gymnases sont intégrés dans les locaux. Ces derniers nous renvoient vers l'Egypte antique : blocs Cheops, Chephren, Mykerinos, salles de réception Râ, Osiris, etc... Le tout, impeccable et fonctionnel. C'est ici, la saison passée, que le FCAG avait minutieusement préparé sa rencontre face aux limougeauds. Nous venions de chuter douloureusement au Moulias contre Lyon et nous avions besoin de nous rassurer. Là aussi, les locaux, alors dirigés par Marc Dal Maso, le bienheureux entraîneur actuel du stade montois, jouaient leur maintien. Une équipe d'Auch altière, efficace et vive allait s'imposer largement, obtenant le bonus offensif en inscrivant 4 essais ; je me souviens surtout du premier inscrit par mon ouvreur de poche Frédéric Couzier, l'enfant de Nougaroulet, jouant à trappe-trappe avec la défense rouge et bleue.

Dans le bus, nous écoutons le multiplex Sud-Radio retransmettant les rencontres du Top 14, avancées à 15 heures à cause de Galles-France. C'est bien sûr l'opposition Auch-Castres qui retient mon attention. Je devine, la vitesse d'exécution des tarnais dans le sillage de Tony Lagardère, cet ouvreur toujours en train d'attaquer la ligne d'avantage ; je ressens également la volonté auscitaine de soumettre les hommes du Gaillard, dans les phases de mêlées et de mauls. Les Menkarska, Bortolussi, et Idieder dominent Romain Terrain - encore un ancien du FCAG, formé à Riscle, un bosseur insatiable - et surtout les deux internationaux néo zélandais Hoeft et Meews. Si nos deux piliers sont maintenant reconnus dans l'hexagone, je trouve qu'on oublie trop souvent leur talonneur : certes Sébastien n'est pas un grand lanceur - cet exercice non seulement l'ennuie mais le bloque - mais c'est bien la tête de proue de la mêlée auscitaine ; les joueurs cités ci-dessus mais aussi Montanella, Bourrust, Barcella ne seraient rien sans l'agriculteur d'Escorneboeuf. A l'ouverture, le coach gersois a replacé Vincent Cortes, encore un produit de l'école de rugby du LSC et du collège de Samatan. Grâce à son pied travaillé longuement à Pierre Brocas et Paul Vignaux, il maintient ses partenaires aux basques des castrais mais le volume de jeu de ces derniers finit par creuser largement l'écart. Je devine le retour aux vestiaires des équipiers de Stéphane Saint-Lary qui ont, encore une fois, tout donné mais qui ne peuvent que s'incliner devant plus forts : le pot de terre contre le pot de fer !

A Jean Dauger, Luciano Orquera entame son festival hebdomadaire avant de devoir quitter le terrain. Les Bayonnais refont peu à peu leur retard avant de remporter la victoire grâce à un essai de l'ex-auscitain et... agenais, Nicolas Laffitte... A Ernest-Wallon, l'USD s'effondre, en seconde mi-temps, face au Stade Toulousain : Manu Ahotaeiloa n'inscrit pas d'essai mais le trois-quarts centre retrouve certainement des couleurs perdues chez nous. A Montauban, Bourgoin pourtant vite en action, cède pour la joie de Sapiac. Hier au soir, j'ai apprécié la performance de Correia face à Lecouls puis Bourrust et j'apprends que lui aussi est passé par le SUA ! De son côté, je souhaite à Benoît de se reprendre vite. Franck m'appelle : "Je crains le pire à Michelin"... Ses appréhensions sont confirmées le lendemain.

A 18 heures, c'est le Millenium ; il y a 40 ans, à l'Arms Park, grâce à une modeste sélection de remplaçant en équipe de France universitaire, j'avais assisté au Grand Chelem des compagnons de Christian Carrère. C'est un très beau souvenir mais plus que la victoire française, c'est l'engouement du peuple gallois - beaucoup de femmes déjà ! - qui m'avait marqué. Nous avions passé aussi une nuit magique dans les pubs de Cardiff même si l'un de nos équipiers avait perdu un peu de sa langue sous une dentition féroce. Aujourd'hui, fidèles à leur nouveau projet de jeu, les "coqs" n'hésitent pas à déplier leurs ailes depuis les 22 mètres mais la défense inversée des rouges les gêne considérablement. De plus, à ce jeu-là, les avants s'usent d'autant qu'ils consomment inutilement beaucoup trop de joueurs dans des rucks où leurs adversaires se contentent de les regarder se coucher au sol. Défaite logique et confirmation que ce tournoi était bien celui de la transition. La Presse pardonne pour le moment : attention à 2009. Fabien Barcella confirme le Stade de France, en mieux même, mais je ne peux apprécier ce ballon perdu face à la mêlée galloise lors d'un moment encore clef du match. J'ai appris sa signature à Biarritz tout comme celle d'Idieder à Brive. Les piliers auscitains font recette dans l'hexagone ovale mais je rappelle que la perle opère au milieu d'eux ; mais comment faire sortir le paysan de son silence et du Gimontois.

Dimanche 16 mars

A l'entrée de Beaublanc, une plaque me semble t-il récente : "Site Georges Guingouin, Maire de Limoges de 1945 à1947". Quel destin que celui du chef de la Résistance dans le Limousin, décédé presque oublié en 2005 dans l'Aube. J'ai envie de parler à mes joueurs du "premier maquisard de France...le fou qui vivait dans les bois". Seront-ils intéressés ?

La résistance d'une modeste mais vaillante équipe limougeaude désarçonne des Agenais pourtant maîtres du jeu dans le secteur des avants. Des fautes de main innombrables, des déficiences au plaquage, des "bourdes" stratégiques - la pire : une pénalité jouée à la main, cinq mètres face aux poteaux - et, malgré une occupation du terrain à sens unique, voilà nos maîtres es rugby, une nouvelle fois en échec. Tant que nous ne nous comporterons pas en équipe, nous poursuivrons ce chemin de croix pavé de désillusions. Dans ce désert de certitudes, je me sens le premier responsable. Comment me suis-je laissé noyer dans les compromis, pire dans les compromissions ? Comme le dit mon ami TH. V. de L. : "Maintenant, tu boites de l'intérieur..." Heureusement, je sais qu'autour de quelques joueurs fiers de porter le maillot du SUA, nous allons rebâtir. En attendant Béziers, souverain, se profile à l'horizon du prochain week-end. Olivier Saisset a pétri une armada invincible à la Méditerranée.

Lundi 17 mars

Agen a changé de premier magistrat. Alors que la France se retrouve avec des idées de gauche, que le Conseil Général de Lot-et-Garonne vire au rose, le chef-lieu rebascule à droite. Une amie - battue - lâche : "Les Agenais ne font jamais comme tout le monde. En 2001, lors de la grande vague bleue, ils avaient opté pour une nouvelle municipalité rose et maintenant...". Côté Gers, le président du Conseil Général conforte sa forte majorité et l'ex troisième ligne de Condom, du Racing et du FCA, Franck Montaugé, s'installe au fauteuil de Claude Bétaille. Le Parti Communiste retrouve des couleurs : "Pour te consoler, Habas a gagné et le P.C est bien vivant"  m'écrit Tony. Il oublie de m'annoncer que son club favori, l'U.S Tyrosse a bel et bien perdu à la Fougère, contre Colomiers. Dans le duel des deux grands clubs de la Save, l'USL largue un peu le LSC mais les copains de Bernard Molé n'ont pas tiré leur dernière cartouche. Sur Agen, les élections permettent de ne pas trop s'étaler sur la contre-performance du Sporting mais les vrais supporters sont en plein doute. Quelques joueurs sont malheureux, pas tous !

Mardi 18 mars

L'ASM annonce la signature de Vincent Debaty et d'Arnaud Mignardi. Les deux joueurs ont eu l'honnêteté de me tenir régulièrement au courant de leurs tractations. Je regrette le premier aux moyens physiques hors normes mais beaucoup trop naïf dans le secteur mêlée ; j'aurais vraiment aimé le faire travailler une saison supplémentaire dans ce domaine. Quant au second, chacun sait, ici, qu'il est mon protégé depuis qu'il est devenu mon élève au Collège Carnot : un "bouillant" sur les terrains de sport mais aussi dans les salles de classe. Par la suite, je dus intervenir également au lycée Pardaillan pour calmer un professeur d'économie qu'il avait poussé à bout. Côté bons souvenirs, je retiendrai son premier match en Top 16, à 18 ans à peine sonnés, sa "paumelle" à Stéphane Glas ; sur l'action, Jean-Baptiste Dambielle avait marqué un essai qui nous avait permis de mener à la mi-temps, à Jean-Bouin stupéfait : Un grand moment de bonheur. Je crains que les fraîcheurs de l'Auvergne ne soient pas toujours du goût de l'enfant de la place de la cathédrale et du village de Preignan. Nous attendons de sa part une très bonne fin de saison avec le SUA : "Partir par la grande porte".

Mercredi 19 mars

Une amie qui se veut très au fait des choses du rugby me téléphone : "Tu as vu, il y a sept équipes de rugby chez les handisports et parmi les joueurs Adrien Chalmin, l'Espoir de l'ASM". Un peu plus tard, un texto pour qui ? Pour quoi ? : "...Ose ta vie, toi seul la vivras..."

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